Publié le 7 mai 2018.
1/4. Du 7 au 11 mai 1948, les Européens se réunissent au congrès de La Haye pour lancer la construction européenne. A l’occasion de ce 70e anniversaire, le Mouvement Européen – France vous propose une série d’articles consacrés au congrès et à ses suites politiques.
Entre les 7 et 10 mai 1948, le Congrès de l’Europe à La Haye réunit plus de 700 participants. Ils sont les pionniers du combat pour l’union des pays d’Europe, voire pour la création « d’Etats-Unis d’Europe », à la suite de la seconde guerre mondiale.
Les Etats généraux de l’Europe au Congrès de La Haye
Ils répondent alors à l’appel du Comité International de coordination des Mouvements pour l’Unité européenne—devenu en octobre 1948 le Mouvement Européen—qui réunit des organisations aussi diverses que l’Union des fédéralistes européens, l’United Europe Movement de l’ancien Premier ministre Winston Churchill ou encore la Ligue indépendante de coopération européenne de l’ancien Premier ministre belge Paul van Zeeland.
Le polonais Józef Retinger, Secrétaire honoraire du Comité, détaille l’objectif dans une invitation à l’intention de tous les partisans du projet européen : « l’objet du Congrès est d’affirmer avec éclat l’urgente nécessité d’une plus grande unité entre les pays de l’Europe et de soumettre aux gouvernements les moyens pratiques d’y parvenir ».
Le Congrès réunit des responsables politiques, des syndicalistes des journalistes, des intellectuels au sein de plus de 20 délégations nationales, dont la France et la Grande-Bretagne sont les plus importantes. Trois commissions – politique, économique et sociale, culturelle – structurent les travaux. L’ancien président du Conseil des ministres français Paul Ramadier, l’ancien Premier ministre belge Paul van Zeeland et l’ancien diplomate espagnol Salvador de Madariaga les président respectivement.
Imaginer les modalités de la construction européenne : vers le Conseil de l’Europe
Le Congrès de la Haye milite pour la création de « l’Union ou la Fédération » dont le but serait « d’assurer la sécurité des peuples qui la composeront ». La résolution politique finale « déclare que l’heure est venue pour les nations de l’Europe de transférer certains droits souverains pour les exercer désormais en commun ».
La création d’une Assemblée Européenne, la rédaction d’une Charte des Droits Fondamentaux et l’institution d’une Cour Suprême Européenne comptent parmi les principales demandes concrètes du Congrès. Elles seront suivies par la création du Conseil de l’Europe via le Traité de Londres en 1949 avec en son sein une Assemblée parlementaire. Les Etats membres signeront la Convention européennes des Droits de l’Homme en 1950 et la Cour européenne des droits de l’homme veillera à son respect à partir de 1959, dix ans plus tard.
La création du Centre européen de la culture et du Collège d’Europe à Bruges constitue deux autres réalisations consécutives du Congrès, résultant des propositions formulées en commissions. Le Mouvement Européen – International verra lui le jour en 1949 pour pérenniser l’action du Comité de coordination.
Sur le plan économique, le texte « assigne dès à présent pour mission à l’Europe Unie, la réalisation progressive de la démocratie sociale dont l’objet est de libérer l’homme de tout asservissement et de toute insécurité économique ». Des valeurs que l’on retrouvera au fil des articles du Traité de Rome, signé en 1957 et héritier des valeurs de La Haye.
Un message pour l’unité européenne
Les participants publient un message aux Européens et déclarent solennellement leur désir d’une Europe unie : « Tous ensemble, demain, nous pouvons édifier avec les peuples d’outre-mer associés à nos destinées, la plus grande formation politique et le plus vaste ensemble économique de notre temps. Jamais l’histoire du monde n’aura connu un si puissant rassemblement d’hommes libres. Jamais la guerre, la peur et la misère n’auront été mises en échec par un plus formidable adversaire. »
Aux recommandations déjà listées dans la résolution politique du Congrès, les signataires ajoutent également le besoin d’une Europe « rendue dans toute son étendue à la libre circulation des hommes, des idées et des biens ».
Paul Ramadier reviendra sur les principales revendications du Congrès à travers une tribune parue dans L’Aveyron Libre et intitulée « Vers l’Union européenne ». Il commente – en d’enthousiastes majuscules : « IL APPARAÎT AUJOURD’HUI QUE L’AME EUROPÉENNE A VIBRÉ, QU’UN MAGNIFIQUE ESPOIR DE LIBERTÉ ET DE FRATERNITÉ INTERNATIONALE S’EST LEVÉ. »