Voies d’Europe Rencontres franco-allemandes en Languedoc

© Photos : Océanides Production, W. Böttner, L. Sala, E. Léoni.

Auteur collectif.
Préface de Heinz Wismann.

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Tenu pour essentiel à la construction européenne et officialisé par les traités d’amitié de 1963 et 2019, le lien franco-allemand se vit aujourd’hui au quotidien. Des ressortissants des deux États travaillent, échangent, créent, se forment, éduquent dans le pays de l’autre. Par leur mobilité, leur esprit d’ouverture, ils défrichent un chemin citoyen commun que l’Europe doit désormais emprunter. Né d’un appel à projets du Fonds citoyen franco-allemand, Voies d’Europe Rencontres franco-allemandes en Languedoc illustre à travers un court-métrage documentaire les bénéfices de cette relation privilégiée et prolonge par un livret pédagogique l’exploration des vécus interculturels de celles et ceux qui en ont témoigné.

Sommaire

Préface

Les expériences rapportées et commentées dans ce volume, tout en faisant valoir la pertinence de l’engagement franco-allemand, s’inscrivent résolument dans une perspective européenne. Qualifiées de citoyennes, elles se situent à la fois en-deçà et au-delà des fonctions dévolues aux instances représentatives de l’Europe. En-deçà, dans la mesure où elles restent centrées sur des initiatives individuelles, au-delà, parce qu’elles incarnent des aspects essentiels d’un projet collectif. Conçue après la Seconde Guerre mondiale comme un espace inédit de solidarité économique et politique, garantissant la paix et la prospérité au-dedans et protégeant contre les menaces venues du dehors, la Communauté européenne, rebaptisée l’Union, se réclame en même temps d’un héritage censé préfigurer l’intégration effective, c’est-à-dire socio-culturelle, des peuples qui décident de la rejoindre. Cependant, il n’est pas aisé de cerner la portée réelle d’une telle revendication, qui a plus d’une fois changé de sens au cours des siècles. Le discours sur l’identité européenne sonnera creux tant qu’il ne parviendra à se doter d’un contenu identifiable. Or aucun des traits substantiels qu’on a pu retenir n’échappe à l’objection de figer une réalité essentiellement mouvante. C’est que l’Europe n’est pas une réalité donnée, inscrite dans l’ordre naturel des choses, mais une création humaine, réalisée par les habitants, autochtones ou immigrés, du minuscule promontoire de l’immense continent asiatique qui a reçu le nom d’Europe. Cela ne veut pas dire qu’il n’y ait pas des réalités européennes, mais celles-ci sont toutes des réalisations historiques, soumises aux vicissitudes du temps, se trouvant tantôt abandonnées (les vestiges), tantôt conservées en l’état (le patrimoine), tantôt reprises d’époque en époque comme gages d’un avenir à construire (les traditions). Quand on les met en perspective, c’est un certain esprit qui s’en dégage, à la fois principe de pensée et principe d’action, dont il convient de saisir la spécificité, afin d’identifier ce qu’il y a d’européen dans les réalités européennes. Pour le dire autrement, l’Europe n’est pas issue d’un germe, mais née d’un geste de rupture (« krisis » en grec ancien, dont dérivent les notions de crise et de critique), qui trouve son expression symbolique dans le mythe du rapt d’Europe, fille d’un roi d’Asie Mineure, que Zeus transformé en taureau enlève à sa famille pour s’unir à elle dans l’Île de Crète, patrie des premiers « Européens ».

Cela dit, le paradoxe d’une identité sans substance, synonyme de son propre dépassement, appelle une réflexion plus approfondie. Comment imaginer en effet un rapport à soi qui s’enracine dans la séparation d’avec soi et s’accomplit dans la figure d’une distanciation virtuellement infinie ? Il ne suffit probablement pas d’insister sur la puissance d’innovation de cette négativité constitutive, sans s’interroger sur le sens du déplacement qu’elle opère. À s’en tenir au mythe, l’Europe s’affirme en se détachant de l’Asie, dont elle n’est au départ qu’un simple prolongement. Le rapt commis par Zeus marque le début de son émancipation historique. C’est pourquoi Hérodote veut y voir non seulement la cause première d’une vendetta familiale qui, de Troie à Salamine, oppose les Grecs aux Perses, mais aussi la matrice symbolique d’une libération radicale de toute forme d’assujettissement inscrit dans l’ordre immuable de la Nature. Même si la liberté conquise reste menacée de l’intérieur, dans la mesure où l’atavisme de la soumission favorise le rétablissement des structures primitives du pouvoir, le souvenir des exploits anciens entretient une distance critique à l’égard des contraintes du moment et incite les consciences à secouer le joug de leur servitude intempestive. Que les crises récurrentes qui en résultent touchent la sphère politique au sens étroit ou bouleversent la vie sociale dans son ensemble, en affranchissant notamment la créativité scientifique et artistique du despotisme de la convention, elles ont ceci en commun qu’elles préparent l’avenir en mobilisant le passé contre les pesanteurs du présent. Cette stratégie de survie n’a rien à voir avec un quelconque retour en arrière, car elle n’oblige, pour ainsi dire, à reculer que pour mieux sauter. En s’emparant d’un héritage délaissé par son époque, la conscience insurgée vise avant tout à dégager la portée utopique du sens qui s’y annonce. Au lieu de perpétuer la tradition, elle cherche plutôt à la transposer dans une constellation entièrement nouvelle. Et comme il s’agit moins de restaurer que de faire renaître, l’opération porte, justement, le nom de renaissance. L’identité européenne se confond ainsi avec la trajectoire de ses renaissances, tracée par la réappropriation incessante de l’élan qui l’emporte au-delà d’elle-même.

Si l’idée de l’Europe s’écarte de toute forme d’identité figée, elle se réalise de manière exemplaire dans les tendances dynamiques de sa culture. La multiplication des ouvertures, des points de vue et des lignes de fuite ne l’empêche pas de rester elle-même, car c’est le mouvement qui l’incarne et non pas telle ou telle de ses configurations historiques. Aucune époque, aucun pays et à plus forte raison aucun groupe ni aucun individu ne peut se prétendre dépositaire de l’esprit européen. Seul compte l’élan de liberté qui, en s’affranchissant du poids des habitudes, renouvelle la donne et ouvre le chemin de la renaissance. Née d’un geste de rupture, l’Europe n’appartient qu’à ceux qui osent la réinventer.

Heinz Wismann

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Introduction

Quatre histoires de réussites, de partenariats aboutis entre des citoyens d’Occitanie et leurs homologues allemands, tel est le contenu du documentaire vidéo Voies d’Europe Rencontres franco-allemandes en Languedoc, que vient prolonger ce livret.
Tout a commencé lors de l’anniversaire des Traités de l’Élysée et d’Aix-la-Chapelle, l’un signé le 22 janvier 1963 par Charles de Gaulle et Konrad Adenauer, l’autre le 22 janvier 2019 par Angela Merkel et Emmanuel Macron pour confirmer, dans une visée de construction européenne, l’importance des relations d’amitié franco-allemande renforcées par les initiatives de la société civile. Le Fonds citoyen franco-allemand, créé à cette dernière occasion, a lancé un appel à projets auquel le Mouvement Européen Hérault (ME-F 34) et l’association franco-allemande du Pays de Sommières (FAPS) ont répondu en proposant une double approche de la vitalité de ces relations : un film court illustrant la diversité des expériences vécues en Languedoc et une visioconférence, « Vivre le franco-allemand en 2021 », élargissant les témoignages et les analyses de part et d’autre.

Des parcours variés

Dix heures de tournage ont donné lieu à un film de 11 minutes. Les six témoins choisis présentent des parcours et des profils générationnels variés tout en ayant un point commun : l’attention portée à l’environnement et sa préservation. Chez l’artiste allemand Jürgen Schilling, c’est le paysage du Minervois ; avec Bertrand Féraut, paysan et président de coopérative agricole à Saint-Gilles-du-Gard, c’est une filière de production et de distribution bio équitable ; pour Phil-Oliver Ross, professeur de Génie industriel bois d’origine allemande, et la lycéenne Léa, en terminale de baccalauréat professionnel « Construction bois » à Beaucaire, c’est l’ouverture internationale permise par les échanges scolaires ; à Villeveyrac enfin, deux jeunes éco-volontaires, la Française Estelle et l’Allemande Marie-Claire promeuvent un service civique écologique encore relativement méconnu. Ce livret dont l’objet est de proposer des informations complémentaires au film pour prolonger la découverte et la réflexion, voire aider les projets d’échanges ou d’installation, se clôt par un entretien avec Dorothee Röseberg, universitaire allemande spécialiste de l’interculturalité, à qui il a été demandé de donner son point de vue après avoir visionné le film.

Aller plus loin

L’objectif du ME-F 34 et de la FAPS était de donner à voir les résultats de relations réussies entre citoyens des deux pays et d’en exposer l’arrière-plan humain et factuel, avec, à propos de chaque séquence filmée, des ressources documentaires « pour aller plus loin ».
Dès lors, on pourra se demander : mais quels sont donc les ressorts de ces réussites ? Quels sont les processus interculturels ayant conduit à de tels aboutissements ?

Les ressorts de la réussite

Nous constatons de prime abord que le processus présuppose toujours un objet concret associé à des valeurs partagées : ici, l’intérêt pour la nature et la protection de l’environnement. Il se greffe sur ce socle une temporalité particulière, la fréquentation de l’autre pays ayant eu, dans tous les cas, une relativement longue durée, de quelques mois ou d’une année à toute une vie. On remarquera, en outre, que si nos témoins habitent en Languedoc, leurs partenaires allemands se trouvent, quant à eux, répartis dans divers Länder (Hesse, Basse-Saxe, Bavière…). L’éloignement géographique, conformément à l’esprit des traités, ne saurait en effet limiter le dynamisme des échanges.
Enfin, se perçoivent ici des formes d’aboutissement dans les relations, mais les spécialistes de l’interculturalité soulignent qu’une particularité des contacts prolongés avec un pays étranger est de ne pas se dérouler linéairement : en fait, quand il séjourne loin de chez lui, tout un chacun traverse tour à tour des moments d’euphorie, d’étonnement, parfois d’irritation. Autant dire que ces témoins fournissent la conclusion d’un tel processus : leur confrontation aux usages culturels du partenaire s’est opérée en connaissance de cause, ils ont observé et observent encore d’incontestables différences, ils en sourient voire s’en félicitent sans qu’il n’en résulte ni hiérarchisation des cultures, ni stéréotypes.
Par ce film et le présent livret, le ME-F 34 et la FAPS invitent chaque lecteur/spectateur à en compléter les observations et à les ajuster à d’autres cultures. Car, au-delà de ces rencontres franco-allemandes, se dessinent le goût pour la mobilité et la construction de relations entre citoyens en Europe et pour l’Europe.


© Infographie C. Herrera, 2021.

Géographie des échanges évoqués dans le documentaire et les articles ci-après. © Infographie C. Herrera.

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En Minervois,
l’art du paysage en partage

À propos du film

La séquence filmée présente Jürgen Schilling comme enchâssé dans le paysage du Minervois, parmi les roches du lit asséché d’un torrent. C’est dans un torrent semblable à celui-ci, le Rudem, qu’il a découvert la « nature du paysage ». Cet artiste-dessinateur allemand s’est installé dans la Narbonnaise il y a une quarantaine d’années. Né en 1954 à Offenbach, ville située à 10 km de Francfort-sur-le-Main et portant encore à l’époque les stigmates de la guerre, il a été lui-même profondément marqué par l’histoire de l’Allemagne et ce qu’il nomme son héritage. Le souci de le comprendre serait, selon lui, à l’origine de son engagement artistique. Rompu au dessin, à l’histoire de l’art et à la philosophie étudiés dans de grandes universités allemandes, il a participé à des mises en scène prestigieuses, tant en Allemagne qu’en France où il collabore entre autres avec les Centres d’art contemporain de Castres et de Toulouse. L’originalité de sa démarche amena le Parc naturel régional de la Narbonnaise à lui confier une étude approfondie sur le paysage, qui débouchera sur plusieurs publications. Ses œuvres ont fait l’objet de nombreuses expositions, tant en France qu’à l’étranger.


Jürgen Schilling sur les lieux de son inspiration artistique, janvier 2021. © Océanides.

Jürgen Schilling sur les lieux de son inspiration artistique, janvier 2021. © Océanides.

Dans deux cultures

L’entretien montre dans quelle mesure il est possible d’être chez soi dans « deux cultures ». J. Schilling se définit en tant qu’étranger (« l’étranger que je suis ») et la distance qu’il prend vis-à-vis des deux cultures contribue à lui faciliter la vie dans la région en tant qu’Allemand. Sur le plan du ressenti et de l’esthétique, c’est par un processus d’intériorisation qu’il s’abandonne à ses émotions et s’approprie un paysage méridional, l’intègre et (re)définit sa puissance créatrice personnelle. Il constate que c’est ce dépaysement éprouvé dans un nouvel environnement qui l’a amené à opérer un tournant dans sa vie tout comme dans sa conception et sa pratique de l’art ; il a ainsi vécu un choc culturel, qu’il décrit comme une sorte d’illumination intérieure à laquelle ses orientations philosophiques l’ont peut-être aussi préparé. Montré debout, en spectateur, il semble se situer en bordure de la nature, à la croisée de deux univers, le matériel et l’immatériel, et est présenté en tant que passeur entre ces deux univers.

La révélation du paysage

L’artiste souligne l’importance décisive qu’ont eue sa découverte du Midi de la France, puis son immersion dans l’environnement du Minervois : « J’ai essayé de me débarrasser des idées toutes faites, dont le réflexe s’est imprimé dans mes doigts, pour traquer ce qui fait la véritable originalité du paysage d’ici, ou du moins ce qui a impressionné l’étranger que je suis. […] Et du côté du Rudem, je me suis rendu compte que ce qui m’importait, ce n’était pas seulement l’eau jaillissante, le rocher brut et la patine des pierres, mais aussi les buissons en lambeaux, déchiquetés par l’eau, tous les détritus déposés là par le courant (bouteille plastique, pneus de vélo, bidons d’huile), ou encore la petite route qui mène au hameau de la Roueyre […], à l’aplomb de mon champ d’investigation, le lit du torrent situé sept mètres en-dessous, comme si je me trouvais en plein milieu d‘une nature primitive ». L’historien d’art Wilhelm Schlink explique que c’est « dans la pierre » que cet artiste décèle « tout bonnement la forme primaire de toutes les formations paysagères » : de là « son désir d’en percer la quintessence ainsi que les pouvoirs de transformation à l’œuvre dans la nature paysagère », ajoutant que « pour Jürgen, la pierre fait partie du monde du vivant ».
En définitive, la clef d’une telle activité créatrice est double. À la soudaineté du phénomène de la révélation a succédé une sorte de familiarité, ce que fait aussi remarquer l’ethnologue Jean-Pierre Piniès : « Là, dans le lit du Rudem, pendant dix ans de fréquentation et d’approche quotidienne […] se forge lentement mais avec force une conception du paysage qui […] se transforme en véritable interrogation et en source d’inspiration ».
Des techniques nouvelles en matière de dessin Plusieurs facteurs caractérisent les techniques nouvelles de J. Schilling en matière de dessin. D’abord l’influence de Joseph Beuys, dont il est spécialiste et dont il a repris l’utilisation de matériaux naturels (cendre, sable, pierre oxydée, végétaux, etc.).
En outre, il ressent le paysage comme minéral et non inerte, d’autant qu’il associe directement cette nature aux cicatrices matérielles causées par notre société de consommation. Sa « saisie intuitive » (Erkenntnis) peut nous rappeler la démarche des peintres romantiques allemands et leur processus d’observation, intériorisation et transposition de l’environnement.
Enfin et surtout, il assimile son dessin au mouvement de l’eau coulant sur les galets, comme le décrivent W. Schlink : « Non pas représenter le tourbillon, mais dessiner comme le tourbillon, voilà ce à quoi aspirait Jürgen devant ce phénomène naturel », ou encore Marion Thiba : « ayant compris un jour […] que le propre du paysage ne se révélait pas par imitation, l’artiste s’est mis à inventer des gestes inspirés par la nature à l’œuvre, travail de l’eau et du vent, érosion de la roche, etc. ».


Durchwirbelter Rudem, Bleistift, Buntstift, grüner Schiefer, Asche // Rudem tourbillonnant, crayon, crayon de couleur, argile verte, cendres, 42 x 56 cm, J. Schilling, 1999. © Photo J. Schilling.

Durchwirbelter Rudem, Bleistift, Buntstift, grüner Schiefer, Asche / 
 Rudem tourbillonnant, crayon, crayon de couleur, argile verte, cendres.
42 x 56 cm, J. Schilling, 1999. © Photo J. Schilling.

L’art de vivre

Le mythe du Sud, et pas seulement du Midi de la France, est présent depuis très longtemps dans l’imaginaire allemand, et a été célébré par d’illustres « penseurs et poètes », tels Goethe et Heine, par exemple, à l’occasion de leurs voyages en Italie. Le climat et la réputation de pays où il fait bon vivre y jouent incontestablement un grand rôle, mais aussi sans doute le contraste entre les paysages. Ce contraste est particulièrement sensible avec ceux de l’Occitanie : à l‘opulence des vertes forêts et prairies allemandes, celle-ci oppose la sécheresse de son climat et partiellement de ses paysages où dominent le règne minéral et une végétation frugale en eau ; loin des brumes du Nord, symbolisées par la « Sehnsucht », sorte de désir indéfinissable vers un ailleurs, popularisé par Mignon dans le célèbre poème de Goethe, Connais-tu le pays où fleurit l’oranger, mis en musique par Schubert et Ambroise Thomas, face à la sécheresse et à la lucidité de Midi le juste, de Paul Valéry (Le Cimetière marin).
Marié à une Française, J. Schilling partage et apprécie la vie et l’art de vivre à la française, par exemple le repas qui peut réunir des convives « autour d’une table pendant trois heures ». C’est une chose plus rare en Allemagne, où les réunions importantes, de quelque ordre qu’elles soient, professionnelles ou privées, se traitent avant ou après les repas, qui ne sont eux-mêmes qu’un rapide intermède. Il est à noter qu’en France même ces coutumes conviviales ont tendance à disparaître, surtout en ville, rattrapées par un american way of life, fait de repas rapides. Elles subsistent essentiellement en région.

Du point de vue interculturel

Man ahnt noch seine starke Motivation, die ihn damals zu dem Entschluss bewogen hat, sich in Frankreich niederzulassen. Sie speist sich aus einem in Deutschland weit verbreiteten idyllischen, romantischen Frankreichbild: Frankreich, das heißt „Vivre“, ein geselliges Leben, für das besonders die Tisch- und Esskultur, aber auch der Süden Frankreichs mit seinem Klima stehen. Dazu gehört nicht nur gutes Essen, sondern die „conversation à table“, die mindestens genauso wichtig ist. Frankreich ist in diesem Fall auch „sociabilité“ … Er fasst dies alles in dem metaphorischen Spruch „Leben wie Gott in Frankreich“ zusammen, der auch auf Sorglosigkeit hindeutet.
Für den Künstler ist die Natur des französischen Südens, das Gestein, eine neue Herausforderung für seine Arbeit, also ein neuer künstlerischer Anspruch, mit dem er sich intensiv auseinandersetzt. Dies ist ein wichtiger Baustein für seine insgesamt gelungene Integration in die französische Kultur. Zu weiteren Bausteinen gehört die Tatsache, dass er sich als deutscher Experte sehr früh gefragt fühlte. Seine Integration ist nicht gleichbedeutend mit einer Aufgabe seiner Herkunftskultur.
Der Künstler vermittelt vielmehr, wie er zu einem interkulturellen Mehrwert gelangt ist: Er hat es vermocht, Abstand zu seinen früher so selbstverständlichen und als normal empfundenen kulturellen Mustern zu nehmen und sie als eine Normalität neben anderen zu verstehen.
Die zunehmende Integration in seine neue Lebenswelt in Frankreich hat dazu geführt, dass er in der Lage ist, zwischen Kulturen zu „zwitschen“, d.h. sie jeweils zu übersetzen oder zu vermitteln. Darin besteht ein hoher Grad an interkultureller Kompetenz. – D. Röseberg.

On ressent encore la force de la motivation qui lui a fait prendre la décision de s’implanter dans le Midi de la France. Elle s’est nourrie d’une image de la France idyllique et romantique, très répandue en Allemagne : la France, c’est « vivre », une convivialité marquée particulièrement par sa culture de la table et du bien-manger et à laquelle participent également le Midi et son climat. Mais au-delà de la bonne chère, « la conversation à table » revêt une importance au moins égale : la France, c’est aussi la « sociabilité ». Il résume tout cela dans la formule métaphorique « Vivre comme Dieu en France », qui implique aussi une idée d’insouciance.
L’artiste considère la nature du Midi, la roche, comme un nouveau défi à relever dans sa création, une exigence artistique qu’il affronte avec détermination. Cet élément important a contribué à une intégration globalement réussie dans la culture française. Le fait qu’il ait été très tôt sollicité comme expert allemand en est une autre composante. Son intégration n’impliquait donc pas l’abandon de sa culture d’origine.
Bien au contraire, l’artiste explique comment il a acquis sa plus-value interculturelle : il a réussi à prendre du recul par rapport à des modèles culturels qu’il considérait autrefois comme normaux et allant de soi pour les intégrer comme une normalité parmi d’autres.
à mesure que progressait son intégration dans son nouvel environnement français, il a été capable de se mouvoir entre les cultures, en les traduisant ou en les transmettant. Cela témoigne d’une grande maîtrise des rapports interculturels. – Trad. E. Brandts.

Pour aller plus loin

La perception du dessin en France et en Allemagne

L’identité d’artiste-dessinateur a valu à J. Schilling de ne pas toujours être compris, ainsi qu’il le rapporte : « La douche froide que fut ma rencontre avec une galeriste lyonnaise réputée, et sa remarque, après avoir feuilleté mon portfolio, résume bien toute une série d’expériences analogues : ‘Ah ! pas mal. Mais quand vous mettez-vous à la peinture ?’ ». Or, en Allemagne, le dessin est enseigné en tant que discipline artistique à part entière. Et, dans les années 1970, l’art graphique jouait un rôle de premier plan. En revanche, quand J. Schilling s’est installé en France, il a constaté que la tradition était différente : le dessin, cela renvoyait à la BD, au dessin technique, au dessin d’architecture, pas à un art spécifique. « Malgré quelques dessinateurs de premier rang, comme Ernest Pignon-Ernest ou Jean-Paul Chambas […]. En quelque sorte j’avais le cul entre six chaises, entre la culture allemande et la culture française, entre l’art contemporain et l’art ‘classique’, ainsi qu’entre le dessein et le dessin d’auteur. Il fallait donc s’adapter, sans pour autant abandonner le dessin. Ainsi le clivage culturel m’a amené vers des projets d’expositions thématiques, afin d’honorer le ‘concept’, condition incontournable de la scène de l’art contemporain française, même si j’ai toujours pensé que c’est une erreur fatale, puisque l’art fonctionne à travers le percept. »

Des structures culturelles différentes en Allemagne et en France

Tout comme l’éducation, la culture en Allemagne est l’affaire des Länder. Cette situation a des causes historiques, générées par la mosaïque des territoires qui constituaient l’Allemagne avant son unification en 1871 et dont chacun était un foyer culturel, possédant ses propres structures. Au-delà de deux guerres mondiales, de la scission en deux États et de la réunification, « l’Allemagne a pérennisé cette tradition fédérale. Il n’existe un Chargé fédéral de la culture et des médias à la Chancellerie que depuis 1998. La structure culturelle allemande […] se compose donc de quelque 300 théâtres municipaux et régionaux, de 80 opéras et de 130 orchestres professionnels parfois rattachés à des maisons de la radio. Le paysage muséal […] rassemble 630 musées d’art aux collections de réputation internationale. »
Outre ses institutions et artistes de renommée internationale (Georg Baselitz, Gerhard Richter, Anselm Kiefer, etc.), la scène artistique allemande fait une large place aux cultures étrangères et à l’art contemporain. Par exemple la série d’expositions Jetzt! Junge Malerei in Deutschland présente dans d’importants musées les œuvres de très jeunes peintres. De son côté, le Humboldt-Forum à Berlin est conçu entre autres pour accueillir des œuvres extra-européennes.
L’organisation des musées français et de leurs réseaux est historiquement si différente qu’une brève comparaison s’impose. Ce sont les musées nationaux qui ont longtemps dominé le secteur, placés pour la plupart sous la tutelle administrative du Service des Musées de France et du Ministère de la culture. La loi « musées de France » de 2002 a profondément fait évoluer l’organisation du réseau des musées en définissant un mouvement de décentralisation « qui vise à respecter la liberté d’organisation et la liberté de choix des personnes morales propriétaires des collections de musées ». Elle précise et limite les relations entre l’État et les collectivités territoriales, les réseaux artistiques ayant été ainsi fortement dynamisés dans les régions. à l’exemple de L’Air de Midi, réseau des professionnels de l’art contemporain fondé en 2013 et qui regroupe quelque 37 structures de création et de diffusion en Occitanie/Pyrénées-Méditerranée. J. Schilling a exposé dans un grand nombre d’entre elles, notamment au Musée d’art moderne et contemporain Les Abattoirs, à Toulouse, à la Chapelle Saint-Jacques, centre d’art contemporain de Saint-Gaudens, au Centre d’art contemporain de Castres et au Centre d’art Le LAIT, d’Albi.

Évelyne Brandts,
Françoise Knopper

Liens utiles

Sur l’artiste

• Vidéogramme documentaire sur la pratique artistique de J. Schilling, La Nature à l’œuvre : http://archives-du-sensible.parc-naturel-narbonnaise.fr/sensible/documentaires/jurgen_schilling.html
• Annonce de l’exposition au Centre d’art Le Lait d’Albi, suite au projet L’Étoffe des songes : www.centredartlelait.com/#expos&id_article=136
• Descriptif détaillé de l’œuvre et de la biographie de l’artiste, Jürgen Schilling, la Nature à l’œuvre : www.garae.fr/spip.php?article357

Sur les arts plastique en Allemagne

• Arts plastiques en Allemagne : www.deutschland.de/fr/topic/culture/arts-architecture/arts-plastiques
• Das Schulfach Kunst : www.kulturrat.de
• Joseph Beuys :
– Archives en ligne du musée de Dresde : https://kupferstich-kabinett.skd.museum/forschung/onlinearchiv-joseph-beuys/
– Exposition virtuelle de l’Institut Goethe : https://beuys2021.de/de/beuysgalerie
• Berlin et le street art : https://visiterberlin.fr/monuments/street-art/
• Film sur le peintre Gerhard Richter : Werk ohne Autor, 2019 : www.cinenews.be

Sur les arts plastiques en Occitanie

• Le réseau des Fonds régionaux d’art contemporain (FRAC) : www.culture.gouv.fr/Sites-thematiques/Arts-plastiques/Les-Arts-plastiques-en-France/Les-Fonds-regionaux-d-art-contemporain
• Le réseau des professionnels de l’art contemporain en région Occitanie/Pyrénées-Méditerranée : www.airdemidi.org

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À Saint-Gilles-du-Gard,
le bio, une dynamique franco-allemande

À propos du film

La rencontre de Bertrand Féraut a lieu parmi les serres de son exploitation agricole, à Bellegarde, non loin de la commune de Saint-Gilles-du-Gard où se trouve la société coopérative d’agriculture biologique qu’il préside, UNI-VERT.


Rencontre avec Bertrand Féraut sur son exploitation, janvier 2021. © Océanides.

Rencontre avec Bertrand Féraut sur son exploitation, janvier 2021. © Océanides.

Un positionnement pionnier

UNI-VERT se présente comme la « première coopérative bio équitable de France ». Forte de 50 coopérateurs du Gard, des Bouches du Rhône limitrophes et de Corse, elle produit annuellement 15 000 tonnes de fruits, agrumes compris, et légumes de saison dont 7 millions de pieds de salades, sur une surface agricole de 500 ha, pour un chiffre d’affaires de plus de 35 millions d’euros en 2020, selon son président, B. Féraut. Son principal débouché à l’exportation est l’Allemagne, partenaire privilégié depuis 30 ans.
L’histoire de la coopérative est liée à celle du plateau de la Costière gardoise où tout a débuté dans les années 60, lors du vaste aménagement hydraulique qui permit la valorisation agricole du sud Languedoc. Cette terre aux portes de Nîmes devint alors l’un des grands plateaux arboricoles européens, grâce notamment à l’installation et au savoir-faire des rapatriés d’Algérie. En 1988, deux coopérateurs s’essaient à l’agriculture biologique. Rapidement rejoints par d’autres, ils produisent dès 1990 une offre partiellement biologique (elle le sera complètement à partir de 2014), avec une spécialisation en salades d’hiver, et créent leur bureau de vente UNI-VERT à Saint-Gilles en 1991.

Un partenariat fondateur

« On a commencé à travailler avec l’Allemagne en 91
parce qu’[…] il y avait très peu de demande sur le marché français
et les Allemands avaient 20 ans d’avance… »
B. Féraut

En recherche de débouchés commerciaux bio, UNI-VERT se tourne vers l’Allemagne à défaut de demande française suffisante. Certes, les premières associations de consommateurs et producteurs (les coops) naissaient et le réseau BIOCOOP était passé de 40 magasins en 1986 à une centaine en 1992. Pour autant, les consommateurs allemands étaient plus avancés dans leur conversion à l’alimentation bio et, marqués par le phénomène des pluies acides qui dévastaient les forêts à travers le pays, ils s’avéraient bien plus sensibles aux enjeux de la protection de l’environnement.
Au bout d’une année de prospection avec un jeune commercial allemand, un premier camion vient s’approvisionner en salades d’hiver et légumes à feuilles. Depuis, plusieurs chargements groupés s’effectuent toutes les fins de semaine à Saint-Gilles.
Jusqu’en 2005, les grossistes spécialisés allemands ont été les seuls clients bio d’UNI-VERT. L’offre de la coopérative s’est alors réorientée vers le marché national qui a commencé à s’imposer suite à la crise de l‘encéphalite spongiforme bovine et n’a cessé de croître depuis. Mais le partenariat allemand est resté d’une importance majeure au point que, dans les années 2013, jusqu’à 50 % des salades bio consommées en Allemagne provenaient d’UNI-VERT. Il représente actuellement 25 % des ventes de la coopérative, le pic étant toujours en hiver, et sachant que, désormais, le désir de consommer local, très prégnant dans les deux pays, fait sensiblement évoluer la répartition de la demande.
Tous les ans, UNI-VERT est présente sur les deux grandes foires internationales du bio que sont le FRUIT LOGISTICA à Berlin et le BIOFACH de Nuremberg. Et, il y a 8 ans, à la demande expresse de ses clients, la coopérative s’est engagée dans une certification NATURLAND qui fait autorité en Allemagne.

Complémentarité de compétences et partage de mêmes valeurs

Le label NATURLAND FAIR a une double visée environnementale et éthique. Il s’agit « [d’] assurer l’avenir des agriculteurs biologiques au niveau local, national et international en combinant l’aspect écologique à l’aspect économique du développement durable » (cf. son site officiel). S’adressant aussi bien aux producteurs des pays du Sud que du Nord, il certifie la qualité de produits issus de bonnes pratiques agroenvironnementales autant que l’équité socio-économique en veillant notamment aux conditions d’emploi dans les exploitations et à l’égalité salariale hommes/femmes. Cette démarche de certification a rencontré l’adhésion des coopérateurs déjà rompus aux cahiers des charges des labellisations bio française et européenne. Elle rejoignait aussi la déontologie d’UNI-VERT, passée de 2 emplois en 1990 à plus de 30 actuellement, tous permanents, auxquels s’ajoutent les femmes et les hommes qui, à la tête de leurs exploitations respectives et de leurs salariés, sont parties prenantes de la coopérative.

« Eux, ils amènent la rigueur, les commandes sont précises, carrées,
la rigueur sur les cahiers des charges, sur la logistique, sur le transport.
Et nous, on amène […] notre climat, notre terroir […]. Nous leur assurons
une sécurité de débouchés réguliers et une sécurité alimentaire. »
B. Féraut

L’accord repose depuis toujours sur l’intégration des exigences comme la planification et la confiance réciproque dans le respect des engagements. Chacun son métier et sa culture : côté allemand, les cahiers des charges et l’organisation de la chaîne d’approvisionnement, transport compris ; côté coopérative gardoise, le savoir-faire, la maîtrise des règles de la certification et l’atout du terroir méridional qui permettent d’honorer les plannings de livraison en garantissant la qualité et la sécurité alimentaires.
Il est à noter qu’en introduction de son interview, B. Féraut décline son métier, « Je suis paysan », et une spécialisation « en agriculture biologique, biodynamie et certification NATURLAND » qui répond exactement aux attentes socio-écologiques et culturelles de ses clients : la biodynamie est souvent corrélée à l’agriculture biologique en Allemagne, son pays d’invention, et le label NATURLAND y est l’un des meilleurs gages de fiabilité écologique. Sont soulignées enfin et surtout des qualités morales – ce sont des « gens de parole » – renforcées par la « capacité à mettre le prix » pour une juste rémunération des producteurs. Car au terme de ce partenariat historique se conjuguent un même choix de société durable et une même conscience des enjeux environnementaux : « […] ils veulent de la pérennité. Ils veulent que demain nos enfants puissent continuer à être paysans. Il y a là derrière une éthique qui est conséquente ».

Un sentiment de fraternité

La solidité de la relation commerciale repose sur un long compagnonnage dans la construction d’une filière bio entre les deux pays européens voisins, parfaitement en phase avec la croissance de la demande de part et d’autre. Et les pionniers de cette entreprise en retirent un véritable attachement affectif. « Cette relation que l’on a depuis plusieurs années avec les Allemands, c’est […] de l’amitié, de la fraternité […]. Nos entreprises ont grandi ensemble, comme deux enfants s’élèvent ensemble… ». De fait, la croissance et la réussite ont été au rendez-vous : l’un des fidèles clients grossistes, DENNREE, qui servait 200 magasins bio en 1991, livre aujourd’hui plus de 1 300 points de vente en Allemagne, Autriche et Luxembourg. Dans le même temps, UNI-VERT a vu son chiffre d’affaires multiplié par 30.
S’ajoute à cela la satisfaction de voir les jeunes générations prendre la relève dans les exploitations. La coopérative elle-même poursuit sa politique de recrutement de commerciaux franco-allemands, avec un représentant germanophone qui reste maintenant basé en Allemagne pour y cultiver un positionnement fort, toujours fondé sur des relations de confiance et des liens d’amitié.

Du point de vue interculturel

Der Bericht über den Aufbau gemeinsamer deutsch-französischer Unternehmen auf dem Gebiet der Bio Obst-und Gemüseproduktion und deren Vertrieb legt Wert auf zwei wesentliche Aspekte, die den Erfolg seit den 1990er Jahren ausmachen. Es sind die unterschiedlichen und sich ergänzenden Qualitäten beider Seiten: auf französischer Seite das Klima und die Bodenkultur, auf deutscher Seite das, was er „rigueur“ nennt ; genaue Vorstellungen von umweltfreundlicher und nachhaltiger Produktion, aber auch strenge Vorschriften für die Sicherheit, den Anbau, den Transport, die Logistik…. Beide profitieren vom anderen, erst beide Seiten zusammen können die Produkte in gewünschter Qualität erzeugen und an den Mann bringen. Man könnte sagen: Die jeweiligen spezifischen Leistungen zusammengebracht, erzeugen einen synergetischen Effekt. Diese Kooperation ist insofern interkulturell beispielhaft, als unterschiedliche Qualitäten zu Synergien führen. Das wäre beispielhaft für Europa.
Hervorgehoben wird eine gleiche Einstellung
„état d’esprit“. Sie besteht offensichtlich in einer gemeinsam geteilten Berufsethik eines Bio-Bauern, im Bewusstsein von Nachhaltigkeit und Umweltschonung und in dem Wunsch, diese an die künftigen Generationen weiterzugeben.
Der französische Vertreter spricht mit viel Hochachtung von seinen deutschen Geschäftspartnern. Er legt Wert auf das Besondere und Erfolgreiche an der Beziehung: Neben dem wirtschaftlichen Erfolg geht er dabei auch auf die persönlichen Beziehungen ein und spricht von
„fraternité“ und bereichernden Momenten. – D. Röseberg.

Ce témoignage illustre la mise en place d’entreprises qui coopèrent entre France et Allemagne dans le domaine de la production biologique de fruits et de légumes et de leur distribution. Il met l’accent sur deux points qui en assurent le succès depuis les années 1990 et sont essentiels.
Ce sont premièrement les différences et la complémentarité des deux partenaires : climat et spécificités agricoles du côté français, et du côté allemand ce que cet agriculteur appelle « rigueur », c’est-à-dire des attentes précises en matière de protection de l’environnement et de régularité de la production, ainsi que des consignes strictes concernant la sécurité, les procédés respectés pour cultiver, le transport, la logistique, etc. Chaque partenaire profite de l’autre, ce n’est qu’ensemble qu‘il est possible d’obtenir et de vendre des récoltes possédant la qualité escomptée. Les performances respectives des deux ainsi réunies engendrent un effet synergique, pourrait-on dire. En termes d’interculturalité, cette coopération est à cet égard exemplaire. Cela pourrait servir de modèle à l’échelle européenne.
Le second point essentiel est le partage d’un même « état d’esprit ». Il s’agit de toute évidence de l’éthique professionnelle d‘un agriculteur bio, de la prise de conscience du respect de la durabilité et de l’environnement, du souhait de transmettre ces valeurs aux futures générations.
En tant que Français, cet agriculteur rend un grand hommage à ses partenaires allemands. Il insiste sur le caractère spécifique et bénéfique de leur relation. Outre le succès qui est d’ordre économique, il évoque aussi les échanges plus privés et il parle de « fraternité » et d’éléments personnellement enrichissants. – Trad. F. Knopper.

Pour aller plus loin

B. Féraut fait partie des quelque 48 000 producteurs bio français parmi lesquels 1 195 se trouvent dans le département du Gard.

Aperçu du marché franco-allemand des produits bio en quelques chiffres-clés

L’Occitanie est au premier rang des régions françaises dans le domaine de l’agriculture biologique avec près de 11 000 exploitations certifiées et en conversion bio, sur environ 503 000 ha de terres agricoles.
Le marché total du bio en France a atteint les 12 milliards d’EUR en 2019, somme quasiment identique à celle de l’Allemagne qui était leader en la matière jusqu’en 2018. Toutefois la consommation de produits bio par personne et par an y a été supérieure (178 EUR) à celle de l’Allemagne (150 EUR), et sous l’effet de la pandémie on assiste aujourd’hui à l’augmentation de la part du bio dans les dépenses des ménages des deux pays.
Toujours en 2019, la France a exporté 827 millions d’EUR de produits bio, principalement du vin et des produits d’épicerie. Selon l’Agence française pour le développement et la promotion de l’agriculture biologique (AFDPAB), la part des fruits et légumes y a atteint 54 millions d’EUR, dont plus de 90 % à destination des pays de l’UE. Elle a aussi dû en importer pour près de 4 milliards d’EUR.
L’Allemagne est importatrice principalement d’Espagne, d’Italie et de France. La consommation de salades y a atteint une valeur de 77 millions d’EUR en 2020, en grande partie importées de France, par ex. de la coopérative UNI-VERT.

Les fleurons des exportations régionales

L’Allemagne est de longue date le premier partenaire économique et commercial de la France. Suivant les statistiques douanières françaises, le montant annuel des échanges entre les deux pays s’est élevé en 2020 à près de 132 milliards d’EUR. Ce qui représente plus de 26 % de l’import-export français avec les pays de l‘Union Européenne et une fois et demie celui avec l’ensemble des pays du continent américain.
Cette prééminence se retrouve au niveau de l’Occitanie, amplifiée par le secteur aéronautique qui fait de la Haute-Garonne le département d’origine des deux tiers des exportations régionales. Pour autant, les produits agricoles y tiennent le deuxième rang, l’Occitanie étant, en termes relatifs, deux fois plus exportatrice que la moyenne nationale. Si le Gers s’y distingue comme le premier département de France pour les surfaces agricoles certifiées bio, trois départements se détachent nettement en termes d’exportation agricole, tous types de production confondus : Gard, Hérault et Pyrénées-Orientales. Ce dernier avec des résultats nettement supérieurs en raison de la présence à Perpignan de la plateforme multimodale du marché Saint Charles International qui, outre les productions locales, expédie vers les pays européens ses importations d’Espagne et d’Afrique du nord notamment. Le Gard et l’Hérault génèrent dans ce secteur environ 320 millions d’EUR. Il est difficile de savoir quelle est la part du bio, mais selon les statistiques douanières les plus récentes et les données publiées par l’Agence Bio, son développement potentiel semble a priori très important.

L’enjeu de l’équité et de la durabilité

Les activités d’import-export ne sont pas qu’un domaine économique lucratif. Bien menées, comme celle dont témoigne B. Féraut, elles nourrissent l’estime mutuelle entre producteurs/exportateurs et importateurs/distributeurs. Elles interrogent aussi la logique de marché en y introduisant une dimension nouvelle : celle d’un engagement socio-environnemental commun, qualifié ici de « bio équitable ».
à travers la réussite du partenariat entre UNI-VERT et NATURLAND, il est tentant de considérer que la France – par l’Occitanie – et l’Allemagne peuvent donner l’exemple d’une voie de rapprochement durable entre citoyens (producteurs, commerçants et consommateurs) éco-responsables.

Sylvie Casanova-Karsenty,
Dieter Diehr,
Henri Fontaine

Liens utiles

Sites de la coopérative et de partenaires allemands

• La société coopérative UNI-VERT : www.uni-vert.com
• Le label NATURLAND : www.naturland.de
• La société DENNREE, grossiste et distributeur bio en Allemagne, Autriche et Luxembourg : www.dennree.de/home

Données sur l’agriculture biologique en France

• Les chiffres-clés de l’agriculture et de la viticulture en Occitanie : www.laregion.fr/Ma-region-en-chiffres#Agriculture-Viticulture
• L’agence Française pour le Développement et la Promotion de l’Agriculture Biologique (AFDPAB) : www.agencebio.org
• Les chiffres 2019 du secteur bio, dossier de presse du 9 juillet 2020 en PDF sur le site de l’AFDPAB : www.agencebio.org/wp-content/uploads/2020/07/DP-AGENCE-BIO-CHIFFRES-2019_def.pdf
• L’agence d’information sur l’activité agroéconomique française et mondiale (AGRA) : www.agra.fr

Données sur l’agriculture biologique en Allemagne

• Le Bund Ökologische Lebensmittelwirtschaft (BÖLW), association allemande des producteurs agricoles, transformateurs et négociants en produits alimentaires biologiques : www.boelw.de
Die Bio-Branche 2021, brochure de synthèse en PDF sur le site du BÖLW : www.boelw.de/news/die-bio-branche-2021

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À Beaucaire,
l’apprentissage sans frontières

À propos du film

La séquence a été tournée dans un lycée professionnel de Beaucaire (Gard). Sont interviewés Phil-Oliver Ross, professeur de Génie civil construction bois, et Léa, lycéenne qui prépare un baccalauréat professionnel de technicien constructeur bois.

Arrêts sur images

Des photos insérées dans le film montrent, outre leur Lycée Paul Langevin, les souvenirs d’un stage et des neuf semaines que la classe a passées à Osterode am Harz, non loin de Göttingen. Comme dans l’émission d’ARTE, Karambolage, qui invite à deviner si les scènes sont tournées en France ou en Allemagne, des indices sont ici repérables : panneau de signalisation routière, enseigne de la pharmacie, costume traditionnel qu’aiment porter les compagnons, notamment quand ils effectuent leur tour « auf der Walz ».
Quant aux aspects concrets du succès de cet échange entre France et Allemagne, ils ressortent de plusieurs détails photographiés tels que la similitude entre le modèle exposé au lycée et la charpente achevée à Osterode, le port généralisé de l’obligatoire casque jaune, la tradition de la fête de l’achèvement de la charpente (Richtfest). La présence systématique du drapeau européen souligne un engagement et des valeurs partagés. Apparaît également un compagnon artisan habillé de son costume traditionnel. Remontant au Moyen Âge, ce costume (Zimmermannstracht) est en velours noir avec six boutons en nacre, le chapeau de feutre à larges bords permet de se distinguer d’autres compagnons. Très photogénique, cette tenue est revêtue non seulement lors des déplacements, mais aussi à toutes les occasions festives, et donc elle est ici visible sur les photos de groupe.


Fin de chantier avec les élèves à Osterode, 2017 (DR).

Fin de chantier avec les élèves à Osterode © W. Böttner, 2017.

L’habillement des compagnons (die Kluft) et chaque accessoire (boucle d’oreille, blason, etc.) restent codifiés, même si les explications populaires des symboles ne sont plus d’actualité. Elles sont pourtant pittoresques, par exemple pour les formes différentes du chapeau : il est à larges bords la première année de leur Tour, parce que celui qui le porte serait naïf et croirait que la terre est plate ; plus expérimenté, il portera un melon l’année d’après ; la dernière année, celle où il cherche une épouse, il aura droit à un haut-de-forme. Par définition muni de très peu d’argent, il se forme en travaillant dans divers ateliers, dispose d’un réseau d’auberges ou dort à la belle étoile, et sa boucle d’oreille était – dit-on – destinée au fossoyeur en cas de décès en chemin. Gravures anciennes, romans, chants populaires le décrivent volontiers en train de marcher à pied. Il recourt maintenant volontiers à l’auto-stop ! Car, de nos jours encore, il est prévu que le compagnon artisan, une fois son apprentissage achevé, effectue un Tour dont la durée officielle est de « trois ans et un jour », comme le chante Reinhard Mey. Pendant ce laps de temps, il reste éloigné de son lieu de naissance, dans un rayon d’au moins 50 km.

„Wir alle seins Brüder, Wir alle seins gleich!“
Sie sind Schreiner, Maurer, Steinmetz, sie sind Schmied, und Zimmermann,
Heut wie vor tausend Jahren treten sie die Reise an: Der schwarze Hut,
der Ring im Ohr, die Kluft aus alter Zeit […].
Reinhard Mey, Drei Jahre und ein Tag
www.youtube.com/watch?v=QdbF4rEffO4

« Nous sommes tous frères, nous sommes tous semblables ! »
Menuisiers, maçons, tailleurs de pierre, forgerons et charpentiers,
aujourd’hui comme il y a mille ans, ils commencent leur tour avec
le chapeau noir, l’anneau à l’oreille et les vêtements d’antan.
Reinhard Mey, Trois ans et un jour

Les langues en lycée professionnel : effet d’image ?

Dans cette section européenne de lycée professionnel (LP), l’enseignement d’une langue vivante (ici l’anglais) est complété par l’enseignement d’une discipline non linguistique dans la langue étrangère. Dans ce type de section, désormais répandu en LP, il s’agit obligatoirement d’une discipline professionnelle : ici les métiers du bois, avec en l’occurrence une attention portée aux enjeux des constructions durables. Ce choix valorise les spécialités professionnelles, qui ont tendance à pâtir d’un effet d’image par rapport aux disciplines dites intellectuelles.
Pour des raisons bien compréhensibles, la langue vivante largement majoritaire dans l’enseignement professionnel est l’anglais.

Et l’allemand : quelle est sa place ?

L’enseignant est allemand et habilité à enseigner sa discipline en anglais. Mais très opportunément, il met à profit sa qualité de germanophone pour organiser pour ses élèves un séjour professionnel en Allemagne.
Ces élèves n’ont jamais appris l’allemand et l’objectif linguistique du séjour n’est pas premier. « L’ouverture d’esprit passe par la culture et pas par la langue », comme le dit le professeur Ross. Il a le mérite de les confronter directement aux réalités allemandes (vie quotidienne, métier…) : ainsi Léa, l’élève interviewée, dit avoir découvert « comment les Allemands vivent réellement ». Cette ouverture culturelle est également soulignée par l’enseignant, même si la langue n’en est pas le vecteur.

Phil-Oliver Ross et ses élèves de terminale Construction bois en classe au lycée P. Langevin. Janvier 2021. © Océanides.

Phil-Oliver Ross et ses élèves de terminale Construction bois en classe 
au lycée P. Langevin. Janvier 2021. © Océanides.

« L’allemand, pas pour nous ? »

L’enseignement de l’allemand dans la voie professionnelle est nettement moins répandu que dans l’enseignement général, en raison de son image de « langue difficile ». Mais l’Allemagne y est souvent présente comme destination d’échanges à caractère professionnel, hors enseignement de la langue (comme ici). Ce qui permet de corriger sensiblement le cliché « l’allemand, ce n’est pas pour nous, élèves de LP ». L’enseignant allemand de Beaucaire propose d’ailleurs à ses élèves – à titre officieux – quelques séances de langue, qui « aident beaucoup », selon Léa. Le contact direct avec le pays et des jeunes de leur âge leur permet aussi de prendre conscience de l’utilité pratique de cette langue.
Une seconde langue est désormais obligatoire dans les métiers de service (tourisme, hôtellerie et restauration, etc.). Cette décision a pu bénéficier à l’enseignement de l’allemand, notamment dans les académies du Sud, marquées par la présence de touristes germanophones (cf. le lycée professionnel G. Frêche à Montpellier).

Quelles aides ?

L’importance des échanges avec l’Allemagne (avec ou hors enseignement de la langue) est due aussi aux facilités d’ordre organisationnel et financier. PROTANDEM, agence franco-allemande pour les échanges dans l’enseignement et la formation professionnels, basée à Sarrebruck, a pour mission de coordonner et de subventionner ces échanges, tout en assurant la promotion de la langue du partenaire.
Les organisateurs peuvent compter aussi sur l’aide organisationnelle et financière proposée par l’Office franco-allemand pour la jeunesse (OFAJ).
Par ailleurs, le rectorat de l’académie peut fournir des informations sur les partenariats étrangers. Chaque Délégation académique aux relations européennes et internationales et à la coopération (DAREIC) « est chargée d’élaborer, de coordonner et d’assurer la politique académique d’ouverture européenne et internationale » définie par le recteur.

« L’envie de partir plus loin »

Le propos de l’élève illustre bien l’ouverture à l’international que suscite ce type de séjour. Elle est fortement encouragée dans la voie professionnelle. Cela passe notamment par l’attribution d’attestations de mobilité jointes au diplôme de fin d’études de la voie professionnelle : EUROPRO (comme ici), EUROPASS (qui permet de faire le bilan de son séjour au moyen d’un « Portfolio européen des langues »), etc. L’extension des sections européennes aux LP, alors qu’elles étaient initialement installées dans l’enseignement général, favorise également cette ouverture.

Du point de vue interculturel

Interessant und wichtig ist an diesem Beispiel und Bericht zunächst der Hinweis auf die soliden institutionellen Grundlagen für eine deutsch-französische Kooperation, einschließlich der Finanzierungsmöglichkeiten. Dies wird als wichtige Basis für die Zusammenarbeit gesehen. Das kann auch als konkretes Ergebnis der langjährigen und intensiven deutsch-französischen Kooperationspolitik interpretiert werden.
Fast im Gegensatz zum Beispiel des Biobauern vertritt der Lehrer die Auffassung, dass die Kultur eine Schlüsselrolle für die Horizonterweiterung ist. Vor dem Hintergrund der unterschiedlichen Strukturen der Berufsausbildung, vor allem im Hinblick auf die Nähe/ Distanz zu Betrieben, verwundert es, dass hier nicht von Unterschieden und Anpassungsschwierigkeiten die Rede ist. – D. Röseberg.

Ce qui est intéressant et important dans cet exemple et ce témoignage, c’est d’une part l’allusion qui est faite aux solides dispositifs institutionnels facilitant la coopération franco-allemande, y compris par le biais de soutiens financiers. Il est souligné que c’est là le fondement indispensable de cette coopération. Pour compléter cette indication du professeur il peut d’autre part être rappelé que c’est là un aboutissement concret de la politique menée depuis plusieurs années et avec constance en faveur de la coopération franco-allemande.
Comme en contrepoint de l’entretien avec le paysan bio (séquence précédente), le professeur interviewé considère que la culture joue un rôle primordial pour élargir l’horizon. Une question se pose alors : si on prend en considération les différences structurelles dans la formation professionnelle en France et en Allemagne, en particulier en ce qui concerne les liens avec les entreprises, beaucoup plus développés en Allemagne, on pourra s’étonner qu’il ne soit pas question ici des différences et des difficultés d’adaptation. – Trad. F. Knopper, J.-G. Kuhn.

Pour aller plus loin

L’enseignement professionnel en Allemagne : le système dual

Vus historiquement, l’enseignement professionnel français et allemand s’opposaient nettement, aussi bien au plan de leur organisation qu’à celui de leur image.
En France, la voie professionnelle a été longtemps considérée comme une filière de relégation très marquée socialement. La motivation des élèves en souffrait et en souffre souvent, ce qui ne semble pas être le cas dans cette section du LP à Beaucaire, où tout le dispositif mis en place et la personnalité de l’enseignant motivent bien le groupe.
En Allemagne, l’image de ce type de formation reste bien différente : obtenir une place en apprentissage est recherché, et c’est une ambition partagée par des milieux sociaux plus variés.
Au plan institutionnel également l’opposition est marquée : d’un côté (F) un enseignement se déroulant majoritairement sous statut scolaire, en LP, la formation au métier ayant lieu en ateliers, complétée par des stages en entreprise. De l’autre (A) une formation en alternance appelée duale où la formation a lieu en entreprise, sous contrat de travail avec un employeur, complétée par des retours à l’école professionnelle.

Une opposition irréductible ?

À la base existe une réelle différence de conception de la formation. En Allemagne, c’est la maîtrise des gestes professionnels visant l’employabilité immédiate qui prime ; en France, la formation vise plutôt le long terme, l’accent étant mis sur les capacités d’évolution dans le temps et d’adaptabilité, aussi bien à l’évolution des métiers qu’au marché du travail.
Mais cette opposition est loin d’être irréductible et les deux conceptions ont dorénavant tendance à se rapprocher, sur fond d’évolutions du marché du travail et de la situation économique. La forte promotion dont bénéficie depuis peu l’apprentissage en alternance en France illustre ce rapprochement. En outre, la formation se double d’une autre voie, décentralisée et cogérée par les Chambres de commerce et d’industrie, les centres de formation d’apprentis (CFA).
L’exemple présenté montre en tout cas que cette différence de conception n’empêche pas les deux systèmes de travailler ensemble en bonne intelligence et dans l’esprit du Traité d’Aix-la-Chapelle signé le 22 janvier 2019 entre France et Allemagne : il est notamment prévu que les deux États rapprochent leurs systèmes éducatifs grâce « à la mise en place d’outils d’excellence franco-allemands pour la recherche, la formation et l’enseignement professionnels ».
L’Allemagne est souvent citée en exemple dans le domaine de la formation professionnelle. Une bonne moitié d’une classe d’âge y a accès, dans tous les secteurs d’activité. Pour comprendre ce flux, il faut avoir en tête le fait qu’une première orientation a lieu dès la fin de l’école élémentaire.

Quel en est le contexte scolaire ?

Il est caractérisé par une forte différenciation. En effet, à l’issue de l’enseignement élémentaire, l’orientation s’opère précocement (au cours des 5e et 6e année de scolarité) vers une des trois filières que sont : la Hauptschule (filière courte de 5 ans) – la Realschule (filière moyenne de 6 ans) – le Gymnasium, filière longue comparable au lycée français et menant au baccalauréat (Abitur).
Cette sélection précoce n’échappe pas à une critique de sélection sociale. Aussi une nouvelle voie avait été créée pour la prévenir : la Gesamtschule, école générale intégrant les trois types d’établissement. Mais elle a eu du mal à s’implanter.
Les Hauptschulen de leur côté sont particulièrement exposées à cette critique. Ayant historiquement plutôt visé les formations manuelles et étant de plus en plus perçues comme une voie de relégation sociale, elles ont souvent été supprimées et ne survivent que dans très peu de Länder.
à ce contexte scolaire très différent du nôtre, on ajoutera également une différence de contexte culturel : en Allemagne, en effet, existe une vieille tradition artisanale socialement très valorisée. Elle se traduit encore par des coutumes solidement ancrées reflétées par les photos du séjour insérées dans le film.

Quelles sont les modalités de cette formation ?

Comme l’ensemble du système scolaire allemand, cette formation est décentralisée et relève des Länder. Elle dure de deux à trois ans et demi et se divise en deux phases : un à deux jours par semaine à l’école, le reste dans une entreprise. L’apprenti est lié à celle-ci par un contrat de formation et est rémunéré. Un quart des entreprises, la plupart des PME, s’engage dans ce type de formation.
La dualité du système vise l’équilibre entre, d’une part, l’acquisition des compétences nécessaires à l’exercice d’un métier et à un accès rapide au marché du travail (rôle de l’entreprise), et, d’autre part, une bonne formation générale, qui comprend entre autres des cours d’allemand, d’anglais et d’instruction civique (rôle de la Berufsschule).
La formation continue fait appel à de nombreux dispositifs, dont un certain nombre est financé par l’État et les Länder. Mais l’accès à une qualification supérieure est souvent le fait d’une promotion interne dans les entreprises même, au sein desquelles « existe donc une logique de promotion ouvrière » (Lasserre/Lattard).

Éléments de réflexion

Le large consensus dont ce système bénéficie auprès de l’opinion publique lui confère une forte légitimité. Mais ce qui peut laisser perplexe apparaît en creux par opposition au système français et réside en une possible inadéquation entre employabilité immédiate et possibilités d’évolution.
Au gré des évolutions économiques et démographiques (les fluctuations du marché du travail) et des différentes situations géographiques résultant de la réunification, des tendances parfois opposées se sont fait jour et ont mis le système en tension.
Premièrement, en cas de crise économique, les entreprises ont des difficultés pour le financer et réduisent le nombre de places en apprentissage proposées. Avec pour conséquence un décalage important entre la demande et l’offre, et la crainte des entreprises de ne plus disposer de main d’œuvre qualifiée en quantité suffisante.
Deuxièmement, la demande aussi a été soumise à de fortes évolutions, contradictoires. D’un côté le système dual tend à attirer des jeunes dont ce n’est pas la vocation première et qui pourraient viser la formation générale menant à l’Abitur. De l’autre, la tendance inverse a également pu émerger, à savoir un engouement croissant des jeunes pour des études longues plus valorisantes, lorsque le marché du travail est moins porteur.
Il n’en reste pas moins que globalement l’attrait des jeunes pour ce type de formation demeure. Il s’explique surtout par l’employabilité à court terme qu’il offre : le pourcentage de chômeurs de moins de 25 ans en Allemagne est un des plus bas d’Europe. Le degré d’exclusion est faible et le système a pu être présenté comme « une voie royale » vers l’emploi.

Françoise Knopper,
Jean-Georges Kuhn

Liens utiles

Pour les échanges

• PROTANDEM, l’agence franco-allemande pour les échanges dans l’enseignement et la formation professionnels (Franz-Josef-Röderstrasse 17, D- 66119 SAARBRÜCKEN) : https://protandem.org/fr
• Sur le site du rectorat de l’académie de Montpellier, la rubrique « Europe et International » gagne à être consultée : www.ac-montpellier.fr/cid87809/europe-international.html
• Pour les données pratiques d’installation (logement, qualifications professionnelles, assurances, impôts, éducation etc.), sur le site de la Déléguée de la migration, la rubrique « Service pour l’égalité de traitement des travailleurs de l’UE » propose une infothèque multilingue pour les citoyens de l’UE : www.eu-gleichbehandlungsstelle.de/eugs-fr/citoyens-de-l-ue/infoth%C3%A8que/premiers-pas-en-allemagne
• Pour de jeunes apprentis, des sportifs, des élèves ou des étudiants amenés à séjourner en Allemagne, l’OFAJ propose, sur l’application Mobidico, des lexiques bilingues, français/allemand, téléchargeables gratuitement. Entre autres :
– un vocabulaire pour les rencontres sportives ;
– un canevas pour enseignants (tous niveaux) prévoyant d’organiser un échange : www.ofaj.org/media/la-preparation-linguistique-et-interculturelle-de-lechange.pdf
– des glossaires spécialisés dans divers métiers (menuiserie, cuisine, medias, secteurs culturels), tels que :
www.ofaj.org/media/menuiserie-schreinerei.pdf
www.ofaj.org/media/cuisine-kuche.pdf
www.ofaj.org/media/metiers-du-livre-buchwesen.pdf
• Pour trouver un job, un site accessible en anglais et en allemand : https://www.arbeitsagentur.de/en/welcome

Renseignements sur la formation professionnelle en Allemagne

• René Lasserre et Alain Lattard, La formation professionnelle en Allemagne : spécificités et dynamique d’un système, Cergy-Pontoise, Centre d’information et de recherche sur l’Allemagne contemporaine (CIRAC), collection Travaux et Documents du CIRAC, 1993. (DOI:10.4000/books.cirac.896) : https://books.openedition.org/cirac/906
• Le site du Centre européen pour le développement de la formation professionnelle (CEDEFOP) propose des documents téléchargeables : www.cedefop.europa.eu/fr/publications-and-resources/publications/8137
– une publication en anglais : Spotlight on VET Germany (DOI: 10.2801/981096) ;
– le même thème présenté en allemand : Blickpunkt Berufsbildung Deutschland (DOI:10.2801/34755) ;
– une video en anglais : www.cedefop.europa.eu/fr/publications-and-resources/videos/vocational-education-and-training-vet-system-germany
• Le site Make it in Germany fournit des informations pratiques et détaillées pour « travailler, étudier, vivre en Allemagne » : www.make-it-in-germany.com/fr/etudes-formations/formation-professionelle/trouver-une-formation-professionnelle

Exemples de portfolios numériques (Europass), documents téléchargeables

En allemand
https://europa.eu/europass/eportfolio/screen/profile-wizard?lang=de
www.themenpool-migration.eu/download/dmulti20.pdf
En français
https://rm.coe.int/autobiographie-de-rencontres-interculturelles/16806bf02e

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À Villeveyrac,
« Ich bin ein junger Öko-Freiwilliger, et toi ? »

À propos du film

Estelle et Marie-Claire se sont engagées toutes deux dans un Service civique correspondant à leur intérêt pour la protection de la nature et de l’environnement : le volontariat écologique franco-allemand. Chacune est allée passer une année dans le pays de l’autre. Estelle, la Française, a rejoint une association pédagogique intégrée à une ferme d’agriculture biologique à Heilsbronn, en Bavière, Marie-Claire, l’Allemande, la Ligue pour la protection des oiseaux à Villeveyrac, dans l’Hérault. Un jour de janvier, elles se sont rencontrées au Centre de sauvegarde de la faune sauvage où Marie-Claire effectue sa mission, pour échanger sur leurs expériences.

Marie-Claire et Estelle sur le site du CSFS à Villeveyrac, janvier 2021. © Océanides.

Marie-Claire et Estelle sur le site du CSFS à Villeveyrac, janvier 2021. © Océanides.

L’éco-volontariat, qu’est-ce que c’est ?

« Pour faire un éco-volontariat, on n’a besoin de rien, même pas du bac.
C’est fait pour découvrir un métier. Il n’y a pas besoin
de compétences particulières. Il faut juste être motivé. »
Estelle

Ce Service civique écologique, appelé aussi éco-volontariat, offre aux jeunes de 18 à 25 ans la possibilité de passer 12 mois dans une structure de l’un ou l’autre des deux pays, afin d’acquérir des compétences en lien avec la protection de l’environnement et d’améliorer leurs connaissances linguistiques.
L’engagement est rémunéré par une indemnité mensuelle (522,87 €) complétée d’une aide, en nature ou financière, pour le logement, les repas et le transport. Les volontaires sont sous la responsabilité de personnes chargées de les accueillir, de les encadrer et de les aider dans leur mission comme dans leur vie quotidienne. Ils/elles bénéficient de 25 jours de formation répartis en quatre séminaires durant leur séjour, avec, en outre, la possibilité de suivre des cours de langue, et obtiennent, en fin de volontariat, une double attestation du Service civique et de l’Office franco-allemand pour la jeunesse (OFAJ).
Pour l’année 2020-2021 (du 1er septembre au 31 août), 45 jeunes sont venus d’Allemagne en France, dont 11 en Occitanie et 5 dans l’Hérault, et 42 sont allés de France en Allemagne. Ils ont rejoint diverses structures – associations, fondations, institutions publiques, etc. – œuvrant dans des domaines tels que le développement durable, la protection des espèces (faune et flore) et de leurs habitats, la sauvegarde de la forêt, l’agriculture biologique, l’éducation à l’environnement.

Des expériences enrichissantes et valorisables

« Il faut dire aux jeunes qu’un éco-volontariat, c’est une chance
dans [leur] vie. C’est une chance pour [leur] travail, après. »
Marie-Claire

Outre l’immersion qu’elle permet dans le pays d’accueil, la mission de volontariat est suffisamment longue et spécialisée pour procurer une réelle expérience socio-professionnelle.
En Allemagne, faire une césure d’un an de bénévolat après l’obtention de l’Abitur, l’équivalent du baccalauréat, est une pratique fréquente. Ce qui a motivé Marie-Claire dans son choix d’engagement, c’est son double intérêt pour la sauvegarde de la nature et pour l’apprentissage de la langue française dont elle avait déjà de bonnes notions. Si elle a éprouvé de l’inquiétude avant son départ, craignant surtout les difficultés de communication, elle s’est sentie rapidement à l’aise dans l’équipe de sa structure d’accueil, l’un des 7 centres nationaux gérés par la Ligue pour la protection des oiseaux, une association française de défense de la biodiversité. Chaque année, entre 1 500 et 2 000 animaux trouvés dans la région sont pris en charge « dans le but de les rendre à la nature, sans dépendance à l’homme ». Sur le site, les diverses tâches sont formatrices tant pour les éco-volontaires que pour les stagiaires aux côtés de la douzaine de professionnels permanents : participation à des suivis scientifiques, animation d’un parc pédagogique ouvert au grand public, éducation à l’environnement des élèves des écoles et des collèges, sensibilisation aux questions de protection de la faune sauvage et de sa cohabitation avec les humains, conseils aux particuliers…
Estelle, qui avait acquis une formation universitaire en biologie avant de partir, était plus particulièrement intéressée par l’agriculture biologique. L’association « Pédagogie à la ferme de plantes médicinales », où elle a été affectée en 2019-20, anime un jardin d’enfants dont l’objet est la découverte de la nature et de la vie à la ferme. Cette dernière est spécialisée dans la production de plantes médicinales biologiques et participe de l’importante filière bio allemande dont la Bavière est considérée comme le Land leader depuis 2015. On y travaille dur, mais dans la bonne humeur. Le propriétaire agriculteur et sa famille ont besoin de s’adjoindre une équipe nombreuse. Elle est composée, côté agricole, de travailleurs saisonniers d’origine polonaise en majorité, et, côté association pédagogique, de volontaires européens en service civique. Tous partagent une ambiance internationale ouverte et accueillante. Le travail en lui-même, ses techniques, son organisation, ont intéressé Estelle au point d’influencer l’orientation de la poursuite de ses études.
Le volontariat écologique franco-allemand, comme tout Service civique, favorise l’acquisition et le développement de multiples compétences utiles pour le développement personnel et l’insertion socio-professionnelle des jeunes. Il peut être valorisé dans un parcours de formation, dans un cursus universitaire ou à travers la validation des acquis de l’expérience. L’organisme d’accueil a la responsabilité d’effectuer un bilan des projets du volontaire, de l’aider dans ses recherches d’emploi ou de formation en facilitant les contacts et en délivrant une attestation.

Même sans connaître la langue du pays ?

« En fait, il n’y a rien de tel que d’être dans le pays pour apprendre. »
Estelle

Estelle a eu le sentiment, parmi l’équipe internationale de la ferme où elle se trouvait, que connaître ou non l’allemand n’était ni un prérequis ni un obstacle (sans doute parce que l’anglais était plus ou moins utilisé par tous). Marie-Claire, quant à elle, considère qu’il est bien plus efficace de se trouver directement en situation pour apprendre, « au contact des gens » et en travaillant. Mais toutes deux possédaient déjà de bonnes notions linguistiques quand elles sont arrivées sur leur lieu de séjour.
Si la connaissance de la langue du pays n’est pas un préalable, certaines missions la requièrent et les fiches descriptives des offres de recrutement spécifient alors le niveau de maitrise nécessaire. Pour la préparation aux séjours sur les plans linguistique, culturel et pratique, l’OFAJ met à disposition en ligne la plateforme PARKUR (parkur.ofaj.org) d’apprentissage interactif et individualisé de l’allemand ou du français, que complète un accompagnement personnel. Et sur place des cours de langues sont dispensés aux étrangers qui le veulent.

Cultiver l’amitié

« La relation franco-allemande, c’est le respect, l’ouverture,
l’amitié, s’intéresser à l’autre, à sa culture. »
Marie-Claire

Les photos souvenirs insérées dans la séquence vidéo parlent d’elles-mêmes : ici et là, des moments semblables de convivialité autour d’une grande table pour un repas partagé. Et si Marie-Claire ne manque pas de rappeler, non sans rire, le stéréotype du bien manger en France (« le vin, le fromage, les trucs traditionnels… »), on voit qu’en Bavière aussi, les festins chaleureux sont de mise. Estelle se souvient avec plaisir du « partage avec la famille et [d]es barbecues […]. On travaillait très dur, et après, c’était la fête ! ».


Récolte d’échinacées bio à la ferme, Heilsbronn, été 2020. © Estelle Léoni.

Récolte d’échinacées bio à la ferme, Heilsbronn, été 2020. © E. Léoni.

Les mots-clés qu’elles égrènent en allemand, et non sans humour, pour clore la séquence, tiennent du jeu de rôle où Marie-Claire et Estelle se font ambassadrices à la fois de l’amitié franco-allemande et du volontariat écologique. Mais à l’évidence, derrière la légèreté du ton, est énoncé, en guise de conclusion, un résumé de la portée de l’engagement vécu : la spécificité de l’expérience éco-volontaire (Echinacea, nom d’une plante médicinale, Wildtiere, faune sauvage et Landwirtschaft, agriculture), une qualité morale essentielle et facilitatrice (Charakterstärke, force de caractère) et, à l’appui de la mobilité parmi les pays et la nature (wandern, randonner), le sentiment partagé d’une dynamique constructive à la fois personnelle et collective (wachsen, grandir, zusammen bauen, construire ensemble).

Echinacea | échinacée
Wildtiere | animaux sauvages
wandern | randonner
Landwirtschaft | agriculture
wachsen | grandir
Charakterstärke | force de caractère
zusammen bauen | construire ensemble

Du point de vue interculturel

Hier werden Motivationen und Ziele eines Öko-Freiwilligenjahres ausgetauscht. Die Französin betont die Gemeinschaft, die sowohl in der harten Arbeit als auch in der Freizeit für sie gewinnbringend war. Die jüngere Deutsche spricht immer wieder vom Sprachenlernen, das in der jeweiligen Kultur besser möglich sei als in der Schule mit einem Lehrbuch. Es geht ihr offensichtlich darum, sehr gut Französisch sprechen zu wollen. Ihr ganzes Auftreten weist darauf hin, dass sie eine kosmopolitische Einstellung und Überzeugung hat, die sie auch verbreiten möchte. Bis hin zu ihrer Körpersprache drückt sie aus, dass sie dafür alles geben möchte. Eine solche Passion ist nicht nur und allein ihrem jungen Alter geschuldet, sondern verweist auch auf einen sozialen und familiären Hintergrund, der neben Sicherheit auch Neugier auf andere Kulturen ermöglicht hat. Ihr Vorname Marie-Claire ist in Deutschland wenig verbreitet und könnte auf einen deutsch-französischen Hintergrund verweisen. Ihr Französisch, das sie schon flüssig spricht, ist kein „reines“ Schul-Französisch. Es verweist auf Vorerfahrungen in deutsch-französischen Begegnungen. Marie-Claire steht für einen großen Teil der jungen Generation, für den die Erfahrung mit anderen Kulturen nicht nur zum Alltag gehört, sondern die sie als Bereicherung für ihr Leben ansehen. – D. Röseberg.

Cette séquence présente une conversation entre deux jeunes filles sur les motivations et les objectifs d’un volontariat écologique d’un an. La jeune Française souligne ce que lui a apporté le caractère collectif de cette expérience, que ce soit dans le cadre du travail, de tâches rudes, ou que ce soit lors des moments de loisirs. L’Allemande est plus jeune, elle insiste davantage sur l’acquisition de la langue, ce qu’elle trouve plus aisé quand on est immergé dans la culture étrangère et en revanche moins facile quand on reste à l’école et qu’on utilise un manuel ; un de ses objectifs est visiblement de parvenir à parfaitement parler français. Son engagement et les convictions cosmopolites qu’elle souhaiterait faire partager à d’autres ressortent de sa manière de se présenter. Même sa gestuelle manifeste à quel point elle serait prête à tout mettre en œuvre pour atteindre cet objectif. Il est vraisemblable qu’une telle fougue n’est pas seulement à attribuer à sa jeunesse, elle suggère également qu’il y a pu avoir un environnement social et familial procurant un sentiment de sécurité et rendant possible la curiosité de découvrir d’autres cultures. Le prénom Marie-Claire, qui est d’ailleurs peu répandu en Allemagne, pourrait résulter d’un arrière-plan franco-allemand. Elle possède d’ailleurs une bonne connaissance de la langue et son français n’est pas simplement scolaire. Ce qui fait supposer qu’il y a eu ici une expérience préalable des rencontres franco-allemandes. Marie-Claire est représentative d’une grande partie de sa génération qui estime que le contact avec d’autres cultures ne constitue pas seulement un élément de la vie quotidienne mais est en outre un atout pour l’enrichissement personnel. – Trad. F. Knopper.

Pour aller plus loin

Les organismes et structures d’appui franco-allemands

L’Office franco-allemand pour la jeunesse (OFAJ) est l’organisme de référence en charge de l’organisation des échanges et rencontres entre les deux pays. Il a permis depuis 1963 à plus de 9 millions de jeunes de participer à 376 000 programmes spécifiques. L’idée est que chaque génération fasse la connaissance du pays partenaire en bénéficiant d’une immersion suffisamment longue pour en appréhender la vie, la culture et la langue, s’enrichir personnellement de relations et de compétences diverses. De ce fait, cet organisme a délégation pour gérer l’ensemble des Services civiques et volontariats franco-allemands.
S’agissant du volontariat écologique, créé en 2008, l’OFAJ s’appuie sur trois associations en France et en Allemagne :
– CIFÉE (collectivité, interculturalité, formation, échange, engagement) installée à la Maison de Heidelberg à Montpellier ;
– VEFA (volontariat écologique franco-allemand) installée à la Maison de Rhénanie-Palatinat à Dijon ;
– FÖJ-KUR (Freiwilliges Ökologisches Jahr-Konsortium), un consortium de trois associations de protection de la nature, à Mayence, en Rhénanie-Palatinat.

Ce volontariat spécifique relevant du Service civique, les informations le concernant sont également disponibles sur le site de l’Agence nationale, service-civique.gouv.fr, qui relaie les offres gérées par les associations référentes. Mais, attention, il n’est pas possible d’y prétendre si l’on a déjà accompli un Service civique dans quelque domaine que ce soit.

Il existe, dans ce cas, des solutions alternatives signalées par les associations et, en Allemagne, par le Service fédéral des volontaires écologiques (ÖBFD) ou le Service de volontariat écologique de Rhénanie Palatinat (Freiwilliges Ökologisches Jahr in Rheinland-Pfalz). Elles concernent les jeunes de moins de 27 ans et sont validées par le gouvernement fédéral allemand. Une loi promulguée en 2008 et révisée en 2019 régit le volontariat des jeunes (Jugendfreiwilligendienstegesetz vom 16. Mai 2008 – BGBl. I S.842) et précise que l’année de volontariat écologique « consiste en une aide et une activité essentiellement d’ordre pratique, permettant un enrichissement éducatif et qui se déroule dans des lieux et structures dédiés à la protection de la nature et de l’environnement ainsi qu’à l’éducation au développement durable. Un accompagnement pédagogique est prévu. Son objectif est l’acquisition de compétences sociales, culturelles et interculturelles, du sens de la responsabilité collective […] » (traduit à partir de www.gesetze-im-internet.de/jfdg/JFDG.pdf). Dans tous les cas, une démarche socialement utile et personnellement formatrice.

Au-delà du cadre franco-allemand, les voies européennes du volontariat

Les échanges franco-allemands sont particulièrement soutenus et nombreux. Ils sont l’occasion d’une ouverture sur l’international inscrite d’emblée dans la dimension européenne. Cette dernière offre également aux jeunes citoyens de nombreuses possibilités d’engagement volontaire et d’expériences de solidarité.

Le Service civique Europe

L’Agence du Service civique en France a fait paraître le 9 mai 2021, à l’occasion de la fête de l’Europe, une nouvelle orientation spécifiquement européenne, visant à renforcer les autres programmes communautaires d’engagement de la jeunesse tels que le Corps européen de solidarité et le volet Jeunesse du programme Erasmus +. Ceux-ci offrent aux jeunes Européens des possibilités de mobilité et d’échanges interculturels en diversifiant leur expérience de l’identité et de la citoyenneté européennes ainsi que leurs connaissances linguistiques.
Le Service civique Europe doit permettre l’engagement de 2 000 missions d’ici le début de 2022, dont une moitié assurée en France sur des thématiques d’intérêt européen et l’autre en Europe et dans les pays partenaires, auprès d’organismes et d’institutions œuvrant dans l’éducation, l’environnement, la culture ou encore le sport.

Le Corps européen de solidarité

Pour mener un projet solidaire en Europe quand on a entre 18 et 30 ans (fourchette d’âge un peu plus longue que pour le Service civique), être bénévole dans une association ou avoir une expérience professionnelle dans l’économie sociale et solidaire, il est possible de se tourner vers le Corps européen de solidarité (CES). Il permet, pendant 2 à 12 mois, d’accomplir un volontariat, un stage ou remplir un emploi dans des organismes porteurs d’actions solidaires, que ce soit dans son propre pays, dans les autres pays de l’UE ou dans les pays tiers.
Créé en 2016 à titre expérimental, ce programme a été confirmé en 2018, avec une participation de 10 000 jeunes (données de la Commission européenne), succédant alors au Service volontaire européen (SVE). Pour la période de 2021 à 2027, il doit permettre à plus de 270 000 jeunes de s’engager ou de monter des projets de solidarité, en privilégiant trois axes :
– l’inclusion des personnes défavorisées ou isolées ;
– le numérique pour le développement des systèmes d’éducation/formation et des compétences technologiques de base pour tous ;
– l’environnement, dans la lignée du pacte vert pour l’Europe.

« La solidarité est le ciment de notre union », avait déclaré Jean-Claude Juncker en 2016 dans son Discours sur l’état de l’Union, où il évoquait le dispositif : « Les jeunes de toute l’Union pourront proposer leur aide là où elle sera le plus utile […], [tout en] développ[ant] des compétences, [en ayant] un travail […] [et en] viv[ant] une expérience humaine de grande valeur ». Soit une double visée de coopération internationale solidaire et de bénéfice personnel pour les jeunes volontaires, par l’acquisition de nouvelles compétences, le gain en autonomie et en estime de soi et, somme toute, l’amélioration de leur employabilité.

Sylvie Casanova-Karsenty,
Xavier de Raulin

Liens utiles

Service de volontariat écologique franco-allemand, associations référentes

• CIFÉE (collectivité, interculturalité, formation, échange, engagement) organisatrice de missions
de Volontariat écologique franco-allemand, Maison de Heidelberg (Montpellier) : www.cifee.fr
• VEFA (volontariat écologique franco-allemand), Maison de Rhénanie-Palatinat (Dijon) : ve-fa.org
• DFÖ (Deutsch-Französisches Ökologisches Jahr), Bund für Umwelt und Naturschutz Deutschland (BUND, Landesverband Rheinland-Pfalz e.V., Landesgeschäftsstelle, Hindenburgplatz 3, 55118 Mainz) : www.foej-rlp.de/deutsch-franzoesisches-oekologisches-jahr-dfoej

L’offre de volontariat écologique directement accessible en Allemagne

• Plateforme associative regroupant toute l’offre de services de volontariat écologique en Allemagne, Förderverein Ökologische Freiwilligendienste e.V. : https://foej.de

L’accompagnement des volontariats franco-allemands (VFA)

• L’Office franco-allemand pour la jeunesse (OFAJ), services de volontariat : volontariat.ofaj.org ;
– Informations pour l’engagement dans le domaine de l’écologie : volontariat.ofaj.org/fr/devenir-volontaire/dans-le-domaine-ecologique
• PARKUR, plateforme d’e-learning de l’OFAJ pour l’apprentissage de l’allemand ou du français en vue d’une mobilité professionnelle : parkur.ofaj.org

L’engagement solidaire en Europe

• L’Agence française du Service civique : www.service-civique.gouv.fr
• Le Corps européen de solidarité, possibilités de bénévolat, d’emplois et de stages pour les 18-30 ans : corpseuropeendesolidarite.fr
• Le Corps européen de solidarité, comment ça marche ? /www.erasmusplus-jeunesse.fr/blog/587/17/Le-Corps-europeen-de-solidarite-comment-ca-marche.html

La mobilité, la formation et l’emploi des jeunes Européens

• L’agence française ERASMUS + : site.erasmusplus-jeunesse.fr
• EURES, portail européen sur la mobilité de l’emploi : ec.europa.eu/eures/public/fr/homepage
• Le portail européen de la jeunesse : europa.eu/youth/home_fr

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Perspectives interculturelles

Dorothee Röseberg © Leibniz Gesellschaft

© Leibniz Gesellschaft.

Entretien avec Dorothee Röseberg
(Professeure des universités – Berlin/Halle)

Qu’il y ait des coopérations franco-allemandes dans le Midi de la France, est-ce surprenant ?

Il n’est pas exclu que certains s’étonnent d’entendre parler d’expériences de coopérations franco-allemandes réussies dans le Midi de la France. Mais ce ne sera pas vraiment étonnant pour quiconque connaît l’histoire des relations franco-allemandes depuis la Seconde Guerre et le rôle moteur qu’elles ont joué dans l’évolution de l’Europe de l’Ouest et la mise en place de l’Union Européenne.

Le film Voies d’Europe Rencontres franco-allemandes en Languedoc apporte-t-il des éléments qui expliquent ce succès ?

Oui, il signale qu’il existe un grand nombre d’institutions qui accordent d’importantes subventions pour promouvoir ce genre de coopérations. N’oublions pas que cette histoire franco-allemande partagée a été le produit d’une volonté politique, celle des anciennes générations. L’expérience de la guerre, racontée par les témoins et transmise aux générations suivantes, a été à l’origine d’une motivation aussi authentique que convaincante pour tisser un réseau très dense de relations.

Pouvez-vous donner des exemples ?

à titre d’exemple, citons : les jumelages ; l’Office franco-allemand pour la Jeunesse (OFAJ) ; les innombrables programmes d’échanges dans un cadre scolaire, lesquels associent en outre, de nos jours, des États tiers ; l’Université franco-allemande (UFA) ; les cursus universitaires intégrés, concernant aussi des universités méridionales à commencer par Aix-en-Provence, ce qui permet l’obtention de doubles diplômes reconnus en France et en Allemagne. L’économie peut aussi faire état de grands projets partagés, dont Airbus à Toulouse est le fleuron. Et, à côté de ces exemples prestigieux, il y en a bien d’autres, plus modestes, comme cette coopérative bio qui exporte des fruits et des légumes en Allemagne.

Estimez-vous que ces échanges se heurtent aussi à des difficultés ?

Oui, assurément. D’abord il y a un facteur générationnel. Car aujourd’hui, au XXIe siècle, les relations franco-allemandes vivent grâce à l’engagement d’une nouvelle génération pour qui le fait d’avoir des échanges et des coopérations entre la France et l’Allemagne n’a dorénavant plus rien de véritablement exceptionnel. D’une part, il y a certes des objectifs communs, par exemple l’apprentissage linguistique, la création de coopérations internationales dans le secteur de l’économie tout comme dans celui des services, sans oublier l’art et la culture. D’autre part, dans un univers où les relations sont mondialisées, les différences culturelles gagnent cependant en importance.

Qu’entendez-vous par « différences culturelles » ?

Cela correspond aux modes de vie, aux conceptions, aux manières de travailler qui ne sont pas les mêmes que chez soi. Ils diffèrent entre les pays européens tout comme hors d’Europe. Il arrive fréquemment que l’on cherche à expliquer ces différences en se servant de stéréotypes. C’est une réaction largement répandue parce que les stéréotypes paraissent commodes pour définir simplement des phénomènes complexes. En réalité chacun d’entre nous emporte partout le bagage de ses expériences de l’altérité, celles qu’il a faites à titre personnel. C’est quelque chose dont on est plus ou moins conscient et à laquelle on n’a pas forcément réfléchi. Mais il est certain que chacune de nos nouvelles expériences, de nos nouvelles rencontres, modifie de manière plus ou moins visible les dispositifs dont nous nous servons pour faire face à l’altérité et la gérer.

Attribuez-vous à cet égard un rôle particulier aux échanges entre Français et Allemands ?

Peut-être même ont-ils un rôle pilote. Il me semble que c’est à eux qu’il revient de prendre conscience qu’ils peuvent, ou même doivent, servir de terrain d’étude et faire comprendre comment mieux faire face aux nouvelles exigences qui résultent de l’élargissement de l’Europe et de la mondialisation. Et cela devrait se faire sous une double bannière : celle de l’interculturalité et celle des compétences interculturelles.

Quelle conclusion tirez-vous de ces quatre rencontres franco-allemandes en Languedoc ?

Ma conclusion est que plus nos relations à l’intérieur de l’Europe, et d’ailleurs aussi au-delà, sont nombreuses, diverses et intenses, plus il devient essentiel de définir les aptitudes qu’il convient que chaque personne développe. On insiste souvent sur le fait qu’il suffit d’accumuler des connaissances pour parvenir à « comprendre » les autres cultures. Mais on souligne beaucoup plus rarement que la prise en compte de ce que nous sommes et savons de nous-mêmes est tout aussi nécessaire. Et le film le montre bien.
Tout un chacun importe dans ces relations son propre regard, regard sur les tâches à assumer en commun, regard aussi sur les usages culturels des autres. La compétence interculturelle requiert de prendre conscience du regard que l’on porte soi-même sur les choses. Et il convient aussi d’apprendre à se distancier de son propre regard, et ce en essayant par exemple de changer de perspective et d’adopter la perspective de l’autre. Changement de perspective et empathie font partie des aptitudes essentielles à cultiver pour les relations interculturelles. Cela entraîne une certaine distanciation vis-à-vis de ses habitudes personnelles, et surtout ces dernières perdent alors leur caractère prétendument « normal ». Il deviendra ainsi plus facile de supporter ce qui fait inévitablement aussi partie des rencontres interculturelles : à savoir le désagrément que nous pouvons éprouver quand nous constatons que nous ne comprenons pas forcément tout ce qui se trouve et se fait ailleurs. Tolérer d’être parfois décontenancé, déstabilisé dans notre rapport avec l’altérité, avec ce qui est « étranger » (fremd), voilà ce qui me semble être une clef, un élément primordial pour que les échanges interculturels puissent être durables. En somme, ce sont aussi et surtout les compétences en matière de communication qui permettent de réussir les partenariats et les échanges.

Questionnement et traduction,
Françoise Knopper

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Annexe

Les traités franco-allemands signés en 1963 et 2019

Ratifiés successivement en juin 1963 et janvier 2020, les traités de l’Élysée et d’Aix-la-Chapelle instaurent et renforcent l’entente franco-allemande. Leurs objectifs sont résumés ci-après à partir des textes disponibles sur le site « France-Allemagne » du ministère de l’Europe et des affaires étrangères (https://www.france-allemagne.fr/Une-relation-bilaterale-au-service-de-l-Europe.html).

Le traité de l’Élysée

Le 22 janvier 1963, le Général de Gaulle et le Chancelier Adenauer signaient un traité d’amitié destiné à sceller la réconciliation entre la France et la République Fédérale d’Allemagne et à fonder les bases d’une coopération bilatérale étroite au service de l’intégration européenne. Son programme, dont les principaux points sont repris ci-après, visait prioritairement les domaines des affaires étrangères, de la défense, de l’éducation et de la jeunesse.

  • S’agissant de politique étrangère : principe de consultation sur les questions d’intérêt commun, notamment relatives à la coopération politique européenne, aux relations Est-Ouest, aux affaires traitées au sein de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord et des organisations internationales telles que le Conseil de l’Europe, l’Union de l’Europe Occidentale, l’Organisation de coopération et de développement économique, les Nations Unies ; collaboration poursuivie entre les services intéressés à Paris et à Bonn et entre les missions dans les pays tiers en matière d’information ; concertation sur les programmes destinés aux pays en voie de développement ; renforcement de la coopération dans divers secteurs de la politique économique tels que la politique agricole et forestière, la politique énergétique, les communications et le transports, le développement industriel dans le cadre du Marché commun ainsi que la politique des crédits à l’exportation.
  • En matière de défense : rapprochement des doctrines sur les plans stratégiques et tactiques et création d’instituts franco-allemands de recherche opérationnelle ; échanges de personnel entre les armées, en particulier les professeurs et les élèves des écoles d’État-major, détachements temporaires d’unité entières, avec enseignement pratique des langues de part et d’autre ; collaboration sur les projets d’armement et les recherches afférentes ; étude des conditions d’une collaboration dans le domaine de la défense civile.
  • Pour l’éducation et la jeunesse : importance essentielle de l’enseignement de la langue de l’autre dans chacun des deux pays et reconnaissance de pratiques de la langue française en Allemagne et de la langue allemande en France ; dispositions concernant l’équivalence des périodes de scolarité, des examens, des titres et diplômes universitaires ; coopération en matière de recherche scientifique et développement des contacts entre organismes et institut de recherche ; resserrement des liens entre les jeunes des deux pays et renforcement de leur compréhension mutuelle avec la création d’un organisme destiné à développer les échanges d’écoliers, d’étudiants, de jeunes artisans et de jeunes travailleurs, doté d’un conseil d’administration autonome et d’un fonds de financement commun franco-allemand.

Le traité d’Aix-la-Chapelle

À l’occasion du 56e anniversaire du traité de l’Élysée, le 22 janvier 2019, le président de la République, Emmanuel Macron et la chancelière de la République fédérale d’Allemagne, Angela Merkel, ont signé à Aix-la-Chapelle un nouveau traité de coopération et d’intégration franco-allemandes. Son programme vise à confirmer et renforcer l’entente dans les domaines des affaires européennes et étrangères, de la sécurité et du développement, de la culture, l’enseignement, la recherche et l’innovation, de la coopération régionale et transfrontalière, du développement durable, du climat et de l’environnement, de la politique économique et sociale.<:p>

Sa mise en œuvre, qui prévoit notamment de préparer en amont les principales réunions entre Etats européens, se caractérise par des mesures pragmatiques et, pour citer la synthèse qui en a été exposée sur le site du Ministère des Affaires étrangères et de l’Europe, s’appuie sur « 15 projets prioritaires dont le suivi est assuré par le Conseil des ministres franco-allemand » ; ce Conseil avait quant à lui été créé en 2003 et il se réunit une à deux fois par an.

La liste des projets, éditée sur les sites ministériels des deux pays, précise et détaille les points suivants :

  1. Coopération accrue au sein du Conseil de sécurité des Nations Unies.
  2. Création de 4 instituts culturels franco-allemands intégrés (Rio, Palerme, Erbil, Bichkek) et colocalisation de 5 instituts français et allemands (Cordoba, Atlanta, Glasgow, Minsk, Ramallah).
  3. Création d’une plateforme numérique franco-allemande de contenus audiovisuels et d’information.
  4. Élargissement des programmes de mobilité, par exemple dans le cadre de l’Office franco-allemand pour la Jeunesse, notamment pour les jeunes ayant des besoins spécifiques, les stagiaires et les apprentis.
  5. Mise en place d’un Fonds citoyen commun destiné à appuyer les projets conjoints d’acteurs de la société civile, notamment les initiatives citoyennes et les jumelages de communes.
  6. Mise en place d’un comité de coopération transfrontalière chargé de définir une stratégie commune pour le choix de projets prioritaires, d’assurer le suivi des difficultés rencontrées dans les territoires frontaliers et d’émettre des propositions en vue d’y remédier.
  7. Mise en œuvre conjointe d’un projet de territoire portant sur la reconversion de la zone de proximité de la centrale nucléaire de Fessenheim dans le contexte de sa fermeture.
  8. Amélioration des liaisons ferroviaires transfrontalières, par exemple Colmar-Fribourg, Strasbourg-aéroport de Francfort, Strasbourg-Palatinat, Sarrebruck-Paris.
  9. Renforcement de la coopération bilatérale de haut niveau en matière d’énergie et de climat, notamment concernant les plans nationaux pour l’énergie et le climat.
  10. Création d’un réseau franco-allemand de recherche et d’innovation pour l’intelligence artificielle, reposant sur les structures existantes des deux pays.
  11. Coopération dans le secteur spatial en suivant trois axes prioritaires : promotion d’une stratégie commune pour une Europe plus innovante au sein de la nouvelle économie spatiale ; accroissement de la compétitivité de l’industrie spatiale ; consolidation de l’accès autonome de l’Europe à l’espace grâce à des investissements en recherche et développement, la rationalisation industrielle et la préférence accordée aux lanceurs européens.
  12. Promotion de directives au niveau international sur l’éthique des nouvelles technologies et de valeurs communes dans la sphère du numérique et la société numérique.
  13. Création d’un groupe d’experts dans le domaine social, comprenant les partenaires sociaux, sur « l’avenir du travail ».
  14. Coopération au sein de l’Union européenne dans le domaine des services et des marchés financiers, afin de parvenir à un cadre de régulation de haute qualité, notamment sur la finance durable.
  15. Création d’un « Forum pour l’avenir » franco-allemand, sous la forme d’une plateforme de dialogue sur les processus de transformation dans nos sociétés.

Textes de référence

En français

En allemand

Sélection documentaire

  • Chaltiel, Florence, URL, « Le traité d’Aix-la-Chapelle. Nouvelle étape du couple franco-allemand », Actu-Juridique.fr : il s’agit d’une synthèse analysant dans quelle mesure « ce traité ne peut s’interpréter que dans un contexte européen ».
  • Defrance, Corine / Herrmann, Tanja / Nordblom, Pia (Hg.), Städtepartnerschaften in Europa im 20. Jahrhundert, Göttingen, Wallstein, 2020 : ouvrage codirigé par C. Defrance, historienne spécialiste du traité de l’Élysée ainsi que de l’histoire de l’OFAJ ; ici l’esprit des jumelages en Europe fait l’objet d’une approche internationale.
  • Deutsch-französisches Institut, Frankreich Jahrbuch 2019 : Der Aachener Vertrag und das Deutsch-Französische Parlamentsabkommen, Wiesbaden, Springer, 2020 : 15 articles d‘experts de questions internationales et de personnalités issues du monde politique.
  • Miard Delacroix, Helene / Wirsching, Andreas, Ennemis héréditaires ? Un dialogue franco-allemand, Paris, Fayard, 2020 : ouvrage incontournable, paru aussi en allemand.
  • Stark, Hans, « Le traité d’Aix-la-Chapelle : promesse de convergence pour couple divisé », Politique étrangère, revue publiée par l’Institut français des relations internationales, 84 (2019), 4, p. 75-86 : cet article rappelle les principaux points de désaccord.

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Remerciements à

Dorothee Röseberg pour l’apport de son expertise et son analyse du film du point de vue interculturel ; Jürgen Schilling pour ses compléments d’information et sa relecture ; Bertrand Féraut pour ses données actualisées ; Wolfgang Böttner, Léa Sala et son professeur Phil-Oliver Ross pour les photos souvenirs de stages scolaires ; les jeunes éco-volontaires, Marie-Claire Löser et Estelle Léoni aussi pour leurs témoignages photographiques ; Antoine Auricoste (Océanides) pour ses prises de vues reproduites dans ce livret ; Gesa Hahn, responsable de l’association CIFÉE à Montpellier, pour ses précisions concernant l’éco-volontariat.

Nous exprimons également notre gratitude à Heinz Wismann qui nous a fait l’honneur de rédiger la préface de ce livret, ouvrant ainsi notre réflexion à ce qu’il désigne comme l’avenir de l’Europe. Amené par les aléas de l’existence à faire très tôt l’expérience de l’interculturalité, il a souvent traité cette question, en particulier dans son célèbre ouvrage Penser entre les langues, à partir de paradigmes philosophiques et philologiques.

Auteurs

Évelyne Brandts, Sylvie Casanova-Karsenty, Dieter Diehr,
Henri Fontaine, Françoise Knopper, Jean-Georges Kuhn,
Xavier de Raulin, Dorothee Röseberg

Traduction

Évelyne Brandts, Françoise Knopper, Jean-Georges Kuhn

Coordination éditoriale

Sylvie Casanova-Karsenty, Françoise Knopper (Mouvement Européen-Hérault)

Comité éditorial

Évelyne Brandts (FAPS), Sylvie Casanova-Karsenty, Muriel Célérier-Argans,
Dieter Diehr, Henri Fontaine, Françoise Knopper,
Jean-Georges Kuhn, Jean-Pierre Noël, Xavier de Raulin (ME-F 34).

Maquette, infographie et mise en page

Christophe Herrera

Direction de publication

Xavier de Raulin, président du Mouvement Européen-Hérault

© Tous droits réservés, Mouvement Européen-Hérault, Montpellier, 2021.
Photos de couverture : Océanides Production, W. Böttner, E. Léoni.

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Qui sommes nous

Le Mouvement Européen – France se mobilise depuis 1949, à travers toutes les générations, pour faire vivre un débat public pluraliste sur l’Europe.
Héritier de l’esprit des pères fondateurs de l’Europe et premier acteur de la société civile en France sur les enjeux européens, le Mouvement rassemble des milliers de bénévoles au sein de plus de 50 sections départementales et une trentaine d’organisations membres. Ses activités portent sur la pédagogie, l’organisation du débat entre les citoyens et la formulation de propositions pour construire l’Europe.
Reconnu comme association d’intérêt général depuis le 22 juillet 2016 et agréé « association éducative complémentaire de l’enseignement public », il se mobilise également à travers sa branche Jeunes Européens – France, qui compte 26 groupes locaux répartis sur le territoire.
Le Mouvement Européen est également membre du Mouvement Européen – International, un réseau présent dans 34 pays et qui fait résonner son engagement à travers le continent.

S’informer, participer, adhérer : https://mouvement-europeen.eu

Créée à l’initiative de quelques amis en 2004 dans la petite ville de Sommières, à l’ouest du département du Gard, l’association franco-allemande du Pays de Sommières (FAPS) est la seule antenne franco-allemande de la région. Elle s’y est vite imposée parmi les associations les plus actives en s’investissant pleinement dans la connaissance mutuelle et le dialogue entre les deux pays grâce à l’expérience biculturelle d’un certain nombre de ses membres. Elle organise rencontres, animations pédagogiques, événements et manifestations à un rythme bimensuel constant depuis sa création.

S’informer, participer, adhérer : https://faps-sommieres.org

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