Le lundi 7 février 2022, à l’occasion des 30 ans de la signature du traité de Maastricht, les branches nationales d’Allemagne, d’Italie et de France du Mouvement Européen ont réuni en visioconférence des acteurs européens ayant joué un rôle décisif lors de l’élaboration de ce traité. Ce débat avait pour objectif de faire le bilan du Traité : Quels ont été ses accomplissements qui ont posé les bases de l’Europe telle que nous la connaissons aujourd’hui ? Que reste-t-il à faire pour construire l’Europe de demain ? Aux côtés des présidents des trois Mouvements Européens, Dr. Linn Selle, Pier Virgilio Dastoli et Yves Bertoncini, étaient présents Elmar Brok (député européen allemand 1980-2019), Emma Bonino (sénatrice et commissaire européenne de 1995-1999), Joachim Bitterlich (ambassadeur, conseiller du Chancelier Helmut Kohl) et Rocco Cangelosi (conseiller diplomatique du Président italien Giorgio Napolitano).
Le Traité de Maastricht a conduit à de grandes avancées-clés pour l’Europe, notamment avec l’Union économique et monétaire, le marché unique et plus concrètement, l’Euro qui en a découlé. Il a aussi posé les bases pour une politique étrangère et de sécurité commune (PESC) et une coopération dans le domaine de la justice et des affaires intérieures (JAI). Les intervenants remarquent que c’est surtout dans la situation actuelle, qui voit reflamber des conflits sur la scène internationale, que l’Europe doit se montrer en tant qu’acteur uni, capable de donner une réponse forte à ces défis. En effet, comme l’a affirmé le président du Mouvement Européen-France Yves Bertoncini “quand on a voulu créer l’Europe de la sécurité, il n’y avait pas forcément de menaces, alors qu’aujourd’hui il y en a. Nous avons donc davantage besoin d’une coopération européenne en sécurité commune”. Monsieur Bitterlich a également regretté que “de nombreux progrès restent à faire, 30 ans après, dans le domaine de la politique intérieure, sur le volet de la coopération judiciaire et policière, mais aussi de la politique commune en matière d’immigration et protection des frontières extérieures”. Enfin, ce traité a contribué à rendre l’Europe plus démocratique et sociale. Ainsi, les intervenants ont souligné l’importance de la libre circulation en Europe et du principe de subsidiarité, tous deux introduits par le Traité de Maastricht, facteurs essentiels pour l’Union européenne que nous connaissons aujourd’hui.
Après avoir dressé le bilan du traité, les intervenants ont proposé des réalisations concrètes qui pourraient contribuer à construire l’Europe de demain. Certains intervenants ont insisté sur le fait que l’UE doit davantage se tourner vers l’avenir, dépasser les blocages et sortir de l’impuissance sur certains sujets. Selon Emma Bonino “il reste beaucoup d’ajustements à faire, notamment sur la prise de décision au niveau européen : pour éviter des blocages, nous devons abandonner le vote à l’unanimité.” Madame Bonini regrette également une perte de mobilisation et d’intérêt des citoyens pour l’Europe, par rapport aux années 90.
D’une part, un nouveau traité pourrait unir les États membres, ou une partie d’entre eux, afin de créer une nouvelle dynamique commune. De l’autre, les traités que nous connaissons aujourd’hui représentent une base solide, sur laquelle l’Union européenne peut continuer de se construire. Comme l’ont remarqué Messieurs Cangelosi et Bertoncini, le traité a donné de l’élan à la construction européenne au lendemain de la chute de l’empire sovietique et du mur de Berlin. Pour eux, une nouvelle forme de réponse doit alors être imaginée aujourd’hui avec pour but d’encourager également la démocratisation des débats à Bruxelles et à Strasbourg. Pour les intervenants plus “optimistes”, cette démocratisation des débats doit être fondée sur un nouvel élan politique ainsi que sur nos anciens traités, qui sont des réussites. Une solution doit donc venir d’un changement au sein des institutions, notamment du Parlement européen, ainsi que de nos dirigeants politiques.
Pour autant, de nouveaux traités sont-ils indispensables ? Les intervenants remarquent alors que les traités ne peuvent atteindre leurs objectifs et tenir leurs promesses, qu’en étant accompagnés d’une volonté politique forte et d’une mobilisation des citoyens, acteurs indispensables pour construire l’avenir de l’Europe. La conférence sur l’avenir de l’Europe en est l’un des meilleurs exemples de cette mobilisation citoyenne, qui prend toute son importance tant au regard des évolutions géopolitiques actuelles, que pour les 30 prochaines années.