L’Europe pour le libre-échange, sous conditions

containers d'affrètement, illustration du libre-échange
containers d'affrètement via Sam MacCutchan sur flickr

Les agriculteurs s’inquiètent de la signature d’un accord de libre-échange avec le Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay) Le CETA, accord commercial avec le Canada, entre en vigueur, malgré des critiques. Une vingtaine de négociations sont en cours notamment avec le Japon, l’Inde, les Philippines, le Mexique, la Nouvelle-Zélande.

François Vié est Président du Mouvement Européen – Pas-de-Calais, il signe un éditorial pour appeler à la vigilance dans la négociation d’accords de libre-échange au niveau européen.

Les premiers accords commerciaux signés par l’Union européenne avaient pour objet l’abaissement des tarifs douaniers. La génération actuelle des accords de libre-échange porte sur l’abaissement des « obstacles non-tarifaires » c’est-à-dire sur l’harmonisation des normes techniques et l’allègement des formalités administratives. Ils peuvent ainsi porter atteinte aux habitudes alimentaires, aux règles sanitaires et de protection de l’environnement, finalement au mode de vie des Européens.

Pourquoi l’Union européenne poursuit-elle une ouverture de son économie au libre-échange ? Parce que le commerce est source d’activités économiques. En Europe, un emploi sur 7 dépend des exportations. C’est aussi et surtout pour défendre la capacité des Européens à imposer leurs normes.

L’Union européenne, première puissance commerciale du monde

L’Union européenne est la première puissance commerciale du monde. Forte de son marché intérieur de 500 millions de consommateurs, elle impose aux entreprises qui veulent importer en Europe, ses normes techniques, sanitaires, environnementales et de protection des consommateurs. Sous la pression de ses opinions publiques, et à la demande du Parlement européen, l’UE devient plus ambitieuse. Elle s’attache à introduire dans les accords de libre-échange des clauses sur le « Commerce et de développement durable » : protection de l’environnement, des travailleurs, de l’égalité des genres.  Le Parlement européen, recommande aussi la possibilité d’infliger des sanctions, de prévoir des dispositions sur la bonne gouvernance fiscale, sur la lutte contre la corruption, sur les micro-entreprises et les PME.

L’Europe, puissance normative ?

La position de force de l’Europe « puissance normative » est compromise. La Chine est en passe de devenir la première puissance économique du monde. Si l’Europe ne défend pas sa conception des relations commerciales internationales, d’autres normes et pratiques commerciales s’imposeront, au détriment de ses entreprises, de ses consommateurs et de la planète. La bataille pour améliorer le contenu des accords commerciaux est loin de s’achever avec l’apparition de nouveaux enjeux du XXIe siècle : la protection des données personnelles, l’imposition des multinationales.