Le « Projet de loi relatif à la communication audiovisuelle et à la souveraineté culturelle à l’ère numérique » entre en débat au sein de la Commission des Affaires culturelles le 3 mars prochain. Le Mouvement Européen – France se mobilise pour intégrer au texte des éléments contribuant à une meilleure visibilité de l’Union européenne dans les médias audiovisuels.
73% des Français se déclarent mal informés sur les questions européennes selon une enquête Eurobaromètre de 2018. Ce qui place la France au dernier rang de l’ensemble des Etats-membres, derrière la Grèce ou la Hongrie par exemple.¹
En cause, une très faible visibilité de l’actualité communautaire à la télévision et à la radio. L’Union européenne occupe 3% des journaux présentés sur les principales chaînes françaises². Le projet de loi audiovisuel donne l’occasion de faire progresser cet état de fait à travers plusieurs propositions.
Européaniser les missions du service public
L’exposition des enjeux européens est aujourd’hui principalement portée par les chaînes du service public. France 24, Arte et, dans une moindre mesure, France 2 se distinguent ainsi par leur traitement du sujet.
Le projet de loi prévoit en l’espèce la création d’une holding intitulée « France Médias », chapeautant France Télévisions, Radio France et France Média Monde (RFI, France 24). Le Mouvement Européen défend l’intégration de la dimension européenne aux missions du service public, et ce faisant, aux missions de la holding France Médias.
En ce sens, nous proposons d’amender le projet de loi afin d’inclure les notions de citoyenneté et de conscience civique européenne aux missions de service public ainsi que d’accentuer la mission pédagogique des chaines publiques s’agissant des institutions européennes.
En outre, afin de garantir le respect, le suivi et le contrôle de ces missions nous suggérons l’adoption d’indicateurs officiels et quantitatifs au sein de la future convention stratégique pluriannuelle conclue entre l’Etat et France Médias.
Intégrer la dimension européenne à la mission d’information des chaînes privées
Si les chaînes privées jouissent d’une totale liberté de programmation, elles usent toutefois d’un bien public, leurs fréquences. A ce titre, et face à la gravité du manque d’information sur l’UE, le projet de loi constitue une occasion d’amorcer une dynamique vertueuse pour l’ensemble du secteur.
S’agissant des chaînes privées, nous recommandons ainsi à minima d’intégrer l’Union européenne, ses valeurs et l’activité de ses institutions à la mission d’information des chaînes. Cette dernière est précisée dans les conventions passées avec le CSA, et concerne aujourd’hui les seuls éléments nationaux.
Pour aller plus loin, la convention signée entre LCI et le CSA définit déjà des axes éditoriaux et des ratios spécifiques à sa programmation (magazine, talk-show, etc.). Mettons à profit cet exemple pour revoir les obligations des chaînes privées sur le plan européen et mettre en œuvre une démarche de suivi de la valorisation de l’actualité européenne, avec des ratios mesurables.
Au-delà du projet de loi, poursuivre l’effort pour une meilleure visibilité de l’UE
Le projet de loi audiovisuel constitue une première étape importante dans notre démarche. Le combat pour la visibilité de l’Union dans l’espace public se poursuit toutefois au-delà du seul cadre parlementaire.
Les raisons du manque de visibilité de l’Union européenne dans les médias tiennent à des causes racines profondes. On peut citer la difficulté des institutions européennes à passer ses messages politiques auprès du public hexagonal. Ou encore l’absence de débats à l’Assemblée nationale sur la politique européenne du gouvernement, comme nous l’évoquions à l’occasion de la réforme constitutionnelle.
Sur le plan médiatique, les progrès faits par le projet de loi peuvent toutefois être suivis d’actions concrètes à engager par l’exécutif. On peut notamment citer la remise à jour des cahiers des charges des médias publics pour hisser par le haut le niveau d’exigences sur les questions européennes. Ainsi que la mise en place d’objectifs ambitieux sur ce plan lors de la rédaction du futur Contrat Stratégique Pluriannuel de France Médias.
L’ensemble de ces propositions sont défendues auprès des parlementaires et du Ministère de la Culture par le Mouvement Européen à l’occasion de l’ouverture des débats à l’Assemblée. Des réalisations importantes sont en cours de développement sur ce plan. Nous devons toutefois poursuivre et intensifier la mobilisation en vue de marquer l’essai et de générer des progrès concrets sur nos écrans.
Pour aller plus loin :
- « L’Union européenne, grande absente des JT« , Fondation Jean Jaurès et Institut national de l’audiovisuel, mars 2019
- « Renforcer l’information des Français sur l’UE, le défi du cycle européen 2019-2024« , Fondation Jean Jaurès et Institut national de l’audiovisuel, décembre 2019
- « Plus d’Europe dans les médias français à la faveur du projet de loi audiovisuel« , Institut Jacques Delors, novembre 2019
Sources :
1. Eurobaromètre 2018
2. « L’Union européenne, grande absente des JT », Fondation Jean Jaurès et Institut national de l’audiovisuel, mars 2019