Alors que le siège du Parlement européen à Strasbourg est ancré dans les traités fondateurs de l’Union européenne, plusieurs personnalités politiques, au rang desquelles Annegret Kramp-Karrenbauer, nouvelle Présidente de la CDU, le remettent en question. Va-t-il y avoir une nouvelle bataille pour le siège du Parlement européen à Strasbourg ? C’est la question qui était débattue sur RFI par Yves Bertoncini, Président du Mouvement Européen – France et Sylvain Kahn, Géographe et historien, professeur à Sciences Po.
D’entrée de jeu, Yves Bertoncini rappelle que les sièges qui ont été choisis pour l’installation des institutions européennes sont hautement symboliques : « Cette bande de terre entre la France et l’Allemagne qui a servi de champs de bataille, il a été décidé d’en faire un lieu de réconciliation dans l’Europe des six ». Désormais, la question de l’élargissement remet cela en question.
Le Président du Mouvement Européen met en exergue la pression exercée sur Strasbourg qui est « la victime collatérale de la dénonciation du coût de la vie politique et du coût de l’Europe », sans pour autant s’en alarmer. En effet, il explique « qu’il faut l’unanimité pour déplacer le siège de Strasbourg à Bruxelles, or il y a un verrou juridique assez puissant du côté français ».
Le siège du Parlement européen à Strasbourg est un symbole l’Europe unie dans la diversité
Pour Yves Bertoncini, le siège du Parlement européen à Strasbourg représente avant tout un symbole de la construction européenne, mais aussi de la dimension citoyenne de l’Europe. A son sens, « il y a un ce symbole de l’Europe des citoyens que Strasbourg incarne mieux que Bruxelles ». Par ailleurs, il souligne que « l’Europe c’est l’unité dans la diversité, c’est le polycentrisme, ce n’est pas tous les pouvoirs au même endroit, aux mains d’une même institution, d’un même parti, d’une même personne ». Une dimension que les Allemands devraient être les premiers à comprendre, selon lui. Par ailleurs, il souligne que les institutions et les agences européennes sont réparties dans plusieurs villes : Francfort, Luxembourg, ect.
La remise en cause du siège du Parlement européen à Strasbourg dans la tribune d’AKK, une entrée en campagne ?
Pour Yves Bertoncini, cette entrée en campagne est « un coup de semonce sur un sujet symbolique : le siège de Strasbourg ». Mais il souligne cependant que cette stratégie a peu de chances de donner des résultats.
Il s’agit pour AKK de répondre au Président de la République, selon Yves Bertoncini, qui précise qu’Emmanuel Macron « en faisant cette Tribune a voulu passer au-dessus des appareils partisans en s’adressant directement aux citoyens européens ». Une stratégie que le Président du Mouvement Européen juge pertinente puisqu’elle « créer une forme de débat public citoyen ».
Le siège du Parlement européen à Strasbourg, symptôme d’un malaise franco-allemand ?
Yves Bertoncini explique que c’est un élément symptomatique d’un malaise du moteur franco-allemand. Pour lui, il n’y aura pas de transfert du siège du Parlement européen, mais ce bras de fer « marque le départ d’un rapport de force qui débouchera forcément sur un compromis ».
Il rappelle que ce genre d’opposition a déjà eu lieu au sujet des listes transnationales, dossier dont le Président de la République s’était emparé, ce qui a été perçu comme « une déstabilisation des positions établies et notamment de la domination du PPE et le PPE a donc torpillé cette initiative ». Ainsi, Yves Bertoncini souligne que dans le cas du siège du Parlement européen à Strasbourg, cela n’ira pas beaucoup plus loin.
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