Dimanche 25 novembre dernier, les dirigeants européens ont approuvé l’accord de sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne. Le « meilleur accord possible », selon Jean Claude Juncker, met un point final à plusieurs négociations autour de différents sujets mais ne permet pas de clarifier l’ensemble des aspects des futures relations. Yves Bertoncini, Président du Mouvement Européen – France, était invité au micro de France Culture, dans l’émission « Dimanche et après ? » pour analyser la situation actuelle du Brexit après le Sommet européen extraordinaire.
Pour Yves Bertoncini, l’accord signé dimanche 25 novembre dernier par les chefs d’Etats européens règle un certain nombre de questions car il permet de « solder les comptes, garantir le statut des citoyens européens, régler les enjeux de la frontière entre les deux Irlandes ».
Pourtant c’est durant la période de transition, instaurée jusqu’à fin 2020, que les relations futures seront réellement négociées. Mais le Président du Mouvement Européen s’inquiète de la difficulté des Etats européens à trouver un consensus : « la séquence qui va s’ouvrir avivera peut-être d’avantage les divisons entre Européens car des intérêts hétérogènes vont s’exprimer ».
Une période de transition à rallonge
La période de transition prévue dans l’accord doit permettre aux négociateurs de fixer un cadre aux futures relations entre le Royaume-Uni et l’Union européenne. Durant cette période d’un an et demi, rien de concret ne se passera pour les Britanniques. Pour Yves Bertoncini, la seule différence c’est que « les Britanniques vont appliquer nos normes sans avoir décidé de les voter, c’est un Brexit institutionnel ».
Par ailleurs, cette période de transition pourrait être étendue jusqu’à 2022 si les négociateurs ne parviennent pas à trouver un accord sur la nature des relations. En effet, Yves Bertoncini rappelle que « le futur accord ne sera pas seulement commercial, mais qu’il y aura également des enjeux de sécurité et de gouvernance » ce qui rend le processus de négociation complexe.
Les Britanniques n’avaient pas envisagé les coûts du Brexit
Pour le Président du Mouvement Européen, les Britanniques ont pris conscience des conséquences que le Brexit impose seulement après le référendum : « Quand ils ont choisi de déménager, ils n’avaient pas pris conscience du coût du déménagement et n’avaient pas dessiné les plans de leur future maison ».
Par ailleurs, il regrette que de nombreuses questions, comme celle des frontières entre l’Irlande du Nord et la République d’Irlande n’aient pas été abordées au préalable : « les Britanniques ont presque découvert le problème des frontières en Irlande après le référendum car la seule raison pour laquelle il n’y en avait plus c’est qu’ils étaient membres de l’Union européenne ».
Quel avenir pour le Royaume-Uni si cet accord n’est pas voté ?
Début décembre, les parlementaires britanniques s’exprimeront sur cet accord. Pour Yves Bertoncini, plusieurs scénarios sont possibles. Soit « il y aura une majorité atypique avec le renfort de dissidents travaillistes», soit le gouvernement pourrait être renversé : « il y aurait une élection générale, une sorte de chaos, puis une sortie sans accord qui créerait énormément de dégâts économiques y compris en Europe ».