Yves Bertoncini sur Europe 1 : « L’Europe, ce n’est pas la France en plus grand »

Alors qu’il ne reste que quelques jours pour s’inscrire sur les listes électorales, seuls 42% des citoyens interrogés par un sondage paris match indiquent qu’ils iront voter aux Européennes 2019. Pourquoi ces élections enregistrent-elles un faible taux de participation ? Quelles seront les conséquences de la multiplicité des listes ? Quels sont les enjeux de ce scrutin ? Autant de questions auxquelles Yves Bertoncini, Président du Mouvement France répondait , aux côtés de  Frédéric Dabi, Directeur général adjoint de l’Ifop sur Europe 1.

Si Yves Bertoncini regrette ce déficit de participation, il précise néanmoins qu’il pourrait être réduit au vu des enjeux de ce scrutin : « aujourd’hui nous sommes dans un contexte géopolitique instable, il y a des défis, notamment climatiques, auxquels il faut répondre au niveau européen »

Il explique le déficit de participation par le manque de compétences de l’Union européenne et souligne qu’il peut être comparé aux élections fédérales en Suisse ou aux États-Unis. Un déficit de participation qui ne nuit pas, cependant, à la légitimité du scrutin : « le fait que le taux de participation soit un peu faible ne rend pas l’élection illégitime ou inintéressante ».  Pour le Président du Mouvement Européen « même s’il y a un déficit de compétences de l’Union européenne, il y a des interventions extrêmement marquantes qui justifient d’avantage d’engagement citoyen ». Il se réfère en exemple à la directive sur les plastiques à usage unique, sur la pêche électrique ou encore au règlement sur la protection des données personnelles.


Les élections européennes en France, une reproduction du match des présidentielles ?

Yves Bertoncini rappelle que les élections européennes sont ressenties en France comme des élections  intermédiaires et pourraient donc rejouer le match présidentiel. Ce qui est atypique, pour le Président du Mouvement Européen qui soulève que cette opposition n’existe pas dans les autres États européens : « Dans les autres États européens, ce n’est pas un match entre nationalistes et libéraux démocrates ». Par ailleurs, il rappelle qu’au niveau européen, cette opposition n’est pas de mise : « Ce sont les deux partis traditionnels : le PPE et le S&D qui vont surement sortir en tête ».

Au vu de la multiplicité des listes en France, ces résultats pourraient desservir la France puisque, comme le souligne Yves Bertoncini, « pour être influent, il faut envoyer beaucoup de députés dans ces deux grands groupes là ». Néanmoins, il précise que le groupe centriste devrait progresser avec les élus LREM, ce qui ne devrait pas être le cas du RN : « il n’y aura pas de poussée nationaliste dans notre pays ».

« L’Europe, ce n’est pas la France en plus grand »

Yves Bertoncini explique que l’Europe est faite de compromis, ce qui s’applique également aux élections européennes : « Il faut déterminer les rapports de forces entre tous les partis qui vont finir par faire une grande coalition ». Un système très proportionnel mais qui manque de clarté et d’attractivité.  Yves Bertoncini souligne que, du fait de ce mode de scrutin, il ne devrait pas y avoir de changements déterminants au Parlement européen : « En Europe, on peut faire bouger un peu le paquebot, mais ce ne sont pas des virements de bords comme sur un voilier, ce qui est frustrant ».

Si la multiplicité des listes offre aux Français  une palette de choix très étendue, Yves Bertoncini rappelle tout de même qu’il faut intégrer des groupes puissants pour peser : « il faut grouper le plus d’élus possibles dans les groupes qui décident : PPE, S&D, ALDE, Les Verts sinon nos élus auront moins d’influence sur les compromis passés au niveau européen ». Car en effet, l’Europe est faite de compromis, et si la France y tient une place de choix, elle ne décide pas de tout, ce que le Président du Mouvement Européen souligne : « L’Europe, ce n’est pas la France en plus grand ».

Pourquoi tant de novices sur les listes françaises aux Européennes ?

Le Président du Mouvement Européen explique que « jusqu’ici des Mélenchon, des Le Pen n’arrivaient pas à se faire élire au Parlement national alors ils se faisaient élire au Parlement européen pour faire de la politique française ». Mais comme désormais ils ont accès aux sièges de l’Assemblée nationale, ils envoient de nouvelles personnes au Parlement européen, qui possèdent moins d’expérience et de notoriété.

Face au risque d’échec, Yves Bertoncini soulève que certains candidats préfèrent ne pas se présenter : « le PS a même renoncé à sa propre tête de liste, les socialistes ont abandonné la moitié des postes à des acteurs de la société civile ». Une décision qu’Yves Bertoncini regrette : « Le PS qui est quand même le parti de François Mitterrand, de Jacques Delors, ne présente pas une liste sous ses propres couleurs, ce qui dénote d’un affaiblissement ».