Salaire des eurocrates, perte de pouvoir d’achat lié à l’euro, Europe passoire : l’Europe n’est pas épargnée par les fake-news. Qui sont les entités à l’origine de ces fausses informations ? Comment circulent-elles ? C’est ce que les invités de 28 minutes sur Arte ont tenté d’expliquer. Aux côtés de Nicolas Arpagian, expert en cyber sécurité et Christine Dugoin-Clément, chercheure au think tank CAPE Europe, Yves Bertoncini, Président du Mouvement Européen – France s’est livré à un exercice de décryptage des infox sur l’Europe.
Yves Bertoncini explique que le développement des fake-news résulte d’un déficit de confiance envers les médias : « Il y a un problème de crédibilité accordée aux émetteurs traditionnels de l’information, les institutions nationales et européennes, les médias ». Mais il souligne cependant qu’il ne s’agit pas d’un phénomène nouveau.
En ce qui concerne l’Europe, il précise que la dissimulation de certaines informations favorise le développement de l’imaginaire : «l’opacité diplomatique fournit un terreau favorable à la diffusion des fake-news ». Il prend exemple sur le Traité d’Aix-la-Chapelle qui avait été accusé de vendre l’Alsace et la Lorraine à l’Allemagne : « Il y a eu un effet d’annonce, le Président de la République et la Chancelière allemande ont voulu créer un événement ce qui a suscité un doute sur la façon dont le Traité avait été fabriqué et pourquoi on nous le cachait ».
Les fake-news sont-elles fabriquées par la Russie ?
Face à cette idée répandue que la Russie inonde l’Europe de fake-news, le Président du Mouvement Européen rappelle que c’est une information qui a été documentée : « Quand le service européen pour l’action extérieure a constitué une petite task force pour essayer de récuser quelques fake-news, 80% d’entre-elles portaient sur la Crimée, l’Ukraine t la Russie et étaient géographiquement identifiées ». Pourtant, la Russie n’est pas le seul coupable et Yves Bertoncini le précise : « Elle n’a pas le monopole des fake-news, même nous, les partis politiques en sécrètent ».
Pour le Président du Mouvement Européen cela provient de la complexité des institutions et des prises de décisions : « l’Union européenne est compliquée, il y a une dispersion des pouvoirs, des réunions derrière des portes closes, des normes qui sont décidées dans des comités ». Cependant, Yves Bertoncini souligne que les hommes et femmes politiques ne font pas toujours le nécessaire pour dissiper les doutes que cela suscite : « le service après-vente politique n’est pas là et nos politiciens s’en donnent à cœur joie ».
Pourtant Yves Bertoncini rappelle que de plus en plus d’organismes tentent de lutter contre ces fausses informations : « Au Mouvement Européen on essaie de rectifier, les médias le font aussi, mais il y en a dans tous les partis, c’est compulsif ». Le Président du Mouvement Européen cite en exemple Annegret Kramp-Karrenbauer qui, dans sa réponse à la Tribune d’Emmanuel Macron, reproche aux eurocrates de ne pas payer d’impôts, ce qui est une fausse information.