Yves Bertoncini, Président du Mouvement Européen – France, était l’invité de l’émission Carrefour de l’Europe sur RFI ce dimanche 8 avril. Aux côtés de Lukas Macek, Directeur du campus de Sciences-Po Paris à Dijon, des journalistes Maja Zoltowska, correspondante de Libération en Pologne et Pavol Szalai, du site Euractiv-Slovaquie, il est revenu sur les contours de la « fracture Est-Ouest » en Europe.
En Pologne, en Hongrie, en Slovaquie voire en République Tchèque, les « Européens de l’Est ne se reconnaissent plus dans les valeurs démocratiques des Européens de l’Ouest » pour le journaliste de RFI Daniel Desesquelle.
Europe et souveraineté
S’appuyant sur l’exemple de Mai 68, « une forme de libération en France alors qu’à Prague on y voit le symbole d’une oppression », le Président du Mouvement Européen pointe l’attention que portent les peuples d’Europe centrale et orientale aux enjeux de souveraineté. « Partager sa souveraineté, ce n’est déjà pas facile pour un pays comme la France ou encore pour le Royaume-Uni, c’est d’autant plus difficile pour ces jeunes Etats-nations, qui ont reconquis leur liberté en même temps que leur souveraineté. Ils n’ont pas eu beaucoup de temps avant d’entrer dans l’Union européenne. »
Cet écho d’un pouvoir « passé de Moscou à Bruxelles » a pris une signification particulière lors de la crise des réfugiés. La décision de relocaliser les réfugiés, prise au Conseil européen à la majorité qualifiée, a pu être prise sans l’accord de plusieurs pays d’Europe centrale et « touche une corde sensible qui est celle de l’identité » pour Yves Bertoncini. « Puisque nous n’avons pas eu la même histoire, les enjeux identitaires sont particulièrement à vif. »
Unité, diversité et identités au sein de l’Union européenne
« Sur ces sujets – identité et crise des réfugiés – il faut être particulièrement attentif lorsque l’on parle aux pays d’Europe centrale. Ce qui ne veut pas dire qu’on doit approuver tout ce qui s’y passe lorsque l’on voit les dérives scandaleuses comme celles du gouvernement de Victor Orban » note-t-il. Néanmoins, face à la large victoire du Premier ministre hongrois au scrutin législatif de ce dimanche 8 avril, « cela doit nous encourager à nous interroger sur ce qui nous unit dans la diversité … et donc du degré acceptable de diversité au sein d’une Union européenne fondée sur des intérêts mais aussi des valeurs ».
« La Hongrie a connu un afflux important de demandeurs d’asile, ce qui n’est par contre pas le cas de ses voisins ». Si l’arrivée de réfugiés est loin d’être massive, « cette revendication a connu un large écho populaire, alors que des responsables politiques – en Hongrie comme en Slovaquie – ont attisé les braises pour se relancer politiquement, rappelle Yves Bertoncini. Mais si l’on continue à vouloir contraindre ces Etats à accepter des demandeurs d’asile, on avivera plus encore les tensions sur ces sujets identitaires au sein de l’Union. »
« Ne pas aggraver la crise de copropriétaires » en Europe
La Commission européenne a annoncé en 2018 la mise en œuvre de l’article 7 du Traité de l’Union européenne, qui peut amener à la suspension du droit de vote d’un Etat au sein du Conseil européen en cas de non-respect des valeurs de l’UE. Le vote à l’unanimité en fait néanmoins « un pétard mouillé » pour Yves Bertoncini, qui prend également position contre le conditionnement des fonds structurels alloués à la Pologne et à la Hongrie, « afin de ne pas aggraver la crise de copropriétaires au sein de l’Union européenne ».
« La pression doit être politique et diplomatique » au sein des familles politiques et dans les relations entre Etats membres conclut le Président du Mouvement Européen, qui appelle à ce que les Européens se concentrent sur « leur destin commun » dans un monde en transition écologique ou encore géopolitique.
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