Yves Bertoncini : « L’Allemagne n’a jamais refusé la solidarité budgétaire »

Invité de la matinale d’Europe 1 ainsi que sur CNews mardi 19 mai, Yves Bertoncini, Président du Mouvement européen-France, s’est penché sur le plan de relance de 500 milliards d’euros proposé lundi par Emmanuel Macron et Angela Merkel.

 

Pour le Président du MEF, le plan de relance proposé par la France et l’Allemagne est « une annonce politique très forte » qui « à défaut d’être révolutionnaire » se montre « novatrice » sur plusieurs points. Il souligne toutefois que « l’Union Européenne est beaucoup plus solidaire qu’on ne le dit et transfère déjà de l’argent via son budget communautaire » tout comme l’Allemagne et la France le font « depuis des décennies vers les pays plus pauvres de l’Union ». De même, « à des niveaux moindres, l’Europe a déjà emprunté de l’argent pour faire face à la crise économique et financière de la la zone Euro ». Pour le Président du ME-F, la différence marquante de cette annonce tient à ce que « cette fois-ci on a les deux, la jonction du fait qu’on lève de l’argent de la dette commune à des niveaux élevés, 500 milliards sur 3 ans, et qu’au lieu de prêter cette dette, on va emprunter pour transférer de l’argent ». «  C’est comme si l’Union Européenne allait avoir un budget de plus sur trois ans. Cela permettra de mieux financer les secteurs et les pays qui ont le plus souffert de la crise. »

Sur la question du remboursement, Yves Bertoncini indique que «  le remboursement viendra plus tard » et que ces aides seront concentrées « dans les régions et les pays les plus en difficulté » ainsi que pour «  les secteurs les plus touchés (tourisme, aéronautique, automobile) sans regarder qui touche quoi ». « C’est-à-dire que, si l’Italie a davantage besoin de recevoir de l’argent collecté par cette dette, l’Italie en recevra plus que sa part normale, même s’il faudra bien sûr que l’Union européenne rembourse la dette à un moment donné ».

 

À la question de savoir si ce plan de relance s’apparente à de la solidarité européenne, c’est par l’affirmative que répond Yves Bertoncini tout en soulignant que « l’Allemagne n’a jamais refusé la solidarité européenne par le passé ». « Chaque année, l’Allemagne transfère des dizaines de milliers d’euros pour la Politique agricole commune ou à destination de fonds qui vont dans les régions de la Grèce ou de l’Espagne en difficulté. Simplement, la différence est que l’Allemagne a toujours refusé de s’endetter en commun à des niveaux aussi élevés par peur de signer un chèque en blanc à des États qui sont moins bien gérés qu’elle, notamment au Sud de l’Europe. De ce point de vue là, Angela Merkel accepte de faire un pas qui est significatif pour consolider le fonctionnement de la zone euro et contribuer à la relance de l’économie européenne. On amplifie les solidarités qui sont à l’oeuvre dans le budget communautaire. Il ne faut pas seulement laisser la BCE faire son travail de solidarité mais que les États assument leur part ».

 

Enfin, pour le Président du ME-F, il est important de noter que malgré les réticences de plusieurs États à s’endetter en commun, tels que l’Autriche, la Suède ou le Danemark, « d’autres pays acceptent de payer depuis des années, notamment la France qui a une conception assez instinctive de la solidarité européenne ». « Et c’est pour cela qu’il est important que la France et l’Allemagne se soient mis d’accord au préalable pour afficher que cette solidarité est nécessaire et utile. Il va falloir maintenant, sur la base d’une proposition de la Commission Européenne, négocier et convaincre tous ces pays à obtenir un vote de leurs Parlements nationaux. Par ailleurs, il faut apporter des garanties pour que ces fonds supplémentaires soient utilisés à bon escient. Il en va de l’intérêt commun des 27 que cette solidarité, se mette en place. »