Yves Bertoncini, Président du Mouvement Européen – France, était l’invité du 28 minutes d’Arte ce mardi 17 avril pour analyser le discours d’Emmanuel Macron au Parlement européen, le lancement des consultations citoyennes sur l’Europe et l’actualité européenne.
Listes transnationales : Emmanuel Macron dans le jeu politique européen
Interrogé sur le rejet de la proposition de mettre en place des listes transnationales aux élections européennes par le Parlement européen en février dernier, Yves Bertoncini note qu’Emmanuel Macron « essaie de mettre en turbulence le système politique européen ». Mais dans un système d’États membres et de groupes politiques bien installés, « il sait que sa nouveauté est une faiblesse. Son but était donc d’utiliser d’autres modes d’élection avec la mise en place de listes transnationales. Ça n’a pas marché parce que les autres forces politiques et notamment le PPE (la droite européenne) n’ont aucune intention de se laisser ‘tondre’ ».
Consultations citoyennes, faire remonter propositions et critiques sur l’Union européenne
En dehors des britanniques, « les autres peuples veulent rester membres de l’Union européenne » analyse le Président du Mouvement Européen. Expliquant le principe des consultations citoyennes, il complète : « il y a par contre une certaine forme de naïveté à considérer qu’en reparlant aux peuples tout va s’arranger. Les crises récentes montrent la division des peuples européens. Dans la crise de la zone euro, la majorité des allemands ne pensaient pas comme la majorité des grecs. Dans la crise migratoire, la majorité des hongrois ne pensaient pas comme la majorité des suédois. »
« Les consultations citoyennes consistent à écouter nos concitoyens en France – où cela va être fait massivement, le Mouvement Européen va évidemment y contribuer – et en Europe pour écouter ce qu’ils ont à dire. » Des synthèses seront ensuite réalisées et soumises aux chefs d’Etat et de Gouvernement de l’Union européenne à la fin de l’année. « On verra alors s’il y a des convergences, par exemple face au défi climatique ou encore au défi russe. Il y aura peut-être aussi des divergences importantes et là il faudra en tirer des conséquences » analyse-t-il.
Taxation européenne des entreprises du numérique, un vœux pieu ?
L’actualité européenne est également animée par le dossier de la taxation des géants du numérique – les GAFA – et la proposition de la Commission d’aller vers une taxe européenne de 3%. « Tant que les Etats membres sont divisés, les GAFA se jouent d’eux et en profitent » analyse le Président du Mouvement Européen. « Plutôt que de se faire concurrence, il serait temps d’adopter une taxe minimale qu’on pourrait utiliser en commun dans le budget européen ou à défaut se répartir entre Etats membres ». Yves Bertoncini appelle néanmoins à une avancée prudente « sur ce sujet national ».
Brexit : « une amputation douloureuse »
Concluant sur le Brexit, le Président du Mouvement Européen y voit « d’abord d’une amputation douloureuse, pour les britanniques comme pour nous », ainsi qu’une opportunité, notamment sur la question de la sécurité. « Face aux défis géopolitiques et au retrait des Etats-Unis, le départ britannique permet de faire avancer l’Union et de faire des progrès en termes de sécurité, de justice ou encore sur le dossier militaire ».