Si l’Union européenne ne peut pas tout, elle agit dans de nombreux domaines pour améliorer le quotidien de ses citoyens. C’est pourquoi le Mouvement Européen France a développé des argumentaires pour défendre les acquis de l’Europe et des ripostes pour combattre les idées reçues
Les avantages de l’euro sont multiples
L’euro est sans doute la réalisation la plus concrète de l’intégration européenne pour les citoyens. Dès le début, l’euro a simplifié la vie de millions de citoyens et d’entreprises pour leurs déplacements et leurs affaires à travers l’Europe. 95 % des entreprises françaises fixent leurs prix à l’exportation en euro.
Auparavant, la nécessité d’échanger des devises impliquait des coûts et des risques supplémentaires dans les transactions transfrontalières. Les réalignements de taux de change qui ont périodiquement traumatisé les économies européennes sont devenus de l’histoire ancienne.
L’euro a permis de limiter la hausse des prix
Depuis l’introduction de l’euro, l’inflation (la hausse des prix chaque année) a diminué en Europe et en France. Avant l’euro, l’inflation en France pouvait atteindre des niveaux très élevés, jusqu’à plus de 10 % dans les années 1980. Depuis l’euro, la hausse des prix n’a quasiment jamais dépassé 2 % par an.
Les prix n’ont donc pas augmenté plus vite depuis qu’on utilise l’euro : c’est même l’inverse qui s’est produit ! (Voir Avec l’euro, tout a augmenté, sauf mon pouvoir d’achat ! Vraiment ?)
L’euro a contribué à faire baisser les coûts liés aux intérêts des emprunts
Depuis la création de l’euro, les taux d’intérêt ont très nettement diminué réduisant le coût des emprunts pour tous les acteurs : l’Etat, les entreprises, les ménages. Le taux d’intérêt des crédits aux particuliers est ainsi passé de 5,6% en décembre 1998 à 1,5% en décembre 2018. Par rapport à la période antérieure du franc, l’Etat économise ainsi chaque année au moins 35 milliards d’euros, soit l’équivalent du budget de la défense (source Banque de France).
L’euro, 2e monnaie internationale
L’euro est la deuxième devise la plus importante dans le monde, après le dollar américain, puisqu’un cinquième des réserves mondiales de change sont détenues en euros. L’euro est, de plus, la deuxième monnaie la plus utilisée dans les paiements internationaux. En 2017, 36% des paiements internationaux ont été libellés en euros. Par comparaison, le dollar américain représente environ 40% du total des paiements.
Toutefois, l’utilisation internationale de l’euro n’est pas encore revenue à la situation qui était la sienne avant la crise financière et pourrait se développer nettement plus sur la scène mondiale pour que l’euro soit davantage utilisé à la mesure du poids politique, économique et financier de la zone euro.
C’est pourquoi la Commission a proposé de nouvelles mesures visant à accroître l’utilisation de l’euro dans les secteurs stratégiques clés : énergie, matières premières et secteur des transports. Par exemple, il est anormal que plus de 80 % des importations d’énergie de l’Europe soient facturées et payées en dollars américains, alors que l’énergie fournie provient principalement de Russie, du Moyen-Orient et d’Afrique et que l’UE est le premier importateur mondial d’énergie.
Les dangers d’une sortie de l’euro
Les détracteurs de l’euro, qui sont d’ailleurs de moins en moins nombreux, regrettent le temps des dévaluations. En dévaluant sa monnaie, la France rendrait ses produits plus compétitifs et exporterait davantage. La réalité, c’est que la France importe plus qu’elle n’exporte (importations 2018 : 552,6 milliards d’euros ; exportations 2018 : 493 milliards d’euros).
Une dévaluation entraînerait immédiatement une hausse des prix des produits importés et donc une perte de pouvoir d’achat. Il n’est même pas certain qu’une dévaluation aiderait les entreprises exportatrices dans la mesure où leurs produits sont fabriqués à partir de matières premières, de pièces et de composants importés dont le coût serait également renchéri.
En dehors des effets sur le commerce extérieur, il est illusoire de penser que les problèmes économiques de la France, quel que soit le diagnostic que l’on en fait, disparaîtraient comme par magie avec le retour au franc ! La sortie de l’euro ne ferait que diminuer le pouvoir d’achat et l’épargne des Français, surtout des plus fragiles. Elle provoquerait une remontée des taux d’intérêt et de l’inflation, une dévalorisation des patrimoines et de l’épargne, une augmentation de la dette publique (qui atteint déjà 99% du PIB en 2019), une fuite des capitaux vers l’étranger, et au total une perte de confiance dans l’économie française et une aggravation du chômage.
Loin d’améliorer la situation économique de la France, la sortie de l’euro ne ferait que l’aggraver et menacer l’avenir de l’ensemble de la zone euro et de l’Union européenne.
Le prix Nobel d’économie J. Stiglitz est-il pour la fin de l’euro ? Non !
Certains ouvrages d’économistes reconnus ont des titres bien plus dramatiques que le contenu des ouvrages proprement dit (ce sont les éditeurs qui choisissent les titres en général !). Il suffit de les ouvrir pour voir qu’aucun de ces économistes ne souhaite la fin de l’euro. Au contraire, ils proposent des solutions pour renforcer la gouvernance économique de la zone euro, dont certaines sont d’ailleurs également proposées par la Commission européenne ou même déjà mises en œuvre (plan d’investissement, union bancaire).
«Une forme de budget européen, plus ambitieux que celui d’aujourd’hui, est indispensable» (dans Le Monde du 14/9/16) pour l’avenir de la zone euro, selon Joseph Stiglitz, qui propose dans son dernier livre plusieurs pistes : «on peut créer une zone euro qui fonctionne, qui répande la prospérité et qui fasse avancer la cause de l’intégration européenne». La Commission Juncker a publié ses propositions pour renforcer l’Union économique et monétaire. La balle est maintenant dans le camp des Etats membres.
L’étude contestée du CEP sur les gagnants et les perdants de l’euro
En février 2019, le Centre de politique européenne de Fribourg, Think tank allemand, publiait un rapport discutable censé présenter les perdants et les gagnants de la création de l’euro. La France et l’Italie seraient les grands perdants alors que l’Allemagne serait le grand gagnant, imputant à l’euro la faiblesse de croissance de certains Etats membres. La méthodologie de l’étude a été très largement contestée par nombre d’économistes par les hypothèses non réalistes sur lesquelles elle se base.
Pour les besoins de la démonstration, l’Allemagne est comparée au Japon, la France à l’Australie, la Belgique et l’Italie avec le Royaume-Uni et la Grèce et le Portugal avec la Barbade (micro-État insulaire situé en mer des Caraïbes). Ces comparaisons sont pour le moins curieuses tant ces pays semblent éloignés sur le plan géographique, économique et social. On peut s’interroger sur les motivations d’une telle étude, à la méthodologie très contestable mais qui s’est offert le luxe d’une certaine visibilité médiatique. Lorsque l’on regarde les évolutions de la richesse par habitant (mesurée par le PIB/habitant) dans la zone euro, elle a augmenté de 5,4% entre 2008 et 2018, la France se situant dans cette moyenne (5,1%). Voir chiffres Eurostat.