#UEdécryptée // « Est-ce que’une force d’intervention européenne aurait un sens ? »

Si l’Union européenne ne peut pas tout, elle agit dans de nombreux domaines pour améliorer le quotidien de ses citoyens. C’est pourquoi le Mouvement Européen France a développé des argumentaires pour défendre les acquis de l’Europe et des ripostes pour combattre les idées reçues

Défense Nationale … Chacun pour soi !?

 Près d’un million et demi d’hommes et de femmes  servent dans les armées des 28 pays de l’Union Européenne. Souvent bien entrainés, disposant d’équipements et de systèmes d’armes différents, pas toujours compatibles, ces personnels militaires  répartis sur l’ensemble du territoire Européen sont au service de la défense et de la sécurité de leurs propres concitoyens. Ils oeuvrent dans le cadre  de la « défense nationale  » de leur pays, répondent aux ordres de leur gouvernement et appliquent la politique de défense définie par leurs autorités nationales. C’est ainsi qu’en France, les forces armées sont subordonnées au Président de la République, qui, en qualité de chef des armées, a le pouvoir de les engager  dans des opérations  à l’intérieur  ou à l’extérieur du territoire national. Mais chaque Etat-membre de l’Union a ses propres règles d’emploi de la force armée  et des procédures fort diverses, qui passent le plus souvent par la représentation nationale. C’est notamment le cas pour l’Allemagne, partenaire majeur au cœur de la défense européenne.

Ce constat a des conséquences importantes dès lors qu’il y a lieu de mener dans l’urgence  une opération commune de rétablissement ou de maintien de la paix, notamment lorsqu’une crise menace la sécurité commune ou plus largement l’équilibre international.

De plus, au-delà des opérations visant à garantir la paix dans telle ou telle partie du monde, les cataclysmes naturels dont la planète est le théâtre de plus en plus fréquemment nécessitent l’envoi de secours d’urgence ; or nulles ne sont plus aptes que des unités militaires à mettre rapidement à la disposition des populations sinistrées des moyens de première nécessité et à maitriser les désordres  inhérents à ce type de catastrophes.

 Au-delà de la défense nationale, pourquoi pas une force Européenne…?

 Une Force d’Intervention Européenne susceptible d’être engagée dans des opérations de rétablissement et de maintien de la paix, mais aussi dans les circonstances souvent dramatiques des catastrophes naturelles, offrirait aux Etats-membres impliqués des possibilités  accrues  par mutualisation des moyens  matériels et humains  et par optimisation de leur emploi.

En fait depuis une vingtaine d’années, l’Union Européenne a mené plusieurs interventions en opérations extérieures, mais très curieusement, alors qu’elle dispose en permanence de 2 Groupements tactiques multinationaux d’environ 1500 hommes chacun, elle n’a pu les engager  et a  dû chaque fois mettre sur pied une force de circonstance ! En fait l’engagement de ces Groupements tactiques relève encore des autorités nationales des pays impliqués et la procédure de leur emploi  par l’Union Européenne n’est pas adaptée. Ces unités, bien que d’un volume modeste, pourraient néanmoins constituer  l’amorce d’une force d’intervention Européenne permanente, à condition de mettre au point des procédures d’engagement adaptées.

Cette force d’intervention devrait alors disposer de matériels au minimum interopérables  et si possible identiques. C’est dire que l’industrie Européenne de défense devrait en constituer la base technologique pour réaliser des équipements communs et qu’une politique industrielle  devrait en assumer la  cohérence. Un de nos objectifs essentiels doit être de développer ces filières industrielles communes – des « Airbus de la défense » -, ce qui suppose de normaliser les caractéristiques recherchées et de faire des choix efficaces de localisation.

Demain une capacité d’intervention véritablement  européenne…

En fait, les différents Etats membres de l’Union Européenne sont désormais bien conscients de la nécessité d’aller de l’avant en matière de défense ; la situation internationale les incite à développer une capacité autonome d’intervention et plusieurs initiatives ont été lancées récemment , qui devraient permettre à moyen terme de répondre plus rapidement et plus efficacement aux défis de leur sécurité : Création d’une Structure Permanente de Coopération (CSP) devant permettre l’aboutissement d’une trentaine de projets communs, instauration d’un Fonds Européen de défense pour la prise en charge par la Commission Européenne des dépenses de R&T de défense et une participation au développement de programmes communs d’armement, enfin participation d’une dizaine d’Etats membres à une réflexion stratégique commune en vue d’engagements opérationnels dans le cadre de l’Initiative Européenne d’Intervention(IEI).

tiré du Dictionnaire des idées reçues de la Ligue Européenne de Coopération économique