Si l’Union européenne ne peut pas tout, elle agit dans de nombreux domaines pour améliorer le quotidien de ses citoyens. C’est pourquoi le Mouvement Européen France a développé des argumentaires pour défendre les acquis de l’Europe et des ripostes pour combattre les idées reçues
Depuis 1949 la défense collective de l’Europe repose sur l’Alliance Atlantique dont le bras armé est l’OTAN. Or au sein de l’OTAN, les dépenses de défense des Etats membres de l’Union Européenne sont depuis des décennies 3 fois moindres que celles des Etats-Unis.
La culture de la dépendance vis-à-vis de l’allié américain n’est pas sans conséquences
Cette culture de la dépendance aux plans politique, stratégique, militaire et industriel, qui s’est instaurée dans les mentalités depuis 70 ans, prive de fait l’Union Européenne de l’autonomie stratégique qui lui permettrait d’affirmer son rôle d’acteur majeur dans les équilibres internationaux. En réalité, la défense de notre territoire est soumise à la volonté des Etats-Unis et à des intérêts stratégiques pas toujours en convergence avec les intérêts européens. Il n’est pas sûr que les Français aient bien conscience de cette dure réalité…
Or la politique des Etats-Unis, déjà exprimée par le Président Obama, et martelée désormais par le Président Trump, fixe clairement la priorité sur l’Asie Pacifique. L’article 5 du traité qui affirme la solidarité totale des Etats membres de l’Alliance Atlantique en matière de défense et nous garantit officiellement contre toute attaque pourrait perdre de sa crédibilité si l’Europe ne fait pas le nécessaire pour se prendre en main.
L’année 2017 a été marquée par une profonde et réelle prise de conscience, tant au niveau des chefs d’Etat (Conseil Européen) qu’à celui de la Commission Européenne
Certes, les mentalités, chez la plupart de nos partenaires, n’en sont pas encore à assumer la défense collective de l’Europe. Cependant, la question de l’autonomie stratégique, voire celle de l’indépendance de l’Europe en matière de défense, est désormais posée.
Il en est résulté un élan qui a notamment débouché sur la Coopération Structurée Permanente – une mise en commun des capacités militaires déjà prévue par le traité de Lisbonne et enfin mise en œuvre – ainsi que des décisions importantes prises par la Commission en matière de financement de la recherche de défense et du développement des programmes communs d’armement. Le Président Macron a pour sa part initié un processus de coopération stratégique en vue d’interventions militaires en commun, initiative qui réunit 10 états membres, notamment ceux qui possèdent les forces armées les plus opérationnelles, ce qui inclut la Grande-Bretagne en dépit du probable Brexit.
La progression vers l’objectif d’une défense commune autonome est donc engagée.
A court/moyen terme, cette défense Européenne mettra en œuvre des unités interopérables fournies par les Etats membres et placées sous le commandement d’un Quartier Général Européen, réservant à un avenir beaucoup plus lointain de réaliser le rêve d’une armée Européenne intégrée dans laquelle les nationalités s’effaceraient au sein d’un statut du « soldat européen ».
Même ainsi cadrée, la route pour atteindre l’autonomie stratégique prônée par l’Union Européenne sera difficile et incertaine. Tout d’abord soyons bien conscients qu’il n’y aura de véritable défense européenne crédible que si les budgets de défense des Etats membres font un bond significatif, ce qui implique des arbitrages difficiles au niveau des Etats, mais aussi au niveau du budget de l’UE qui devra en prendre sa part.
Prenons conscience des enjeux liés au résultat des élections au Parlement Européen au printemps 2019 et à la Commission qui en découlera.
Si les partis eurosceptiques ou europhobes font une percée significative, ce sont toutes les avancées vers une Europe enfin responsable et efficiente en matière de sécurité et de défense qui seront remises en cause. Plus que tout autre, le domaine de la Défense de l’Europe passe par l’union, car l’union fait la force. En fait, la sécurité et la paix constituent – et de loin – la 1ère responsabilité des gouvernants. Leur préservation a été sous-estimée, sinon négligée pendant plusieurs décennies !
C’est pourquoi, lorsque chacun mettra son bulletin dans l’urne le 26 mai 2019, il jouera d’une certaine façon l’avenir de notre continent, de sa protection dans une situation internationale de plus en plus tendue et de sa capacité à rester maître de son destin.
tiré du Dictionnaire des idées reçues de la Ligue Européenne de Coopération économique