Si l’Union européenne ne peut pas tout, elle agit dans de nombreux domaines pour améliorer le quotidien de ses citoyens. C’est pourquoi le Mouvement Européen France a développé des argumentaires pour défendre les acquis de l’Europe et des ripostes pour combattre les idées reçues
Certes la France est un pays souverain et doit rester maitresse de son destin. Mais dans le contexte contemporain d’un monde profondément interdépendant, la plupart des menaces qui pèsent sur notre pays sont partagées par nos partenaires européens. Celles-ci sont plus ou moins graves, plus ou moins spécifiques selon qu’elles concernent le nord, l’est ou le sud de l’Union Européenne. Il n’en reste pas moins que la solidarité s’impose au sein de l’Union dès lors qu’une partie de celle-ci se trouve menacée. La crise Ukrainienne est là pour nous le rappeler, le terrorisme islamique frappe autant à Madrid qu’à Berlin, Stockholm ou Paris et la situation explosive du Moyen Orient concerne chaque pays d’Europe.
De ce fait peut-on concevoir pour la France une politique de défense et de sécurité exclusivement et strictement nationale ?
S’il est légitime de conserver la maitrise de la défense de nos intérêts vitaux, c’est-à-dire de faire face par une dissuasion nucléaire ou globale à des attaques spécifiquement ciblées sur notre territoire ou sur les intérêts économiques fondamentaux pour la survie des Français, il faut assumer avec réalisme l’imbrication politique et économique des pays de l’U.E., qui impose une vision élargie de notre défense et de notre sécurité. Cette vision dépasse du reste le seul cadre européen, puisque en l’état actuel, la défense collective des pays membres de l’Alliance Atlantique repose sur l’OTAN. Notre défense nationale n’est donc déjà pas entre les seules mains françaises !
Mais au-delà même de ces considérations géopolitiques, force est de constater que le maintien d’une capacité globale de défense, susceptible de faire face seule à toute la gamme des menaces présentes et futures n’est pas à la mesure d’un financement national. Le budget de la défense Français, hors pensions, est actuellement de l’ordre de 33 Milliards d’Euros, soit 1,47% du PIB. L’objectif que s’est fixé le Président de la République est de porter cet effort (hors pensions) à hauteur de 2% du PIB en 2025, soit de l’ordre de 46 milliards d’euros. Cela constitue déjà un bond considérable, au regard des autres besoins en financement pour l’équilibre du pays.
Atteindre cet objectif, qui du reste correspond aux exigences tant de l’OTAN que de l’UE, ne pourra se faire qu’au détriment d’autres secteurs publics : enseignement, santé, aides sociales, transition écologique, etc…. Comment imaginer qu’au-delà de cet effort déjà extrêmement ambitieux, on puisse assumer le financement d’une défense moderne, indépendante et strictement nationale, élargie à la totalité du spectre des menaces, tout en respectant tous les impératifs régaliens que l’Etat doit satisfaire par ailleurs? Une telle ambition n’est plus à la mesure des possibilités de la France d’aujourd’hui. Il ne sert à rien de ressasser avec nostalgie la période Gaulliste au cours de laquelle la France consacrait 4% de son PIB à la Défense et disposait de forces armées beaucoup plus conséquentes que maintenant (*).
A l’évidence, il faut unir nos forces avec des partenaires qui sont soumis aux mêmes menaces que nous – dans un effort commun pour aboutir à une défense européenne crédible et autonome à horizon 2025.
(*) Pour mémoire, et en prenant bien en compte les bouleversements géopolitiques de l’après-guerre froide et la modernisation des systèmes de défense incluant désormais domaine spatial, drones, missiles de croisière ou hélicoptères d’attaque, le bilan ci-dessous est néanmoins significatif de la chute du budget de la défense :
– à la fin de la décennie 60, les forces armées françaises comptaient, outre les 3 composantes océanique, aérienne et terrestre de la dissuasion nucléaire, de l’ordre de 450 000 hommes et 1400 chars de bataille dans l’armée de terre, de 90 000 hommes et 450 avions de combat dans l’armée de l’air, de 75 000 hommes et plus d’une centaine de bâtiments de combat dans la marine.
– en 2018 la France compte, outre les 2 composantes océanique et aérienne de la dissuasion nucléaire, de l’ordre de 90 000 hommes projetables en opérations et 250 chars de bataille dans l’armée de terre, de 50 000 hommes et 300 avions de combat dans l’armée de l’air, de 36 000 hommes et 70 bâtiments de combat dans la marine.
tiré du Dictionnaire des idées reçues de la Ligue Européenne de Coopération économique