Si l’Union européenne ne peut pas tout, elle agit dans de nombreux domaines pour améliorer le quotidien de ses citoyens. C’est pourquoi le Mouvement Européen France a développé des argumentaires pour défendre les acquis de l’Europe et des ripostes pour combattre les idées reçues
10 raisons pour lesquelles le succès d’Airbus est indissociable de celui de l’UE
Airbus est né dans les années 70 – à une époque où l’Union européenne était loin d’être ce qu’elle est aujourd’hui – d’une construction intergouvernementale à quatre États. Cela ne veut pas dire que son développement et sa réussite internationale ne sont pas liés au développement parallèle de la construction européenne. Au contraire.10 raisons pour lesquelles le succès d’Airbus est indissociable de celui de l’Union européenne :
- Airbus est un des principaux bénéficiaires du marché unique européen. Ses principaux sites sont implantés dans quatre pays de l’UE, entre lesquels les échanges sont permanents. Les avions produits par Airbus sont développés tout au long d’une chaîne de valeur véritablement européenne. Airbus ne pourrait pas être organisé de la sorte sans libre-circulation des biens et des travailleurs.
- Airbus bénéficie d’un système unique de certification des avions et de normes de sécurité aérienne communes à tous les pays de l’UE et reconnues dans le monde.
- Airbus prend part aux programmes européens Copernicus (le système européen d’observation de la Terre) et Galileo (le GPS européen). Airbus fournit notamment leurs satellites, pour plusieurs centaines de millions d’euros par an. Sur les sept dernières années, l’UE a investi 12 milliards d’euros dans l’espace.
- Airbus bénéficie des programmes de recherche et développement européens comme le programme drones ou l’initiative technologique conjointe Clean Sky, qui développe des solutions pour rendre le transport aérien plus propre et répondre aux défis énergétiques et environnementaux de l’aéronautique. Airbus bénéficie également de programmes européens liés aux transports (par exemple sur la sécurité aérienne) et aux télécommunications.
- Airbus Group a adopté le statut de société européenne en 2015, qui répond à ses besoins de faciliter ses activités au sein de l’espace européen. Jusque-là, Airbus devait recourir à autant de formes commerciales que de pays où il était implanté. Le statut de société européenne permet de porter plus facilement des partenariats entre entreprises de différentes nationalités européennes. Il permet également de répondre plus facilement à un appel d’offre européen ou de bénéficier d’aides communautaires.
- Airbus bénéficie indirectement du développement du trafic aérien en Europe (plus de 2 milliards de passagers aériens en 2017 selon l’ACI, l’Association des aéroports européens, un chiffre qui ne cesse d’augmenter).
- Airbus s’appuie sur la Banque européenne d’investissement (BEI) pour financer ses projets. La BEI et Airbus Group ont signé, en janvier 2015, un nouveau contrat de financement de 500 millions d’euros destiné à soutenir les programmes d’innovation et de recherche-développement d’Airbus en Europe, dont 400 millions d’euros en faveur d’activités d’innovation et de recherche-développement en France. Ce projet vise à favoriser le développement de produits novateurs pour réduire l’incidence de l’aviation sur l’environnement grâce à une plus grande efficacité énergétique des appareils. Ce nouveau contrat de financement porte à 1,3 milliard d’euros le volume total du soutien de la BEI à Airbus Group depuis 2011.
- Airbus est défendu par la Commission européenne à l’OMC face aux États-Unis. Depuis 2004, Europe et États-Unis sont engagés dans un conflit commercial sans précédent, à l’OMC, sur les subventions à Airbus et à Boeing. L’UE a obtenu la condamnation des États-Unis pour l’octroi de subventions destinées à la conception et à la production du Boeing 777X, qualifiées de subventions «prohibées» par le panel d’expert. Il s’agit d’une décision rarissime à l’OMC. Trois conflits commerciaux sont toujours en cours à l’OMC concernant Airbus et Boeing : deux à l’initiative de l’UE et un à l’initiative des États-Unis.
- Pour toutes ces raisons, les dirigeants d’Airbus au Royaume-Uni avaient pris position à l’unanimité pour rester dans l’Union européenne avant le référendum de juin 2016 : «Parce que le succès d’Airbus au Royaume-Uni repose sur un modèle industriel très compétitif et très intégré en Europe […], entièrement fondé sur la libre circulation des idées, des personnes et des biens dans toute l’Europe et parce que quitter l’UE n’améliorera pas la compétitivité de la base industrielle britannique. Les investissements futurs dépendront énormément de l’environnement de l’entreprise.»[1]
Airbus s’inquiète en particulier des limitations aux mouvements de personnes et des problèmes en douane : le groupe fabrique les ailes de tous ses avions au Royaume-Uni et effectue plusieurs fois par jour des livraisons de son usine galloise à ses usines de Toulouse et de Hambourg. Les ingénieurs font des allers-retours permanents entre les différents sites.
- La Première Ministre britannique Theresa May a fait du maintien d’Airbus au Royaume-Uni (et des 14 000 salariés qui travaillent pour l’avionneur) un de ses objectifs prioritaires. Elle a également exprimé la volonté de rester membre de l’Agence spatiale européenne et de l’Agence de sécurité aérienne de l’Union européenne.
Et un onzième point suite aux derniers développements : le patron d’Airbus, Tom Enders, a tiré la sonnette d’alarme, début 2019, face au risque d’un Brexit dur, évoquant pour la première fois un possible transfert de la production des ailes des Airbus vers d’autres pays. «En cas de Brexit sans accord, Airbus devra prendre des décisions très douloureuses pour le Royaume-Uni», a-t-il prévenu. «L’industrie aéronautique britannique est au bord du précipice. Le Brexit risque de détruire un siècle de progrès basés sur l’éducation, la recherche et les talents […] S’il vous plaît, n’écoutez pas la folie des partisans du Brexit qui croient que parce que nous avons d’importants sites industriels au Royaume-Uni, nous ne bougerons pas et nous serons toujours là. Ils se trompent».