Si l’Union européenne ne peut pas tout, elle agit dans de nombreux domaines pour améliorer le quotidien de ses citoyens. C’est pourquoi le Mouvement Européen France a développé des argumentaires pour défendre les acquis de l’Europe et des ripostes pour combattre les idées reçues
La Banque Centrale Européenne a eu 20 ans en 2018 Ces deux premières décennies de son existence ont été très contrastées. Mais dans tous les cas, la BCE s’est avérée un ciment puissant de la construction européenne.
Vingt ans de taux d’inflation et de taux d’intérêts bas
La BCE a d’abord assuré – ce n’était pas une mince affaire – la mise en place de l’euro comme monnaie unique à partir du 1er janvier 1999, puis la mise en circulation concrète des pièces et des billets en euros le 1er janvier 2002. Elle a ensuite veillé à respecter les Traités qui lui assignent « l’objectif principal de maintenir la stabilité des prix ». Et en dépit de l’augmentation du prix de certains produits comme la baguette de pain ou le café au comptoir au moment de la transition, le rythme d’évolution du niveau général des prix est resté remarquablement stable et modéré depuis lors (voir fiche n° 1). Les citoyens ont apprécié les avantages de cette monnaie unique notamment parce que, dans toute la zone euro, elle facilite grandement les déplacements et les relations ainsi que la comparaison immédiate des prix. Et ils se montrent aujourd’hui partout très attachés à la préservation de la monnaie unique. En outre, pendant près de dix ans, les taux d’intérêt ont été faibles et surtout ont été les mêmes dans tous les pays de la zone euro, leur permettant ainsi une croissance économique assez soutenue.
La BCE a permis de surmonter la crise des « sub-primes »
Le 15 septembre 2008, la faillite de la Banque américaine Lehman Brothers déclenchait la grave crise financière mondiale dite « des sub-primes ». On est alors entré dans une période où la méfiance a gelé les relations entre les banques ; elles ont réduit considérablement les crédits aux entreprises et aux particuliers et certaines ont été menacées de faillite ; l’activité économique a reculé considérablement, provoquant une forte aggravation du chômage. La BCE a alors réagi très vite et très fort, dans le cadre de la mission complémentaire que lui assignent les Traités : « Sans préjudice de l’objectif de stabilité des prix, la BCE apporte son soutien aux politiques économiques générales dans la Communauté ». Elle a injecté plus de 500 milliards d’euros pour fournir aux banques toutes les liquidités dont elles avaient besoin et pour faire repartir le crédit aux entreprises et aux ménages.
La BCE a fait face à la crise des dettes publiques
Cependant la zone euro a basculé dans une nouvelle épreuve avec la révélation en avril 2010 de la crise budgétaire de la Grèce (déficit de 13% du PIB, dette publique de 177% du PIB). Les marchés financiers ont alors cessé de considérer la zone euro comme homogène et se sont mis à prêter à des taux d’intérêt élevés à la Grèce, mais aussi à d’autres pays (Espagne, Portugal, Irlande, Italie) et à des taux d’intérêt réduits à la France et surtout à l’Allemagne. La BCE a alors apporté des contributions essentielles pour surmonter cette crise à rebondissements. A partir de fin 2011 (Long Term Refinancing Operations), elle a accordé plus de 500 milliards de prêts à trois ans à 800 banques des Etats membres. Enfin, pour enrayer les anticipations persistantes d’éclatement de la zone euro, Mario Draghi , président de la BCE) a annoncé le 26 juillet 2012 : « Dans le cadre de son mandat, la BCE est prête à tout (« whatever it takes ») pour préserver l’euro » ; il a annoncé un programme « OMT » de rachat par la BCE, sans limitation, d’emprunts d’Etat arrivant à échéance dans 1,2 ou 3 ans, pour les pays qui feraient appel à l’aide du Mécanisme européen de Stabilité (MES) : cette annonce a suffi à elle seule (donc sans avoir à être appliquée) à faire cesser la spéculation.
Dans le même temps, la BCE a fortement poussé à la mise en place du l’Union Bancaire. Et dans ce cadre, elle abrite depuis décembre 2013 le Mécanisme de Supervision Unique (MSU), qui est chargé de surveiller les 130 plus grandes banques de la zone euro et le cas échéant de les sanctionner, pour éviter que (à l’instar de la faillite de Lehman Brothers) elles ne menacent la stabilité financière de la zone. Ainsi, notre sécurité financière présente et à venir est désormais assurée en commun.
La BCE a évité la déflation
Face à une évolution des prix à la consommation au sein de la zone euro, qui a fortement ralenti en 2014 et est devenue négative au début de 2015, faisant craindre de tomber dans le piège de la déflation (comme dans les années 1930), la BCE a mis en place une politique d’ « assouplissement quantitatif » (utilisée avant elle par la Banque Fédérale des Etats-Unis), c’est-à-dire d’injection de liquidités dans l’économie par des rachats massifs de titres de dette sur les marchés. Elle a, à partir de mars 2015, injecté 60 milliards d’euros par mois ; ce n’est qu’en 2018 que ce programme a été progressivement clos; mais la BCE continue à acheter régulièrement un montant élevé d’obligations pour maintenir son encours (son bilan, qui a quadruplé, reste donc largement garni de titres d’emprunt). De plus, il n’est envisagé aucune augmentation des taux d’intérêt, qui seront maintenus quasi nuls (taux d’intérêt des opérations principales de refinancement : 0,05% par an) au moins jusqu’en juillet 2019.
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La BCE a donc démontré sa réactivité et son efficacité pour remplir son mandat et assurer la sauvegarde et l’intégrité de la zone euro. Institution de nature fédérale, chargée de conduire la politique monétaire de la zone et la surveillance commune des banques, elle reste unique en son genre au sein d’une Union Européenne qui n’a pas de budget « fédéral » (le « cadre financier » européen représente 1% du PIB européen, alors qu’aux Etats-Unis les recettes fédérales atteignent 17% du PIB). Les politiques budgétaires dépendent donc toujours de chaque Etat membre, même si elles sont soumises aux règles du Pacte de stabilité et de croissance. Cette dissymétrie institutionnelle limite les possibilités d’élaboration d’une politique macro-économique pleinement efficace.
On a pu dire que l’euro est une monnaie sans Etat, tandis que les pays de la zone euro sont des Etats sans monnaie. D’où les enjeux pour doter à l’avenir la zone euro d’institutions plus cohérentes.
tiré du Dictionnaire des idées reçues de la Ligue Européenne de Coopération économique