Bernard Deladerrière est le Président de la section locale du ME-F-Seine-Maritime et Délégué au Bureau d’Yves Bertoncini, en charge de l’assistance technique et de la formation. Engagé au ME-F depuis 1992, il a multiplié les actions pour faire rayonner la pensée européenne en France et au delà. Chevalier de l’Ordre des Palmes académiques depuis le 29 juin 2017, du fait de sa contribution exceptionnelle à l’enrichissement du patrimoine culturel des jeunes européens, il souhaite transmettre aux jeunes de tous âges des valeurs de paix, d’engagement et de partage.
1. Vous vous êtes engagé au M.E.F. dès 1992 et depuis vous avez multiplié les actions, quelles sont les actions dont vous êtes le plus fier ? Je me suis engagé au ME-F en 1992 après avoir assisté à Rouen, à une conférence intitulée « L’Europe, Est-Ouest, Nord-Sud ». L’ancien ministre du Général de Gaulle, Edgard Pisani était convié et ses mots ont fait office de révélation puisqu’ils m’ont poussé à m’engager au sein du Mouvement européen. L’actualité européenne liée à la réunification allemande après la récente chute du mur de Berlin et les troubles dans les Balkans allant de pair avec la fin l’URSS, fut largement discutée à l’occasion de cette conférence. Par nature je suis très actif et curieux, ainsi ces traits de mon caractère conjugués aux deux dimensions évoquées lors de la conférence furent mon moteur politique. J’ai décidé dès lors, de m’investir davantage en confirmant mon adhésion au ME-F et de continuer par ce moyen, à nourrir mon esprit d’ouverture sur le monde. Après une longue carrière de professeur, je suis convaincu de l’importance des voyages et des rencontres pour les jeunes de tous âges. J’ai eu l’occasion durant plus de 30 ans de parcourir l’Europe avec plus de 2000 jeunes, et je continue à le faire dans notre section locale de Seine-Maritime. En mars 2017, nous avons visité la Roumanie et la Moldavie où on a eu l’occasion de rencontrer des officiels locaux, d’observer d’autres façons de vivre et de découvrir avec intérêt et plaisir une autre culture tout simplement. Nous avons visité ainsi plus de 24 pays européens et l’objectif de ces voyages, dépasse largement le cadre touristique puisqu’ils favorisent le rayonnement de la pensée européenne.
2. L’actualité européenne a été riche et houleuse ces dernières années. Quelle est votre réaction à ce sujet ? Je suis originaire du Sud-ouest et plus précisément de la Dordogne. Mon père, qui a fait partie de la résistance, a voulu que j’apprenne l’allemand au collège. Ce n’était pas gagné en 1958. Mais c’était une façon pour lui, gaulliste convaincu, de faire le premier pas vers le rapprochement, pour éviter de reproduire une telle catastrophe ! Dans ce contexte, ma curiosité s’est développée de pair avec mon intérêt pour les langues étrangères. J’ai toujours suivi avec bienveillance l’actualité européenne, africaine et mondiale. Les derniers élargissements aux pays de l’Est en 2004 puis en 2007 ont déstabilisé le cours de la construction européenne d’antan. Par ailleurs, la mondialisation généralisée est également un autre facteur impactant la stabilité en Europe et l’Union européenne doit en tenir compte. Cette dernière doit relever pleinement le défi de la mondialisation et cette attente est particulièrement plus forte pour le couple franco-allemand, surtout avec le récent Brexit. Tous les matins, je fais ma revue de presse européenne habituelle. Le traitement des informations européennes en France est standard alors qu’il y a plein de choses à relayer. Nous avons besoin d’un éclairage multiple des problématiques actuelles que rencontrent les Etats européens, cela permettrait de mieux saisir les enjeux et de les relativiser grâce à la vision d’ensemble que l’on acquiert. Je regrette profondément la petite quantité d’informations européennes retransmises par les médias français, le faible niveau de connaissances des élus locaux de ces enjeux et le manque de formation des professeurs au sujet européen. Les échanges doivent se généraliser et s’amplifier : demain par exemple (le 20 juillet 2017) nous organisons à Cabourg dans le cadre de la relation franco-allemande, une table ronde intitulée « L’Europe à mi-chemin entre les élections en France et en Allemagne 2017 : état des lieux ».
3. Vous êtes chevalier de l’Ordre des Palmes académiques du fait de votre contribution exceptionnelle à l’enrichissement du patrimoine culturel des jeunes européens. Félicitations ! Quel message souhaiteriez-vous adresser à cette nouvelle génération ? Ma distinction était une nouvelle totalement inattendue. La demande de décoration a été introduite par Max Martinez un adhérent du ME-F et ami d’origine espagnole avec des valeurs morales extraordinaires. La cérémonie a eu lieu le 29 juin dans la Mairie de Canteleu avec Mélanie Boulanger, Maire de Canteleu, Christophe Bouillon, ancien maire de Canteleu et député de la 5e circonscription de Seine-Maritime, Sira Sylla, députée de la 4e circonscription, 2 inspecteurs académiques et d’autres convives. Ce fut un grand moment de bonheur et de fierté. Un de mes anciens élèves devenu maintenant lieutenant-colonel de police était présent. Il œuvre comme moi au rapprochement des communes européennes puisqu’il a récemment impulsé un jumelage entre des associations d’officiers de la police française et de la police allemande. D’autres initiatives de cet ordre ont déjà vu le jour, notamment en Angleterre et en Finlande et contribuent au rayonnement des villes et communes européennes. Ça fait plaisir ! Il faut prolonger cette dynamique, rappeler les initiatives déjà entreprises et développer l’action en faveur d’une Europe plus unie qui repose tout ou partie sur le droit. Nous avons un devoir de mémoire et chacun devrait à un moment donné vivre une expérience européenne à travers un voyage d’étude, Erasmus ou autre pour s’enrichir personnellement et conserver la paix. Ainsi si je devais synthétiser mon message aux jeunes de tous âges, j’utiliserais ces 3 mots clés suivants : mémoire, action et partage.