Le jeudi 2 mai 2019, le Président de la République italienne, Sergio Mattarella, s’est rendu en France pour commémorer les 500 ans de la mort de Léonard De Vinci. A cette occasion, Yves Bertoncini, Président du Mouvement Européen – France et Pier-Virgilio Dastoli, Président du Mouvement Européen – Italie , ont cosigné une tribune pour honorer l’amitié franco-italienne, la coopération des deux pays qui a permis de développer la construction européenne et l’identité culturelle que nous partageons en tant qu’Européens.
Le 2 mai 2019, seront célébrés les 500 ans de la mort de Leonard de Vinci. Né en Toscane, mort en Touraine, Leonard de Vinci n’était ni italien, ni français, il était avant tout Européen symbolisant l’identité culturelle de notre continent. Cet anniversaire doit être l’occasion de célébrer l’amitié franco-italienne et de bâtir ensemble des initiatives communes pour contribuer à l’avenir du projet européen.
Nos histoires sont étroitement liées, culturellement, économiquement, politiquement. L’Italie et la France, deux pays qui – avec Robert Schuman et Jean Monnet, Alcide de Gasperi et Altiero Spinelli – sont à l’origine du processus d’intégration européenne, ont contribué à transformer une grande partie de l’Europe d’un continent en guerre à un continent en paix, vivant dans une prospérité partagée. Pays fondateurs, nous avons une commune responsabilité à l’heure où l’Union européenne est à la croisée des chemins et doit faire face aux nationalistes qui veulent la désintégrer, remettre en cause l’Etat de droit et les principes de solidarité et d’unité qui cimentent sa construction.
L’entente franco-italienne est essentielle pour la poursuite du projet européen, ce qui suppose de s’écouter pour mieux se comprendre et envisager ensemble les prochaines étapes de la construction européenne permettant de retrouver une souveraineté partagée dans un monde globalisé.
Plusieurs sujets exigent cette entente pour impulser des politiques européennes communes, à commencer par la gestion des migrations. L’heure est maintenant venue, pour tous les pays de l’UE, d’assumer leur devoir de solidarité et de ne plus laisser les pays « porte d’entrée » gérer seuls ces flux. Définir une politique européenne commune d’asile et d’immigration est une exigence urgente pour les pays européens car c’est la seule façon de proposer des solutions globales et durables aux flux migratoires, basées sur le partage des responsabilités, l’accueil et le respect de la dignité des personnes fuyant les conflits, les persécutions ou les catastrophes, une coopération renforcée et renouvelée avec le continent africain.
La solidarité entre Etats membres doit aussi être de mise en matière industrielle, technologique ou de recherche pour assurer la souveraineté européenne face aux compétiteurs asiatiques, russes ou américains et pour respecter les objectifs du développement durable ainsi que les accords de Paris. L’épisode des Chantiers de l’Atlantique ne doit plus se reproduire et Français et Italiens doivent œuvrer ensemble pour l’industrie européenne et pour permettre la création de « champions européens ». C’est pourquoi ils doivent aussi soutenir une augmentation du budget annuel de l’UE avec une projection quinquennale, basé sur une capacité autonome de dépense et de prélèvements fiscaux sans augmenter la pression fiscale s’exerçant sur les citoyens européens. Car un budget augmenté est nécessaire pour financer des biens publics européens et les investissements en recherche et innovation qui permettront à l’Europe de continuer à jouer un rôle actif au niveau international.
Ce monde qu’il faut apaiser a besoin d’une Europe forte et unie. Face aux situations chaotiques en Libye et au Sahel, Italie et France doivent agir de concert plutôt que chacune de leur côté. La sécurité extérieure de l’UE ne peut être assurée que par une voix unique et par une véritable politique étrangère commune, incluant la dimension de la défense, dans toutes les instances internationales.
L’Italie et la France, membres de la zone euro, sont au cœur de l’UE. La préserver c’est préserver leurs capacités d’actions et leur prospérité dans un monde globalisé. Assurer cette prospérité c’est agir ensemble pour doter l’UEM d’un véritable gouvernement politique et économique et d’un budget approprié, dépasser les contradictions entre politique monétaire supranationale et politiques économiques et sociales largement nationales, réduire les inégalités et rétablir le travail dans sa position centrale.
Les élections européennes représentent un enjeu majeur dans ce contexte. Les citoyennes et les citoyens français et italiens sauront-ils montrer l’exemple en votant pour des candidats s’engageant dans les étapes indispensables de la construction européenne? Les élues et élus seront-ils capables d’ouvrir une nouvelle phase d’intégration suivant l’exemple du premier Parlement élu en 1979 et proposant un projet de réforme de l’UE? Pourquoi ne pas imaginer de réunir à nouveau des « assises interparlementaires sur l’avenir de l’Europe » en mai 2020 – soixante-dix ans après la Déclaration Schuman – comme il avait été proposé par François Mitterrand en octobre 1989 à la veille de la chute du Mur de Berlin?
En 1516 quand François 1er donna le château du Clos Lucé à Leonard de Vinci, il lui dit : « Ici Léonard, tu seras libre de rêver, de penser et de travailler ». Il est du devoir de la France et de l’Italie de faire en sorte que l’UE soit un lieu où chaque citoyen européen est libre de rêver, de penser et de travailler !
Version italienne de la tribune du Mouvement Européen – France et du Mouvement Européen – Italie
Il 2 maggio 2019 saranno commemorati i 500 anni dalla morte di Leonardo da Vinci. Nato in Toscana, morto a Touraine, Leonardo da Vinci non era né italiano, né francese. Era prima di tutto Europeo simboleggiando l’identità culturale del nostro continente. Quest’anniversario deve essere l’occasione per celebrare l’amicizia italo-francese e costruire insieme delle iniziative comuni per contribuire all’avvenire del progetto europeo.
Le nostre storie sono strettamente legate, culturalmente, economicamente, politicamente. L’Italia e la Francia, due paesi che – con Alcide De Gasperi e Altiero Spinelli, Robert Schuman e Jean Monnet – sono alle origini del processo di integrazione europea, hanno contribuito a trasformare gran parte dell’Europa da un continente in guerra a un continente in pace che vive in una prosperità condivisa. Paesi fondatori, abbiamo una comune responsabilità nel momento in cui l’UE è a un bivio e deve far fronte ai nazionalisti che vogliono disintegrarla, mettere in causa lo stato di diritto e i principi di solidarietà e di unità che sono alla base della sua costruzione.
Un buon accordo italo-francese è essenziale per il proseguimento del progetto europeo, il che presuppone di ascoltarsi per comprendersi meglio e immaginare insieme le prossime tappe della costruzione europea che permettano di ritrovare una sovranità condivisa in un mondo globalizzato.
Molti temi esigono questa buona intesa per dare un nuovo impulso alle politiche europee comuni, a cominciare dalle gestione dei flussi migratori. E’ venuto il momento, per tutti i paesi membri dell’UE, di farsi carico del loro dovere di solidarietà e non di lasciare più soli i paesi di prima accoglienza nella gestione di questi flussi. Definire una politica europea comune di asilo e di immigrazione è un’esigenza urgente per i paesi europei perché è il solo modo per proporre soluzioni globali e durature ai flussi migratori, basate sulla condivisione delle responsabilità, sull’accoglienza e sul rispetto della dignità di persone che fuggono da conflitti, da persecuzioni e da catastrofi, su una cooperazione rafforzata e rinnovata con i paesi mediterranei e il continente africano.
La solidarietà fra gli Stati membri deve essere applicata anche in materia industriale, tecnologica o di ricerca per garantire la sovranità europea di fronte alla competizione asiatica, russa o americana e per rispettare gli obiettivi dello sviluppo sostenibile e gli accordi di Parigi. L’episodio dei Cantieri dell’Atlantico non deve più ripetersi e Italiani e Francesi devono operare insieme per l’industria europea e per permettere la creazione di « campioni europei ». Per questa ragione devono sostenere l’aumento del bilancio annuale UE in una proiezione quinquennale, basato su una capacità autonoma di spesa e di prelievi fiscali senza aumentare il carico contributivo sui cittadini europei. Un bilancio più consistente è necessario per finanziare beni pubblici europei e investimenti in ricerca e innovazione che permetteranno all’UE di continuare ad avere un ruolo attivo a livello internazionale.
Questo mondo che bisogna pacificare ha bisogno di un’Europa forte e unita. Di fronte al caos in Libia e nel Sahel, Italia e Francia devono agire di concerto piuttosto che ciascuna per conto proprio. La sicurezza esterna dell’UE può essere garantita solo da una voce unica e da una vera politica estera comune, che includa la dimensione della difesa, in tutte le sedi internazionali.
L’Italia e la Francia, membri della zona euro, sono nel cuore dell’UE. Preservarla vuol dire preservare le loro capacità di azioni e la loro prosperità in un mondo globalizzato. Per garantire questa prosperità è necessario agire insieme per dotare l’UEM di un vero governo politico ed economico e di un bilancio appropriato, superare in una dimensione sopranazionale le contraddizioni fra una politica monetaria sopranazionale e politiche economiche e sociali largamente nazionali, ridurre le diseguaglianze e ristabilire il lavoro nella sua posizione centrale.
Le elezioni europee rappresentano una sfida molto importante in questo contesto. Le cittadine e i cittadini italiani e francesi sapranno dare l’esempio votando per dei candidati pronti ad impegnarsi nelle prossime tappe indispensabili della costruzione europea ? Le elette e gli eletti saranno capaci di aprire una nuova fase costituente seguendo l’esempio del primo Parlamento eletto nel 1979 e proponendo un progetto di riforma dell’UE ? Perché non immaginare – settanta anni dopo la Dichiarazione Schuman – di riunire delle nuove « assise interparlamentari sul futuro dell’Europa a maggio 2020 aperte al dialogo con la società civile, come furono proposte da François Mitterrand nell’ottobre 1989 alla vigilia della caduta del Muro di Berlino ?
Nel 1516, quando Francesco I dette il Castello di Clos a Leonardo da Vinci gli disse : « Qui Leonardo, sarai libero di sognare, pensare e lavorare ». E’ dovere dell’Italia e della Francia fare in modo che l’UE sia il luogo dove ogni cittadino europeo sia libero di sognare, di pensare e di lavorare.
Retrouvez la tribune publiée par le journal La Croix, et l’intégralité du texte en version française et italienne en PDF