Tribune du Mouvement Européen-France
– publiée le 20 septembre 2022 par Ouest-France et Euractiv –
L’approbation référendaire du traité de Maastricht en France il y a 30 ans a marqué une étape essentielle de la construction européenne, qui prend tout son sens dans le contexte géopolitique et politique actuel. La (courte) victoire du “oui” (51%) a non seulement permis de renforcer l’intégration politique de notre continent après la fin de la guerre froide, mais aussi de poser les bases de l’Union européenne que nous connaissons aujourd’hui, capable de faire face aux défis comme l’invasion russe en Ukraine en tant qu’Européens.
La création de l’euro est la conséquence la plus concrète du “oui” de 1992 et la plus palpable au quotidien pour environ 341 millions d’Européens, bientôt rejoints par les Croates en janvier 2023. Les Européens et les Français sont aujourd’hui très attachés à cette monnaie, symbole de l’unité européenne, du marché unique et qui rime avec robustesse et solidité ! Si Maastricht a posé les bases de l’Union économique et monétaire, la gestion de cette union n’a cessé de s’améliorer et de s’adapter depuis lors. La Banque centrale européenne s’est montrée très réactive et créative face aux crises; de nouvelles solidarités financières ont été développées entre les Etats, comme le plan de relance Next Generation EU; le Pacte de stabilité et de croissance a démontré toute sa flexibilité, déjouant tous les procès en dogmatisme. Comment aurions nous pu affronter la pandémie ou la guerre en Ukraine sans l’euro? Comment notre dette actuelle de 2 901 milliards d’euros serait-elle perçue et financée par les investisseurs si elle était libellée en francs, à hauteur de 19 035 milliards?! C’est grâce à l’euro qui nous protège que nous avons pu faire face aux périls, sans nous affaiblir dans des guerres monétaires intestines !
Le oui au référendum du 20 septembre 1992 a aussi permis de renforcer notre sécurité collective dans un monde devenu dangereux. Si l’UE peut prendre des sanctions contre l’agresseur russe qui a envahi l’Ukraine, c’est grâce à la politique étrangère et de sécurité commune (PESC), dont les bases ont été posées par le Traité de Maastricht. Celle-ci s’est approfondie progressivement, d’abord mise à l’épreuve pendant la guerre en ex-Yougoslavie, elle a renforcé la capacité d’action de l’Europe et lui permet aujourd’hui de financer la livraison d’armes aux Ukrainiens. La victoire du oui a aussi permis d’ouvrir la voie à une coopération policière et judiciaire essentielle pour faire face aux menaces telles que le terrorisme – et ce ensemble, en tant qu’Européens. Le “non” du Parlement français de 1954 à la “Communauté européenne de défense” a représenté une occasion manquée, jamais retrouvée depuis lors : que se serait-il passé en matière de sécurité collective si le “non” l’avait emporté en France en 1992?
Grâce à la victoire du “oui” au référendum, le projet de paix initié par la Communauté européenne du charbon et de l’acier et la Communauté économique européenne a pu être développé et approfondi, pour devenir un espace de paix et de sécurité unique au monde, qui réunit des citoyens européens au-delà des frontières. La “citoyenneté européenne” consacrée par le Traité de Maastricht s’est d’abord concrétisée par l’octroi de droits, comme le droit de vote aux élections municipales et européennes pour les citoyens européens établis dans un autre pays de l’UE. Elle a aussi permis d’accompagner le développement de projets concrets comme Erasmus, devenu un symbole marquant de notre identité européenne. Cette citoyenneté européenne, c’est celle que nous éprouvons à l’heure de la guerre en Ukraine, instinctivement solidaires de nos voisins et cousins dans leur valeureuse lutte face à l’agresseur russe – celle qui nous pousse à être à leur côté, liés par un destin perçu comme commun.
30 ans après que les Français ont dit oui au Traité de Maastricht et à la création de l’Union européenne, mesurons le caractère ô combien précieux de cet engagement politique et démocratique, ainsi que les incertitudes et périls auxquels nous auraient exposés la victoire du “non”. Rappelons-nous avec l’un de ses promoteurs François Mitterrand que le succès de la France et celui de l’Europe sont indissociables – et que “le nationalisme, c’est la guerre”. Et souvenons-nous que le Traité de Maastricht n’était qu’une étape majeure dans la construction d’une Europe unie et solidaire qu’il nous appartient à la fois de préserver comme un bien précieux et d’améliorer sans cesse afin de nous permettre de faire face en Européens aux gigantesques défis communs de l’heure.
Version pdf de la tribune à télécharger ici.
Liste des signataires de la tribune, issus du réseau du Mouvement Européen France (par ordre alphabétique) :
ADOUE François, Président Mouvement Européen Gironde
AUGER Véronique, Présidente de citoyennes pour l’Europe
BALLE Hervé, Président du Mouvement Européen Val-de-Marne
BAUCHE Agnès, Présidente honoraire du Mouvement Européen Hauts-de-Seine
BENHAIM Frédéric, Président, Association Entreprendre Vert, ancien élu régional
BERRÉE Philippe, Vice-Président du Mouvement Européen des Hauts-de-Seine
BERTONCINI Yves, Président du Mouvement Européen-France
BIGOU Daniel, membre du Bureau du ME-F, Président de la Section du Tarn
BILIATO Jean-Marie, Président du Mouvement Européen Vaucluse
BOUSQUET Brigitte, Vice Présidente de la Fédération française des Maisons de l’Europe (FFME)
BOUSQUET Bernard, Vice-Président du MEF Haute-Garonne
BRETON Olivier, Président d’Image et Stratégie Europe ; Rédacteur en chef de Confrontations Europe
CAMBIANICA Guy, Président du Mouvement Européen Lorraine
CAPITANT David, Président de l’association ARRI Réalités et Relations Internationales
CHARLES Marie-Laure, Vice-présidente du MEF
CHENUT Julien Président du Mouvement Européen Aube.
CHEVALIER Fabien, Président de Sauvons l’Europe
CHOPIN Thierry, Docteur en sciences politiques de l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS)
CHNEIWEISS Arnaud, Assureur
CLEMENT Yves, Vice-président du Mouvement Européen – France
CUGNY-SEGUIN Marie, Présidente du Mouvement Européen Loiret
DELADERRIÈRE Bernard, membre du Bureau du Mouvement Européen France et Président de la Via Charlemagne
DERDEVET Michel, Président de Confrontations Europe
DOGUET Jean-Paul, Personnalité qualifiée du ME-F
FISCHER Daniel, Personnalité qualifiée du ME-F, historien et auteur
FRANCQ Christian, Président, du Mouvement Européen des Yvelines
GIRERD Jean Marie, Président Mouvement Européen Franche Comté
GODBERT Antoine, Vice-Président du ME-F
GONNET Philippe, Président de la Section Isère
LE GRIP Constance, Députée des Hauts-de-Seine, Membre de la commission des Affaires européennes de l’Assemblée Nationale
HENIN Pierre-Jérôme, Président de Media9
HERVÉ Loïc, Sénateur de la Haute-Savoie, Secrétaire du Sénat
HOUDOIN Jean-Claude, Directeur financier IDFRights
JEZEQUEL Kevin, Président Mouvement Européen Loire-Atlantique
LAFOND François, Expert technique International
LASNIER Nathalie, consultant/chef de projet RH, membre des personnalités qualifiées du ME-F
LEFEBVRE Maxime, ancien ambassadeur, professeur de géopolitique à l’ESCP Business School
LEFRANÇOIS Roselyne, Vice-Présidente du ME-F
MAGOT Jean-Pierre, membre du bureau national du ME-F
MAERTEN Claude, Président Mouvement Européen Pas-de-Calais
MEHEUT Martine, membre du Bureau du ME-F
OUDIN Dimitri, président du ME Marne et adjoint au Maire de Reims
PERRUCHE Jean Paul, GCA (2S), ancien Directeur Général de l’Etat Major Militaire de l’Union Européenne
PHILIP Christian, Ancien Président du ME-F
PAULIAC Pierre, Personnalité qualifiée du MEF
PORTAIL Nadine, Mouvement Européen Hautes Pyrénées
PRIOLLAUD François-Xavier, Maire de Louviers et Vice-Président de la Région Normandie
POULOUIN Gérard, militant associatif
QUÉRÉ Jérôme, Délégué général du ME-F
QUINTIN Odile, membre du Bureau du ME-F, Ancienne Directrice Générale à la Commission Européenne
de RAULIN Xavier, président du ME 34
SAUVAGE Françoise, Old’Up groupe Europe Monde
SITTLER Annick, membre du bureau du Mouvement Européen France Alsace
SPITZER Jean-Pierre, Personnalité qualifiée du MEF
STRARAM Eric, Old’Up groupe Europe Monde
STERNICHA LEGUEVAQUES Sylvie, Présidente du Mouvement Européen Haute-Garonne
TABIASCO Christian, Président Mouvement Européen Morbihan
TOLLERET Irène, eurodéputée Renew Europe
TOURNEIX PALLME Elisabeth, Vice-présidente du Mouvement Européen Haute-Garonne
THÉVENET Bernard, Président du Mouvement Européen Vienne
THILLAY Philippe, Mouvement Européen Seine Maritime
VARRAULT Christophe, Président Mouvement Européen Belfort
VIÉ François, membre du bureau du ME-F
VIVIER LE GOT Claude, Présidente de la Fédération Européenne des Ecoles (FEDE)
VERDIER Stéphane, Président du Mouvement Européen Cher
ZOUBIDY-ROYET Rafaël, Président du Mouvement Européen Lyon