Les 28 se sont entendus lors du Conseil européen sur une série de conclusions communes concernant la politique migratoire. Yves Bertoncini, Président du Mouvement Européen – France, était l’invité de la matinale de France Culture ce 29 juin pour analyser l’accord trouvé tard dans la nuit.
« Comme dans tout sommet européen, il y a une part de dramaturgie » note Yves Bertoncini. Il pointe les « pressions venant d’Italie » et « la crise politique en Allemagne avec les bavarois de la CSU qui préparent leurs élections régionales d’octobre » et pèsent sur la ligne politique d’Angela Merkel.
Un accord volontaire pour « calmer les crispations politiques »
L’accord conclu « prolonge » les orientations mises sur la table depuis le sommet européen informel réuni le 24 juin par le Président de la Commission européenne. Le texte « regarde plus précisément la façon dont on peut mieux organiser le sauvetage en mer ainsi que les mouvements secondaires » note Yves Bertoncini.
Interrogé sur le « flou » du consensus trouvé, le Président du Mouvement Européen note que « dans un Conseil européen où les positions de départ sont si disparates, il faut une certaine forme d’ambiguïté dans la rédaction des conclusions. L’essentiel c’est la mise en œuvre et la façon dont au-delà de l’Italie et de la Grèce – où il y a déjà des centres européens d’accueil, les Hot Spot – d’autres pays comme la France et l’Espagne se porteront volontaires. »
Yves Bertoncini note que « la relocalisation européenne n’a pas marché », en référence au refus de certains pays d’Europe centrale d’accueillir de manière solidaire des demandeurs d’asile arrivés en Italie et en Grèce. « Mais cela n’a pas fonctionné non plus en France, qui a accueilli seulement 635 demandeurs d’asile depuis 2 ans en provenance d’Italie. » Le Président du Mouvement Européen appelle ainsi à « passer à un mouvement volontaire » pour « calmer les crispations politiques dans des pays davantage exposés ».
« La crise migratoire est derrière nous »
Pour Yves Bertoncini, c’est une crise politique qui se conclut lors de ce sommet. « La crise migratoire est derrière nous. Si on compare avec octobre 2015, les mouvements de migrants ont diminué de 96%. »
Il note que « les pays dont on parle – l’Autriche, l’Allemagne, l’Italie, la Hongrie – ont bien été confrontés à un afflux migratoire massif. Ce qui n’est pas du tout le cas de pays comme la France ou l’Espagne. » Au micro de France Culture, il analyse : « ce qui est en jeu c’est de savoir si la France, l’Espagne et d’autres sont en capacité d’être un peu plus solidaires ». Est notamment au centre des débats la question de la gestion des mouvements secondaires, les déplacements en Europe de migrants arrivés plus tôt sur le territoire.
« C’était un sommet de crise, les chefs d’Etat et de gouvernement ont mis leur casque de pompier et éteint l’incendie » conclut Yves Bertoncini. Il appelle à revenir à un « sommet d’architecte », car « l’architecture globale » d’un accord sur la politique migratoire a été à peu près esquissé avec « l’action à la source dans les pays de départ, le contrôle européen des frontières européennes et la mise en place d’un mécanisme de solidarité ».
« Ce qui tient les Européens ensemble, c’est le monde extérieur »
« Ce qui tient les Européens ensemble, c’est le monde extérieur. C’est Trump et Poutine qui vont se retrouver et peut-être s’entendre à Helsinki courant juillet » analyse enfin le Président du Mouvement Européen, qui déplore la succession des « crises de copropriétaires » entre les Européens : « hier sur la gestion de la zone euro, aujourd’hui sur la gestion des réfugiés et demain sur le budget commun ».
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