« S’il n’est plus membre de U.E, le Royaume-Uni reste un pays d’Europe »

Marie de Saint-Chéron, Directrice des Affaires Européennes et Multilatérales et Marie DANCER, Journaliste chargée de l’actualité́ économique européenne et française au journal La Croix
Marie de Saint-Chéron Directrice des Affaires Européennes et Multilatérales de Safran et Marie Dancer Journaliste chargée de l’actualité́ économique européenne et française au journal La Croix

Mardi 6 mars dernier, le Mouvement Européen – France a organisé un débat sur le thème « le Brexit et les entreprises : comment préserver nos relations commerciales ? ».

Cette table-ronde a été l’occasion d’échanger autour des conséquences potentielles du Brexit sur les échanges commerciaux et de la négociation en cours. Etaient présents Loïc Armand, chargé de mission auprès du président à l’Oréal, Marie de Saint-Chéron, Directrice des Affaires Européennes et Multilatérales à Safran et Chris Hobley, Directeur pour le Market Access, Department for Exiting the European Union. Marie DANCER, Journaliste chargée de l’actualité́ économique européenne et française au journal La Croix a modéré la discussion.

Une négociation perdant-perdant ?

Marie de Saint-Cheron et Loïc Armand partagent les mêmes inquiétudes face à la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne. Il s’agit pour eux de « vecteur de risques ». La principale crainte des entreprises aujourd’hui serait le danger d’un Hard Brexit, c’est-à-dire un echec des négociations qui ferait du Royaume-Uni un État tiers avec application strict des règles de l’OMC. Loïc Armand met en garde sur le fait qu’un manque d’unité du cadre réglementaire entre le Royaume-Uni et l’Union européenne serait « catastrophique pour les 4 500 PME du secteur cosmétique ».

Même s’ils émettent des doutes sur la date du 31 décembre 2020 comme fin de la période de transition, Chris Hobley est optimiste. Il explique que contrairement aux négociations habituelles, les deux parties partent ici d’un point de convergence : « Il faut continuer avec pragmatisme et respect, on doit respecter les lignes rouges mais ça laisse beaucoup d’espaces pour trouver de nouvelles solutions, meilleures que celles déjà négociées avec d’autres pays tiers » commente-t-il.

Le rôle des entreprises dans la négociation

L’Oréal, comme Safran, a une équipe dédiée au suivi du sujet Brexit, car les grands groupes européens et internationaux ont besoin « d’anticipation et de visibilité ». Ces analyses sont mises à disposition des négociateurs, même si selon Marie de Saint-Chéron les entreprises n’ont pas vocation à jouer un rôle politique.

Retour sur le discours de Theresa May

Vendredi 2 mars, Theresa May a prononcé un discours sur les futurs accords à trouver dans la perspective du Brexit. Les intervenants de la table-ronde sont revenus sur ce discours.  Pour Loïc Armand, il exprime une vision, une esquisse de solution et les ambitions affichées pour sortir d’une situation difficile.

D’après Chris Hobley, Theresa May veut une future relation étroite et ambitieuse tout en respectant le vote du référendum « c’est-à-dire reprendre le contrôle des lois et des frontières. Elle reconnait également qu’avec la sortie du marché unique et de l’Union douanière, il y aura forcément un accès moins grand qu’avant aux produits et services européens. »

Marie de Saint-Chéron conclut les échanges en rappelant que « s’il n’est plus un pays de l’Union européenne, le Royaume-Uni est un pays d’Europe et il le restera ».

L’événement raconté par Reuters

Retrouvez le compte rendu de l’agence Reuters ici.