Sécurité intérieure : « on n’a jamais arrêté aucun terroriste à aucune frontière » Yves Bertoncini sur France Culture

Alors que le Président du la République, Emmanuel Macron a proposé de rétrécir Schengen, la question de la sécurité intérieure, a quelques jours des élections européennes, est un sujet primordial. Yves Bertoncini, Président du Mouvement Européen – France était invité dans l’émission Du Grain à Moudre, sur France Culture, aux côtés de Pierre Berthelet, docteur en droit et Abdelasiem El Difraoui ,politologue pour débattre de la question. 

Le rétablissement des contrôles aux frontières en France peut-il réellement être justifié par la lutte contre le terrorisme ?

Si les attentats du 13 novembre ont été évoqués comme la raison du rétablissement des contrôles aux frontières en France, Yves Bertoncini a cependant rappelé que « la clause de sauvegarde avait déjà été invoquée par la France avant le 13 novembre ». Il a précisé qu’il s’agissait d’une mesure prévue par Schengen que les Etats peuvent mettre en place « lorsqu’il se passe quelque chose d’extraordinaire dans leur pays et qu’ils veulent temporairement reprendre un contrôle plus systématique à leurs frontières nationales ».

Néanmoins, le Président du Mouvement Européen s’est réjoui que ces contrôles ne soient pas automatiquement appliqués dans les faits puisque cela « gênerait plusieurs milliers de frontaliers, de transporteurs routiers ». Pour lui c’est une mesure prise d’avantage pour des raisons liées aux flux migratoires qu’au terrorisme, d’autant plus « qu’on n’a jamais arrêté aucun terroriste a aucune frontière », a-t-il rappelé.

Il y a « un consensus européen sur les frontières extérieures »

Si les dirigeants européens s’opposent sur les questions migratoires, Yves Bertoncini a cependant souligné qu’il y avait « un consensus européen sur les frontières extérieures ». Selon lui, c’est au niveau des frontières extérieures qu’il faut accroitre la coopération européenne « pas uniquement pour le terrorisme, mais également pour la gestion de l’immigration ».

Yves Bertoncini a confirmé que les Etats membres peuvent rétablir les contrôles à leurs frontières intérieures mais il s’est interrogé : « pourquoi ne le font-ils pas ? parce que cela mettrait des bâtons dans les roues à des dizaines, des centaines de milliers d’Européens, c’est de la communication politique ». Le Président du Mouvement Européen a notamment rappelé que plus de 350 000 frontaliers entrent chaque jour en France.

Cela dit, Yves Bertoncini a expliqué qu’il faut tout de même renforcer la sécurité : « contrôlons les terroristes là où ils se trouvent ». Il a insisté sur le fait que Schengen organise la coopération policière, judiciaire en matière de renseignement : « c’est sur cela qu’il faut mettre l’accent et non pas sur un mythe de retour des contrôles aux frontières nationales ».

Faut-il rétrécir Schengen ?

Si le Président de la République française, Emmanuel Macron, a envisagé le rétrécissement de l’espace Schengen, c’est une pour y extraire les pays qui ne souhaitent pas partager les droits et les devoirs que l’appartenance à l’espace Schengen implique, selon le Président du Mouvement Européen.

En effet, Yves Bertoncini explique que Schengen doit permettre une gestion de l’immigration au niveau européen : « les demandeurs d’asile doivent être répartis entre les Etats membres car ils ne viennent pas en Italie ou en Grèce, mais en Europe ». Pour autant, le rétrécissement de l’espace Schengen n’est pas la solution pour le Président du Mouvement Européen qui y voit surtout la volonté de « faire une Europe en plus petit qui serait une France en plus grand ».

Quelles propositions pour renforcer la sécurité européenne ?          

Tout d’abord, le Président du Mouvement Européen a rappelé que la sécurité de l’Union européenne avait progressé. Toutefois, s’il y avait un constat d’échec à faire « ce serait celui des Etats membres car c’est à eux qu’il appartient de partager leur souveraineté, ce qu’ils rechignent à faire ».

Pour lui, Le FBI européen, proposé notamment par le Mouvement européen, serait la solution idéale. Mais il a expliqué qu’avant tout, cela nécessitait «   une confiance suffisante entre les 28 pays de l’Union européenne, or nous partons de très loin ».

Il s’est toutefois réjoui de l’avancement de certains dossiers : « police, justice, renseignement, c’est un combat culturel, raison de plus pour y consacrer toute notre énergie parce que le défi terroriste est toujours là et c’est ensemble qu’on peut le relever ». Il a cependant expliqué que le combat commençait dans notre pays et appelé à « ne pas prendre l’Europe et l’espace Schengen comme bouc émissaire ».

Il a conclu son intervention en rappelant la nécessité de trouver un juste équilibre entre liberté et sécurité dans une situation bien plus dangereuse qu’auparavant : « la sécurité est le nouvel horizon mobilisateur et ça suppose de revoir en partie, et en partie seulement parce que nous restons le continent de la liberté, l’équilibre entre liberté et sécurité ».