Rencontre avec Gül Gunver Turan, Présidente du Mouvement Européen-Turquie

 

Michèle Ollivier-Rey, trésorière de la section Loiret a rencontré Gül Gunver Turan, la Présidente du Mouvement Européen-Turquie, à Istanbul.
Professeur d’économie et Doyenne de la Faculté des Sciences Appliquées Okan d’Istanbul, Gül Gunver Turan nous présente les ambitions, les projets et les doutes de son association. En effet, la Turquie est confronté à différents facteurs qui ralentissent son processus d’adhésion à l’UE et les élections du 7 juin 2015 sont une priorité pour le Mouvement Européen-Turquie. Une rencontre qui donne l’occasion pour le ME-F et ses adhérents de faire connaissance avec son homologue Turc, lui aussi membre du ME-I, et de découvrir les rapports et enjeux qui unissent ce pays à l’Europe.

Quels sont les   avantages et faiblesses de l’U.E  selon vous ? 
En se développant, l’U.E. est devenue plus hétérogène et ressemble plus à un système technocratique fédéral dirigé par la Commission. Il n’y a pas de vraie union politique, les membres de la zone euro fonctionnent indépendamment et les institutions ont de moins en moins de pouvoir sur la politique étrangère. L’U.E. donne plus l’impression d’un « inter gouvernementalisme » que d’une fédération.

Quels sont différents facteurs qui ralentissent le processus d’adhésion de la Turquie ?

  Dix ans après l’ouverture des négociations sur l’adhésion de la Turquie à l’U.E., force est de constater que le processus est ralenti. Des facteurs politiques comme la crise entre la Turquie et Chypre, les incompréhensions entre la Turquie et la Grèce… sont des excuses qui reportent la question la plupart du temps. Mais en acceptant comme membre un pays qui n’a pas résolu les problèmes de ses frontières, l’U.E. a cassé la règle. Elle est considérée par certains Etats membres et certains groupes en Turquie comme un « club » chrétien dont le but est de continuer l’élargissement par l’intégration de pays catholiques, orthodoxes et protestants. Le racisme religieux rend plus difficile l’intégration des minorités musulmanes dans des pays où se développent les partis d’extrême-droite

 Intégration de la Turquie: quels enjeux ? 

Il y a une perte d’intérêt de la Turquie pour l’U.E. et vice-versa. La Turquie et les membres de l’U.E.  considèrent plus les avantages économiques du pays que le développement des institutions et des libertés politiques du pays. 70 % de nos investissements direct proviennent de l’U.E., près de 50 % de nos exportations et nos importations se font avec l’U.E. L’économie turque est fondamentalement reliée à l’U.E. L’administration de l’U.E. et la Turquie ne jouent pas « franc jeu » en ce qui concerne les droits fondamentaux. Si tel avait été le cas, les chapitres 23 (Appareil judiciaire et droits fondamentaux) et 24 (Justice, liberté et sécurité) de l’acquis communautaire auraient été ouverts avant les autres.

Quel est l’agenda prioritaire en ce moment pour le Mouvement Européen-Turquie?

Les élections du 7 juin 2015 sont la priorité. en ce moment: Trois partis politiques plus quelques indépendants sont représentes actuellement au parlement. Le AKP, parti au pouvoir, ne pourra perdre la grande majorité des membres qu’il détient au Parlement que si un 4ème parti, HDP (représentant la majorité des votes kurdes et de certains libéraux) y est représenté. Mais, comme prés de 31 partis politiques se présenteront aux élections, İl y aura un « émiettement  » des voix.  Donc, en ce moment,  les turcs ne se préoccupent pas trop des relations avec l’UE. Il faut attendre le résultat des élections .

Y a-t-il des perspectives d’intégration dans un futur proche pour la Turquie ? 

La Turquie doit décider une fois pour toutes si elle veut faire partie intégrante de l’Europe. Ses revirements sur la liberté de la presse, les droits politiques et les libertés civiles doivent prendre fin. Le gouvernement actuel parle aujourd’hui d’une « nouvelle Turquie », une Turquie ou l’on incite au respect fondamental des pratiques religieuses musulmanes. Ceci isole les agnostiques, athées, musulmans alévites, et ceux qui ne pratiquent pas mot par mot leur religion. Les minorités non musulmanes, qui ne forment que 4 a 5 % de la population de la Turquie, ressentent aussi cette pression. La Turquie doit ainsi  accepter les différences culturelles et ne devrait pas essayer de régler la vie privée de ses citoyens si elle veut véritablement devenir membre de l’U.E.

Quel est le  rôle de la Société Civile et du Mouvement Européen -Turquie ?     

L’association Turquie – Union Européenne, membre du Mouvement Européen International et aussi connue sous le nom de Mouvement Européen – Turquie, a près de 1700 membres dont la plupart sont des membres « dormants », inactifs. J’ai recruté, ces deux dernières années, près de 30 jeunes membres qui sont actifs. C’est une O.N.G. représentant la société civile qui est pour l’adhésion et qui se finance grâce aux donations des entreprises privées et ne reçoit pas de fonds ni de l’UE ni du gouvernement.

 Je pense que le  dialogue entre notre association  et les autorités publiques est nécessaire pour :

–   consolider l’opinion publique

–   promouvoir l’image de la Turquie à l’étranger

–   accroître le niveau d’implication des organisations de la société civile et des citoyens dans les affaires européennes

–   améliorer la coopération internationale sur les problématiques d’accession à l’U.E.

–   être un acteur économique au même titre que les pays de la zone euro.

C.R. de l’entretien entre Michèle Ollivier-Rey, trésorière de la section Loiret, et Gül Gunver Turan, à Istanbul, le 26 février 2015

 

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