1000 jours de guerre en Ukraine : Un appel à l’unité européenne et à l’action stratégique
Cette semaine marque les 1000 jours depuis que la Russie a lancé sa guerre d’agression à grande échelle contre l’Ukraine, une attaque brutale et injustifiée contre la souveraineté d’une nation européenne. L’Ukraine a fait preuve d’une résilience extraordinaire, supportant des attaques dévastatrices contre son infrastructure, son économie et sa population. Pourtant, la guerre persiste, et ses conséquences résonnent bien au-delà des frontières de l’Ukraine, remettant en question les fondements mêmes de la paix et de la sécurité européennes.
Dans ses lignes directrices politiques pour la prochaine Commission européenne, présentées le 18 juillet 2024, la présidente élue Ursula von der Leyen a identifié la sécurité et la défense comme des priorités et des secteurs clés pour l’achèvement du marché unique. Au cœur de cette vision se trouve la création d’une Union européenne de la défense (UED), visant à renforcer la sécurité collective de l’Europe et son autonomie stratégique.
Une priorité clé sera de maintenir le soutien financier, politique et militaire à l’Ukraine, en reconnaissant qu’investir dans la sécurité de l’Ukraine est le meilleur investissement pour la stabilité de l’Europe elle-même. Cette vision s’aligne étroitement avec les conclusions du rapport Niinistö, dévoilé le 30 octobre 2024, qui souligne la nécessité d’une approche consciente de l’état d’alerte, mettant l’accent sur l’intégration des capacités civiles et militaires pour faire face aux menaces interconnectées. Cet engagement consiste à utiliser des outils tels que la Facilité européenne pour la paix (FEP) pour répondre aux besoins immédiats tout en posant les bases de la reconstruction future à travers le Fonds Ukraine.
Conjointement, les instructions générales de von der Leyen soulignent le sous-investissement chronique de l’Europe dans la défense et les inefficacités causées par des dépenses fragmentées. De 1999 à 2021, les dépenses de défense de l’UE ont augmenté de seulement 20 %. Bien que cela puisse sembler considérable, ce n’est rien en comparaison des dépenses militaires de la Russie, qui ont augmenté de près de 300 %, et de celles de la Chine, qui ont augmenté de 600 %. Le fait que les augmentations des dépenses des États membres soient disjointes, et souvent redondantes, compromet l’efficacité de ces hausses de dépenses. S’attaquer à ces disparités est essentiel pour renforcer la résilience stratégique de l’Europe, comme le souligne également l’appel du rapport Niinistö à un investissement proactif, tant dans la résilience civile que dans la préparation militaire.
Le paysage politique mondial évolue également de manière à exiger une attention urgente. L’élection récente de Donald Trump à la présidence des États-Unis soulève des questions importantes concernant la continuité des engagements sécuritaires transatlantiques des États-Unis. Après une première présidence marquée par de l’ambivalence envers l’OTAN et des appels à une réduction de l’implication des États-Unis dans la défense européenne, l’Europe doit se préparer à d’éventuels changements dans la politique étrangère américaine.
Le cap des 1000 jours de guerre en Ukraine sert de rappel brutal de la fragilité de la paix et de l’impératif de soutien européen. Construire un front uni et robuste, capable de répondre à la fois aux menaces immédiates et aux défis à long terme, n’est pas seulement une obligation envers l’Ukraine, mais aussi une nécessité pour préserver l’avenir de l’Europe.
La position du Mouvement européen international
La priorisation de l’Union européenne de la défense (UED) pour les cinq prochaines années de la Commission européenne est très bienvenue. Elle reconnaît son rôle essentiel dans la préservation de la sécurité de l’Europe face à un environnement mondial volatile. Comme nous l’expliquons dans notre dernière position politique sur Le renforcement de la sécurité et de la défense en période d’instabilité géopolitique, la guerre en Ukraine souligne l’urgence d’une défense européenne renforcée, car le soutien indéfectible de l’UE à l’Ukraine doit rester une démonstration audacieuse et résolue de son engagement en faveur de la démocratie, de la souveraineté et de la sécurité de l’Europe. En ce moment décisif, nous appelons à la création de l’UED comme principal instrument de l’UE pour la résilience stratégique et les capacités de défense collective.
L’un des principaux objectifs de l’UED serait de réduire la dépendance vis-à-vis des acteurs externes, grâce à des achats communs et des initiatives de défense collaboratives. Cette approche permettrait aux États membres de mutualiser les ressources, d’optimiser les coûts et d’accéder à des technologies de pointe, garantissant ainsi à l’Europe la capacité de préserver sa sécurité de manière indépendante tout en renforçant l’interopérabilité lors des opérations conjointes.
De plus, dans notre position politique sur Une Europe résiliente : Renforcer l’élargissement de l’UE pour une Union plus forte et plus sûre, nous soutenons que la guerre actuelle en Ukraine met en lumière le lien indissociable entre l’élargissement de l’UE et la sécurité, renforçant l’urgence d’intégrer de nouveaux membres. Nous prônons l’élargissement de l’UE comme un investissement stratégique dans la paix, la stabilité et la prospérité du continent européen. Dans le contexte de la lutte de l’Ukraine pour défendre sa souveraineté, l’élargissement de l’UE pour inclure des pays d’Europe de l’Est et des Balkans occidentaux ne renforcerait pas seulement la sécurité régionale, mais agirait également comme un rempart contre les influences extérieures, en particulier de la part de la Russie et de la Chine.
L’élargissement n’est pas seulement une vision pour l’avenir — c’est une nécessité pour la sécurité et la prospérité collectives de l’Europe. L’intégration de l’Ukraine dans l’UE enverrait un message puissant d’engagement envers ceux qui sont en première ligne pour défendre les valeurs européennes, tout en garantissant que l’Union reste résiliente face aux menaces extérieures.