La Présidence hongroise du Conseil de l’UE : Un test des valeurs et de la gouvernance de l’UE
La présidence hongroise du Conseil de l’Union européenne a débuté le 1er juillet 2024. Malgré les inquiétudes concernant sa capacité à remplir ce rôle, le gouvernement hongrois promet de jouer le rôle de médiateur honnête, s’engageant à faciliter des étapes concrètes en faveur de l’élargissement de l’UE durant cette période de transition institutionnelle avec la formation du nouveau Parlement européen et de la nouvelle Commission européenne. Le principal objectif de la Présidence est de « garantir la paix et la sécurité en Europe », tout en améliorant la compétitivité du continent. Parmi les autres priorités clés figurent le renforcement de l’industrie de la défense et de l’approvisionnement européen commun en matière de défense, la formation d’accords de partenariat pour réduire les migrations, et la mise en place d’une politique d’élargissement basée sur des critères mesurables et fondée sur le mérite.
Selon ses priorités, le gouvernement hongrois se concentre particulièrement sur les Balkans occidentaux, visant à ouvrir un nouveau groupe de négociations avec la Serbie, à clore la plupart des chapitres avec le Monténégro, et à établir une conférence intergouvernementale avec la Macédoine du Nord et l’Albanie. Le gouvernement plaide également pour une approche graduelle de l’intégration des pays candidats dans les programmes de l’UE avant leur adhésion complète, comme leur intégration dans le système de monnaie unique. De plus, la Présidence cherche à sécuriser la politique de cohésion, notamment son rôle dans la promotion de la compétitivité et de l’emploi, à relever les défis démographiques et à promouvoir une politique agricole favorable aux agriculteurs. Le gouvernement soutient également l’adhésion pleine et entière de la Roumanie et de la Bulgarie à l’espace Schengen. Bien que le pays ait levé son veto sur les négociations d’adhésion de l’Ukraine à l’UE, des progrès significatifs ne sont pas attendus pendant sa présidence.
Cependant, plusieurs préoccupations persistent concernant la capacité du gouvernement hongrois à réaliser cet agenda. Sous la direction du Premier ministre Viktor Orbán, le gouvernement a restreint la liberté de la presse, l’indépendance judiciaire et les droits des personnes LGBTQIA+. Ces actions ont conduit la Commission européenne à engager des procédures d’infraction et à geler des milliards d’euros de fonds. La procédure disciplinaire de l’article 7 du Parlement européen en 2018, et la déclaration de 2022 de la Hongrie comme un « régime hybride d’autocratie électorale », soulignent des violations graves des normes démocratiques. Les accusations de corruption impliquant la famille et les alliés d’Orbán, ainsi que le refus du gouvernement de rejoindre le Parquet européen, exacerbent encore ces problèmes. De plus, l’utilisation constante du droit de veto au Conseil pour retarder l’adoption de sanctions contre la Russie et bloquer l’aide militaire à l’Ukraine soulève des doutes sur l’engagement de la Présidence envers les principes de l’UE, remettant en question sa capacité à diriger efficacement le Conseil en 2024.
Position du Mouvement Européen International
Le Mouvement Européen International accueille positivement l’accent mis par la Présidence hongroise sur l’élargissement, cependant, cet engagement doit être conforme aux valeurs fondamentales de l’UE. Comme nous l’indiquons dans nos positions politiques sur « Promouvoir la paix, la stabilité et les investissements dans les Balkans occidentaux » et sur « L’avenir de la coopération en matière de sécurité et de défense européenne », nous soulignons l’importance stratégique de l’élargissement de l’UE pour ancrer les réformes démocratiques dans les pays candidats et contrer l’influence indue d’acteurs externes malveillants. Nous préconisons une voie claire pour les pays candidats, en incitant l’UE à faire progresser les processus d’adhésion tout en respectant les critères de Copenhague et les valeurs de l’UE. Une coopération renforcée et un soutien aux réformes, y compris une assistance technique et financière, sont essentiels. Le renforcement de la coopération doit prioriser la gouvernance démocratique et le respect des normes européennes.
De plus, l’UE doit faire preuve d’une forte volonté politique pour continuer à soutenir l’Ukraine et renforcer ses capacités en matière de sécurité et de défense. L’UE peut protéger ses citoyens ainsi que l’Ukraine, et contribuer à la paix et à la sécurité internationales, en adoptant une politique de sécurité et de défense plus uniforme. Assurer une assistance et une coopération constantes avec l’Ukraine souligne l’engagement de l’UE à favoriser la stabilité dans la région et à défendre les valeurs démocratiques face aux pressions extérieures.
Enfin, nous soulignons que la protection de la démocratie doit être au cœur de l’agenda de l’UE et que l’État de droit doit toujours être le fondement de l’intégrité et de la crédibilité de l’Union européenne, quelle que soit la présidence du Conseil de l’UE. Comme nous l’indiquons dans notre position politique sur l’État de droit, nous appelons à des mesures robustes pour faire respecter et défendre les valeurs fondamentales de l’UE, y compris l’application complète du mécanisme de conditionnalité en matière d’État de droit dans le cadre financier pluriannuel de l’UE, en l’appliquant rétroactivement à toute violation de l’État de droit ou de l’indépendance judiciaire depuis son introduction le 1er janvier 2021. De plus, des réformes institutionnelles globales, comme le passage de l’unanimité à la majorité qualifiée (MQ) au sein du Conseil pour l’application du cadre de l’État de droit, sont essentielles pour renforcer la gouvernance démocratique au sein de l’UE et traiter efficacement les violations de l’État de droit dans les États membres. Aucun gouvernement n’est au-dessus de l’État de droit.
Traduit de l’anglais à partir de la publication du Mouvement Européen – International, disponible sur le site.