Elus, responsables de partis politiques, journalistes et universitaires ont exprimé leur visions du rôle des partis politiques en Europe au colloque organisé par l’Union des Fédéralistes Européens, organisation membre du Mouvement Européen, à Lyon ce samedi 17 mars.
Lors d’une première table-ronde sur les partis politiques et le « déficit démocratique en Europe », André Gattolin, Sénateur la République en Marche (LREM), Françoise Grossetête, Députée européenne du Parti populaire européen (PPE), Jo Leinen, Député européen allemand représentant du Parti socialiste européen (PSE) et Marie Toussaint d’Europe Ecologie – Les Verts (EELV) ont échangé sur les futures élections européennes du printemps 2019 devant une centaine de personnes réunies à l’Université Lyon 3.
Faire émerger une démocratie européenne : que s’est-il passé avec les listes transnationales ?
Jo Leinen, représentant des Socio-Démocrates au Parlement européen, rappelle son combat de longue date « pour la mise en place d’une circonscription transnationale aux élections européennes », avec des candidats de tous les Etats membres élus sur une même liste. Une innovation démocratique repoussée par le Parlement européen en février dernier, face à l’opposition des députés de droite conservatrice PPE. « Depuis 20 ans, le PPE défend au Parlement européen la création de listes transnationales et aujourd’hui ses députés s’y opposent, sous prétexte que la proposition émane d’Emmanuel Macron. Mais là n’est pas la question ! » analyse Jo Leinen.
Sa collègue PPE Françoise Grossetête a effectivement voté contre les listes transnationales. Elle s’y dit néanmoins favorable, « mais avec l’ensemble du Parlement européen élu sur ces listes ! Pour ne pas avoir deux classes de députés européens » au Parlement.
Au niveau national, le mode de scrutin fait également débat. Françoise Grossetête s’oppose au retour au scrutin de listes nationales en France, souhaité par la République en Marche et en débat actuellement au Sénat. « Nos partis ne sont pas toujours très vertueux » pointe-t-elle, s’appuyant sur des exemples de campagnes passées, « où l’on imposaient les candidats sur la liste« . André Gattolin, de son côté, défend « l’occasion d’un grand débat national sur l’Europe ».
Le Spitzenkandidat, condition essentielle de la vie des partis politiques européens ?
Depuis le scrutin de 2014 les partis européens présentent des têtes de liste, les Spitzenkandidaten, le premier d’entre eux ayant vocation à devenir le Président de la Commission européenne, tel que l’a fait Jean-Claude Juncker en 2014. Dans la perspective des élections européennes de 2019, les chefs d’Etat et de gouvernement des 27 Etats membres, Emmanuel Macron en tête, se sont prononcés « contre l’automaticité » du système des Spitzenkandidaten. André Gattolin, explique la vision d’En Marche sur le sujet : « en 2019, il n’y aura plus 8 groupes politiques au Parlement européen, mais 10 ou 12. Plusieurs coalitions sont possibles pour former la Commission européenne. On ne peut pas permettre que le PPE, désigné premier groupe du Parlement européen avec 20 ou 25% des voix, conserve automatiquement la Présidence de la Commission. »
Face à lui, les intervenants ont rappelé leur attachement à ce mode de fonctionnement. Jo Leinen rappelle que « sans objectif commun, il sera difficile de fédérer les partis nationaux au sein d’une même campagne européenne et d’appeler les médias et l’opinion à européaniser le scrutin« . Au sein des Verts européens, « on a organisé dès 2014 une primaire ouverte pour désigner notre tête de liste, Ska Keller » note Marie Toussaint, pointant l’importance du dispositif pour mobiliser au-delà des enjeux nationaux.
Les partis et la démocratie européenne
« A ceux qui disent que l’espace démocratique européen sera toujours incomplet du fait de notre diversité, je rappelle que l’Inde compte plus de 150 langues officielles » remarque Jo Leinen pour élargir le débat. André Gattolin et Marie Toussaint embrayent sur le fonctionnement des partis politiques et plaident pour la double adhésion des membres « au niveau national et européen » dans chaque organisation. Un fonctionnement déjà en vigueur au sein d’EELV et du parti centriste ALDE. La droite européenne réserve ce statut aux députés. Françoise Grossetête expose ainsi le cas des députés européens ayant quitté Les Républicains suite à l’accession de Laurent Wauquiez à la Présidence du parti : « ils sont toujours membres du Parti populaire européen ».
.@GrosseteteF rappelle que "plusieurs députés FR @lesRepublicains ont quitté le parti national mais ont fait la démarche d'adhérer directement au @PPE @EPP" pic.twitter.com/ajOL8xYZfU
— ME-F (@MouvEuropeen_Fr) March 17, 2018