Parution tardive des listes, déficit de programmes : comment lancer la campagne des Européennes ? Yves Bertoncini sur Public Sénat

A seulement trois semaines des élections européennes, le scrutin demeure un sujet peu traité dans les médias, tandis que l’intégralité des listes vient seulement d’être diffusée et certains programmes manquent toujours à l’appel. La campagne des Européennes à du mal à se lancer, pour plusieurs facteurs que Yves Bertoncini énonce dans son intervention sur Public Sénat le 3 mai dernier.

Intervention d’Yves Bertoncini à partir de 58:00 minutes

Le déficit de participation est-il accentué par le contexte national ?

Alors que la crise des gilets jaunes et le Grand Débat national, entre autres, meublent l’actualité nationale, le débat européen reste en retrait. Un phénomène qui, selon Yves Bertoncini pourrait s’expliquer par « le déficit de compétences de l’Union européenne qui ne peut pas tout et amène donc un déficit de participation aux élections ». Mais ce n’est pas la seule raison, pour le Président du Mouvement Européen qui rappelle que « aujourd’hui en France il y a un Grand débat national qui a fait de l’ombre au petit débat européen qu’il faut avoir maintenant ». Il insiste sur l’importance de développer le débat européen face « aux défis qu’il faut relever au niveau européen ».

La campagne des Européennes ne prend pas, oui mais..  « pour qu’une mayonnaise prenne il faut y mettre les ingrédients » souligne Yves Bertoncini. Un trait d’esprit destiné à mettre en exergue le retard de la parution des listes et des programmes : « comment se fait-il qu’à l’heure ou nous parlons, nous n’ayons pas le programme de la principale liste ? » s’interroge-t-il. Le Président du Mouvement Européen reste toutefois positif quant à la mise en marche de la campagne : « elle devrait finir par prendre dans les trois dernières semaines afin que ceux qui veulent participer à ce scrutin puisse voter en connaissance de cause ».

« Les Européens sont très attachés à l’appartenance à l’Union européenne »

Autour de la table, les invités s’accordent pour dire que les Européens sont attachés à l’Union européenne. Une position que le Président du Mouvement Européen partage : « les Européens, les français sont attachés à l’appartenance à l’Union européenne, mais ce n’est pas pour ça qu’ils se déplaceront en masse ». Pourtant, il précise qu’en France il y a un suspens qui peut susciter un intérêt : « le parti au pouvoir n’est pas sûr d’arriver en tête ». Il appelle cependant à rajouter dans le débat « des problématiques européennes » et regrette le « déficit de programmes ».

Par ailleurs, Yves Bertoncini rappelle que les candidats têtes de liste sont peu connus du grand public : « les têtes de listes ne sont pas emblématiques, il y a eu un retrait des cadors et on a donné la place a des personnes moins connues ». Pour lui, il faut être d’autant plus proactif « car spontanément les électeurs ne vont pas s’identifier à ces têtes de listes ».

« Il y aura une dimension nationale dans ce scrutin »

Il est avéré que le débat européen, bien qu’encore restreint, concerne en partie des enjeux domestiques, une dimension accentuée par le retour aux listes nationales selon Yves Bertoncini qui ironise : « c’est curieux d’avoir voulu européaniser le débat en nationalisant le scrutin ». C’est une raison de plus pour le Président du Mouvement Européen de mettre l’accent sur « le défi migratoire, le défi climatique, Donald Trump, Poutine et la Chine, l’instabilité dans notre voisinage : ces défis globaux face auxquels il faut une réponse européenne ».  C’est pourquoi il regrette le déficit de programmes à trois semaines des élections européennes, puisque « lorsque les idées sont rendues publiques elles peuvent être portées au niveau des tête de liste ».