Pour son émission « L’Europe c’est vous ! » du samedi 11 août 2018, Pierre-Louis Ducorps recevait Jérémie Brunel et Anne-Claire Roturier, membres des Jeunes Européens – Bordeaux et du Mouvement Européen – Gironde, chargés tous les deux d’échanger avec Ann Harris, intervenante spécialiste des questions européennes. Forte d’une large expérience humaine et professionnelle ainsi que d’un parcours admirable dans différentes institutions européennes où elle a pu côtoyer de nombreuses personnalités (notamment Mme. Simone Veil), cette franco-irlandaise nous présente l’histoire politique et juridique de l’émancipation des femmes vis-à-vis du monde social et professionnel en Europe.
Au micro de RCF, elle revient sur l’histoire de la lutte pour les droits des femmes en Europe. C’est au Royaume-Uni dans les années 20 que les « suffragettes » de la Women’s Social and Political Union ont réussi en premier à organiser un mouvement cohérent de contestation politique. Leurs idées se retrouvent en partie affirmées et reconnues collégialement en 1957, à travers l’article 119 du traité de Rome organisant l’égalité des rémunérations : « Chaque État membre assure au cours de la première étape, et maintient par la suite, l’application du principe de l’égalité des rémunérations entre les travailleurs masculins et les travailleurs féminins pour un même travail ».
L’émergence des femmes en politique sur la scène européenne
À mesure que les femmes devenaient de plus en plus nombreuses en politique (notamment grâce à l’avènement du suffrage universel direct aux élections européennes), la nécessité de leur confier des missions d’importance grandissait. Cependant, ces postes restaient (et restent encore) secondaires, notamment dans les commissions parlementaires, limitées à certains domaines (affaires sociales, affaires culturelles, etc…). Ce constat amène Ann Harris à penser que la parité dans les hautes sphères décisionnelles des institutions n’existe pas encore.
Même si des actions ont été entreprises (comme la directive « Refonte », qui regroupe pratiquement toutes les directives sur l’égalité hommes femmes ; les actions menées par le Fonds Social Européen (FSE) et l’Institut européen pour l’égalité entre les hommes et les femmes (EIGE) ; etc…), la dynamique initiée demeure trop faible du point de vue de la franco-irlandaise pour qu’on puisse tendre vers le souhait (rappelé par Ann Harris) de Françoise Giroux que « La femme serait vraiment l’égale de l’homme le jour où, à un poste important, on désignerait une femme incompétente ». Dans le monde professionnel, la femme reste celle qu’on soumet à des quotas et qu’on sélectionne pour se conformer à des lois sur la parité qui induisent des amendes en cas de non-respect.
« L’écart de rémunération et la pauvreté sont liés »
Comme nous le rappelle l’intervenante, « l’écart de rémunération et la pauvreté sont liés » et dans le combat pour l’égalité salariale, c’est la société entière qui doit agir. Plus qu’une lutte de genre, l’égalité hommes-femmes dans le monde du travail est une lutte humaine, et s’impose comme la première garantie d’une société solidaire. Comme l’affirme Ann Harris, « il faut exiger la parité pour que les gens s’habituent » et qu’à dessein, celle-ci devienne la norme. « Un travail d’information et de formation » est essentiel si l’on veut que les progrès amorcés perdurent et se consolident.