1949-1952 : Raoul DAUTRY
Une coopération européenne par les transports et l’énergie nucléaire
Cet ingénieur de formation (issu de la promotion 1900 de l’Ecole polytechnique) commence sa carrière comme fonctionnaire dans les transports puis devient directeur général de l’administration des chemins de fer (1928-1937) et membre du Conseil d’administration de la SNCF à sa création, en 1938.
A la Libération, il est nommé Ministre de la Reconstruction et de l’Urbanisme dans le gouvernement provisoire de la République française du Général de Gaulle (1944-1946), puis Administrateur général du Commissariat à l’énergie atomique, un organisme public de recherche stratégique intervenant dans le domaine des énergies nucléaires en vue de leur application dans les domaines de l’industrie et de la défense nationales. En juillet 1951, il prend la vice-présidence du conseil de direction du Centre européen de la culture établi à Genève. Il pose des jalons pour la création d’un laboratoire européen nucléaire d’accélération de particules.
Dans les années 1930, il est Européen d’abord au nom du libéralisme ; selon lui, une union des transports entre Nations pourrait être le ciment de la reconstruction matérielle en Europe. Après la guerre, l’Europe est pour lui l’horizon des Allemands, Français, Britanniques et Russes : un projet capable de susciter la foi des peuples et leur prospérité. Les deux principaux domaines où Raoul Dautry ambitionne de faire naître cette coopération européenne : les transports et l’énergie nucléaire.
1952-1962 : René COURTIN
L’Europe, un « vieux rêve… réalisé »
Il commence sa carrière comme professeur d’université à Montpellier, puis engagé dans la Résistance devient expert au comité général d’études, un service créé par Jean Moulin afin de faire coopérer les mouvements de résistance ; dans ce cadre, il travaille sur des projets de réforme constitutionnelle, politique, économique et sociale à mettre en œuvre à la Libération. Après la guerre, il est nommé professeur à la Faculté de droit de Paris. En parallèle, il travaille à la réalisation d’une Europe unie : il est notamment Délégué général du Conseil français pour l’Europe unie.
En 1964, René Courtin se confie sur la poursuite de son rêve européen :
« Je ne concevais qu’une Europe démocratique et fraternelle, et dus renoncer lors de l’accession de Hitler au pouvoir. Par la suite, dans la France retrouvée, j’étais trop absorbé par mes cours (…) ; je me sentais surtout entouré d’une atmosphère trop hostile pour reprendre mon vieux rêve. L’Europe était bien morte à mes yeux, et j’aurais craint, en pensant seulement à elle, de renier mes amis, ceux surtout qui n’étaient pas revenus des camps de la mort.
(…)
Malades et sans espoir, l’Europe et la France se consumaient lentement.
(…)
Lorsque, vers les minuits, je quittai le faubourg Saint-Honoré, ma décision était prise. Toutes affaires cessantes, je me consacrerai à l’Europe Unie. C’était la seule chance de nos vieux pays, de trouver en eux-mêmes une raison de vivre d’abord, un équilibre ensuite, une force enfin, dans un monde que se disputaient les deux Grands, et que l’ours moscovite avait toute chance de dévorer.«
Extrait de COURTIN, René. Pour les autres et pour soi : articles et récits. Montpellier, Causse et Castelnau, 2012.
1962-1968 : René MAYER
L’Europe permet une « expansion économique harmonieuse »
Avant la guerre, il s’occupe de l’importation de charbon allemand. Il est aussi membre du Conseil d’administration de la SNCF en 1937 et l’un des fondateurs d’Air France.
A partir de 1947, il est plusieurs fois ministre des Finances et des Affaires économiques, de la Défense nationale et de la Justice. Il est aussi, en 1953, Président du Conseil des ministres.
Son engagement européen prend corps dans sa Présidence, de 1955 à 1958 de la Haute Autorité de la CECA, une organisation internationale effective depuis 1952, créant un marché unique du charbon et de l’acier entre les six membres fondateurs de la Communauté économique européenne : la France, la RFA, l’Italie, la Belgique, le Luxembourg et les Pays-Bas. Retrouvez ici les extraits d’une communication de René Mayer sur les ambitions de la CECA devant l’Académie diplomatique internationale en 1956 !
1968-1969 : Pierre SUDREAU
« C’est à Buchenwald que je suis devenu Européen »
Pierre Sudreau, né en 1919, est pendant la guerre membre du réseau de résistance Brutus ; il devient en 1943 responsable du réseau de renseignement en zone occupée. De 1943 à 1945, il est torturé, placé à l’isolement, et déporté dans un camp de concentration.
Après avoir été remarqué par le Général de Gaulle en 1945, il gravit les échelons au Ministère de l’Intérieur : Directeur de l’administration et des Affaires générales de la Sûreté nationale (1947), Directeur des services financiers et du contentieux (1949)…
En 1955, il est nommé Commissaire à la Construction et à l’Urbanisme de la région parisienne : il lance notamment les travaux du RER, du périphérique et du quartier d’affaires de la Défense.
Il est nommé Ministre de la Construction en 1958 et Ministre de l’Education nationale en 1962.
Après les années De Gaulle, il exerce diverses activités : citons son mandat de député centriste, de maire de Blois et l’écriture d’un rapport pour Valéry Giscard d’Estaing nommé La réforme de l’entreprise.
Pierre Sudreau a été un infatigable défenseur des droits de l’homme, de la fraternité et de la démocratie. Il expliquait à la Fondation Résistances, il y a quelques années :
« Face à l’Occupation et aux SS, je dirais (…) qu’on ne pouvait réagir qu’avec la violence. Maintenant pour l’avenir, ça n’est pas par la violence qu’on arrivera à résoudre les problèmes, et de notre pays, de la nation, et de l’Europe et au-delà. Il faut analyser et faire en sorte que des mesures concrètes, raisonnables, raisonnées soient prises. Il faut sauvegarder par tous les moyens l’avenir de l’humanité, c’est un but et les leçons de la déportation, les leçons de la Résistance doivent contribuer justement à poser les vrais problèmes de l’avenir pour les jeunes générations. »
Regardez l’interview ici !
1969-1973 : Gaston DEFFERRE
« Faire de Marseille la Californie de l’Europe »
Cet ancien dirigeant du réseau de résistance Brutus est aussi membre de la Section française de l’Internationale ouvrière (SFIO) et membre du Parti socialiste. Il est maire de Marseille durant plus de trente ans et Ministre à sept reprises, de 1950 à 1986 (Marine marchande, France d’outre mer, Intérieur et décentralisation, chargé du Plan et de l’Aménagement du territoire).
Aux débuts de la construction européenne, Gaston Defferre est en faveur de la Communauté européenne du charbon et de l’acier (traité de Paris du 18 avril 1951), et de la Communauté européenne de défense (traité signé par les 6 Etats de la CEE en 1952, mais rejeté par l’Assemblée nationale française le 30 août 1954). Il voit l’Europe comme la solution à la question de la puissance française, et cet engagement européen prend notamment corps dans son ambition pour la ville de Marseille, dont il est maire pendant plus de trente ans.
1973-1990 : Louis LEPRINCE-RINGUET
Un des créateurs du Conseil européen pour la recherche nucléaire
Après ses études, ce fils de bonne famille devient ingénieur au Service des câbles sous-marins puis spécialiste de physique nucléaire (on lui doit la découverte du « méson U »). Il est aussi, durant vingt ans (1951-1971), commissaire à l’Energie atomique. Parallèlement, il exerce une activité de professeur de physique à l’Ecole Polytechnique.
Louis Leprince-Ringuet contribue notamment à la création, en 1951, du CERN, le Conseil Européen pour la Recherche Nucléaire. Cette organisation permet à l’Europe, de se faire une place importante dans le domaine de la recherche en physique nucléaire, domaine alors dominé par les puissances américaine et soviétiques, en pleine Guerre froide.
Cet homme de convictions prendra la présidence du Mouvement Européen-France pendant plus de dix ans ; ses engagements associatifs le mèneront également à présider les Jeunesses musicales de France, une association aujourd’hui reconnue d’utilité publique qui lutte pour l’accès à la musique des jeunes issus de zones défavorisées.
1990-1995 : Jean FRANCOIS-PONCET
« L’amitié franco-allemande est une plante qu’il faut arroser tous les matins… »
Jean François-Poncet passe son enfance en Allemagne, où son père est diplomate (1931-1938) ; ce dernier est, après la guerre, nommé haut commissaire de la France en Allemagne (1949-1956). Jean François-Poncet garde de ses nombreux échanges avec les Allemands une idée : « l’amitié franco-allemande est une plante qu’il faut arroser tous les matins« .
Il participe à la négociation et à la signature des traités du Marché commun et de l’Euratom le 25 mars 1957. Dans les années 1970 il nommé secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères, puis ministre des Affaires étrangères.
Durant son mandat de sénateur du Lot-et-Garonne de 1983 à 2012, il est vice-président de la délégation de l’Union européenne (UE) et de la commission des Affaires étrangères, de la défense et des forces armées.
1995-1999 : Jean-Louis BOURLANGES
« Les chefs d’État et de gouvernement doivent présenter une nouvelle offre cohérente sur l’Europe »
Ce politologue et littéraire de formation a siégé dix-huit ans au Parlement européen. Il y est notamment président de la commission du contrôle budgétaire (1993-1994) et rapporteur du budget général de l’Union (2000).
En 2008, il est nommé conseiller maître à la Cour des comptes.
Et siège à l’Assemblée nationale depuis 2017, comme député des Hauts-de-Seine.
Parallèlement à son activité politique, il a rédigé de nombreux essais, sur l’Europe et animé des séminaires européens à l’IEP de Paris.
Lisez l’interview de ce penseur de l’Europe par Questions internationales en 2018 !
1999-2004 : Anne-Marie IDRAC
« Jamais nous n’avons eu autant besoin de l’Europe… »
Cette énarque a été notamment secrétaire d’État aux Transports de 1995 à 1997, députée de 1997 à 2002, puis présidente du de la Régie autonome des transports parisiens (RATP). En 2006, elle prend la présidence de la SNCF ; elle est parallèlement vice-présidente de l’Union internationale des chemins de fer.
En 2008-2010, elle est Secrétaire d’Etat chargée du commerce extérieur auprès du ministre de l’Economie, de l’Industrie et de l’Emploi. En octobre 2017, elle est nommée Haute responsable pour la stratégie nationale de développement des véhicules autonomes.
Lors de ses nombreuses négociations dans le secteur public français, elle cherche à renforcer le rôle déterminant de l’Europe. Voici les propos qu’elle tenait sur l’Europe en 2018.
2005-2006 : Pierre MOSCOVICI
Un Ministre français devenu commissaire européen
Ce membre du Parti socialiste est député européen à deux reprises, entre 1994 et 1997 et entre 2004 et 2007 (mandat marqué par une vice-présidence au Parlement européen).
Il est aussi ministre chargé des Affaires européennes entre 1997 et 2002 : il travaille sur l’élargissement de l’Union européenne aux pays d’Europe centrale et orientale, à la préparation de la présidence française de l’Union européenne et la négociation du traité de Nice.
Il est aussi représentant des autorités françaises à la Convention sur le traité constitutionnel européen.
Sous le gouvernement Ayrault, il est ministre de l’Économie, des Finances et du Commerce extérieur puis ministre de l’Économie et des Finances.
En 2014, il devient Commissaire européen aux Affaires économiques et financières, à la Fiscalité et à l’Union douanière au sein de la Commission Juncker.
Aujourd’hui, il est pressenti pour prendre la tête de la Cour des comptes.
2006-2010 : Sylvie GOULARD
Ancienne députée européenne
Cette ancienne présidente du Mouvement Européen-France, de 2006 à 2010 avait été auparavant conseillère du président de la Commission européenne Romano Prodi entre 1999 et 2004. Elle est élue députée européenne à deux reprises, en 2009 et 2014. En France, elle devient ministre des armées en 2017, puis sous-gouverneur de la Banque de France en 2018.
2010-2011 : Christian PHILIP
La transmission de l’idée européenne
Christian Philip est professeur de droit à l’Université Lyon 3, spécialiste des questions européennes. Il est aussi député de la XIIe législature (2002-2007) dans la circonscription du Rhône : il y est notamment vice-président de la délégation pour l’Union européenne. En 2007, il est nommé représentant du Président de la République pour la Francophonie.
Il est aussi l’auteur de nombreux ouvrages sur l’Union européenne, la francophonie et l’enseignement supérieur.
2011 : Jean-Luc SAURON, président par intérim
Un juriste spécialiste des questions européennes
Ce juriste, ancien juge d’instruction est nommé en 1992 conseiller juridique au Secrétariat général du Comité interministériel pour les questions de coopération économique européenne.
Il est aussi responsable au Conseil d’Etat de la cellule de veille européenne.
En parallèle, il est professeur à l’Université Robert Schuman en droit communautaire et professeur associé à Paris-Dauphine, où il enseigne le droit européen, et les relations extérieures de l’Union européenne.
2011-2016 : Jean-Marie CAVADA
Un homme de médias devenu député européen
Jean-Marie Cavada commence sa carrière journalistique à la RTF. En 1969, il est responsable des affaires européennes et présentateur de journaux d’informations à France Inter. Il devient en 1972 présentateur du journal de 20h sur la deuxième chaîne de l’ORTF. Il participe en 1994 à la création de la chaîne de TV la Cinquième. De 1998 à 2004, il est Président de Radio France.
En 2009, il devient chef de file pour les élections européennes dans la circonscription Île-de-France. En tant que député européen entre 2009 et 2019, il est vice-président au sein du PPE et membre de la commission Culture et Education.
2016-2022 : Yves BERTONCINI
Yves Bertoncini était Président du Mouvement Européen-France de 2016 à 2022. De 2017 à 2023, il est aussi vice-Président du Mouvement Européen – International.
Il commence sa carrière dans l’administration française, pour le Ministère français des Affaires étrangères et européennes (organisation du « dialogue national pour l’Europe » notamment) et dans les services du Premier Ministre français (chargé de mission Europe au Centre d’analyse stratégique/France Stratégie et Conseiller auprès du Secrétaire général des Affaires européennes).
Il est administrateur de la Commission européenne, où il a travaillé au sein des Directions générales « Éducation, Formation, Jeunesse » et « Politique Régionale ».
En outre, Yves Bertoncini est consultant en affaires européennes.
Parallèlement, Yves Bertoncini est aussi enseignant sur les questions européennes à l’École nationale d’administration (2007-09), au Corps des Mines/Mines ParisTech (depuis 2007), au Collège d’Europe à Bruges (depuis 2016), à Sciences Po Paris (2001-11 et depuis 2018). Il est en outre l’auteur de nombreux ouvrages sur les enjeux politiques, institutionnels et civiques européens.
Depuis 2022 : Hervé MORITZ
Le 10 décembre 2022, l’Alsacien alors âgé de 28 ans, Hervé Moritz, a été élu président du Mouvement Européen – France (ME-F). Prenant ainsi la succession d’Yves Bertoncini il est devenu le plus jeune président de l’histoire du Mouvement Européen-France.
Engagé de longue date pour l’Europe et au Mouvement Européen depuis 2011, Hervé Moritz est un Européen investi et convaincu, qualités dont il a su faire preuve dans le cadre de multiples engagements et projets associatifs. Il a notamment exercé la présidence des Jeunes Européens – France, branche jeune du Mouvement Européen, entre 2017 et 2019.