« L’adhésion des Balkans ne saurait pas entraver la construction d’une Europe-puissance » – analyse d’Yves Bertoncini sur ARTE

A la lumière du déplacement d’Emmanuel Macron en Serbie, l’un des 5 pays candidats à l’adhésion, Yves Bertoncini, Président du Mouvement Européen, a débattu de la possibilité d’un élargissement de l’UE dans l’émission 28 minutes d’Arte.

Face à Pascale Joannin, Directrice générale de la Fondation Schuman, et Frédéric Farah, économiste et chercheur à Pantheon-Sorbonne, Yves Bertoncini, Président du Mouvement Européen-France, défend l’adhésion des pays des Balkans à l’Union Européenne. « C’est l’adhésion des pays comme la Turquie, la Géorgie ou l’Ukraine qu’on pourrait considérer comme un vrai élargissement ». Selon lui, pour les Balkans c’est différent : ces pays sont au milieu de l’Union européenne : « il ne s’agit pas d’un élargissement, mais d’une consolidation. On a un trou dans la raquette. Si on ne poursuit pas ce mouvement d’élargissement qui est en réalité le mouvement d’approfondissement de l’objectif initial de la construction européenne – stabilisation par les échanges – nous aurons des problèmes accrus avec la région des Balkans ». Il souligne la nécessité d’agir pour une consolidation géopolitique et la stabilisation de cette zone géographique pour « garder ces pays dans notre giron, les attirer vers nous, plutôt que les laisser à d’autres influences – russes, turques, américaines, chinoises ».

En réponse à Frédéric Farah qui craint la concurrence de la population balkanique sur le marché européen en cas d’adhésion, Yves Bertoncini rappelle que cette concurrence existera de toute façon, que le pays soit ou non membre de l’Union européenne – il cite notamment l’exemple de la concurrence chinoise ou la concurrence fiscale de Luxembourg. « Si on parle du dumping fiscal, alors revenons à l’Europe de six puisque c’est la nostalgie française. Mais déjà à six il y avait cette réalité, donc être à vingt-quatre, vingt-sept ou trente ne change pas grand chose ». Pour le Président du Mouvement Européen, il ne faut pas mélanger la problématique de la concurrence et celle de l’adhésion qui pourrait se faire, rappelle-t-il, à condition que ces pays remplissent tous les critères d’adhésion, ce qui est loin d’être le cas.

Pour commenter le refus des « pays riches » comme la Suisse, la Norvège et l’Islande d’adhérer à l’Union européenne, Yves Bertoncini rappelle qu’ils ont quand-même choisi de rejoindre l’Espace économique européen, ainsi que l’espace Schengen pour certains d’entre eux, ce qui confirme leur besoin de commercer avec l’Europe et leur volonté de profiter de la liberté de circulation. Ils voient l’Europe comme un grand espace économique, contrairement au projet de l’Europe politique, porté notamment par la France. « Construire une Europe-puissance est difficile, et cela aurait été difficile même à six ». Pour lui, il faut évidemment poursuivre ce projet, même s’il ne concernera pas les vingt-huit pays membres et encore moins les trente-deux – il s’agira de toute façon d’ « une Europe à géométrie variable qu’un éventuel élargissement dans 5 ou 10 ans à quelques pays de Balkans ne saura entraver ».

 

Pour réécouter l’émission [14.20 – 33.24] :