La Suède, un pays d’immigration ?

Drapeau suédois via Guillaume Speurt sur Flickr

A l’approche des élections législatives suédoises du 9 septembre prochain, La Fondation pour l’Innovation Politique, association membre du Mouvement Européen – France, publie une série d’analyses sur le paysage politique et social du pays. L’auteur Tino Sanandaji revient dans sa note: « Les Suédois et l’immigration, fin de l’homogénéité ? » sur l’évolution de l’immigration en Suède et les nouveaux défis qu’elle suscite.

Les Démocrates de Suède, parti ouvertement eurosceptique et anti-immigration pourrait enregistrer un score historique au prochain scrutin. Alors que le parti était en marge du jeu politique il y a une dizaine d’années à peine, les sondages estiment qu’il pourrait effectuer cette année un score proche des 20%.

« Après la seconde guerre mondiale, la Suède est devenue un pays d’immigration »

L’immigration en Suède est un facteur récent. Avant la Seconde Guerre mondiale, la Suède recevait très peu de migrants, et la majorité d’entre eux étaient des Suédois expatriés de retour au pays. C’est après le second conflit mondial que la tendance commence à s’inverser. Selon la sociologue Elina Haavio-Mannila[1] : « Après la Seconde Guerre mondiale, la Suède est devenue un pays d’immigration ». Toutefois, l’immigration qui s’est considérablement accrue dans l’après-guerre était essentiellement composée de migrants provenant d’Europe et notamment des pays frontaliers, ce qui permettait au pays de conserver une certaine homogénéité et une facilité d’intégration.

Le début de l’immigration non-occidentale.

Après 1990, l’immigration continue de croitre de manière exponentielle, mais les zones de provenance des migrants s’inversent. Le nombre de migrants d’origine non-occidentale dépasse largement le nombre de migrants d’origine européenne. Alors qu’en 1985, la population d’origine non occidentale vivant en Suède n’excède pas 2% de la population totale, en 2015, elle atteint les 15%. L’immigration pour raisons familiales et les demandes d’asile des réfugiés remplacent l’immigration de travail qui prédominait dans les années 1950-1970. La Suède devient un des plus grands pays d’accueil en Europe, en recevant quatre fois plus de migrants que les autres pays européens par rapport à sa population. Alors que plusieurs Etats refusent d’accueillir des migrants supplémentaires, la question d’une solidarité européenne effective, pourtant essentielle pour soutenir les grands pays d’accueil, semble de plus en plus remise en cause.

Vers une paupérisation de la population issue de l’immigration.

Jusqu’aux années 1970, les migrants ne rencontrent pas de difficultés pour trouver du travail, le taux d’embauche des immigrés est égal à celui des natifs de Suède. Mais les années 1990 marquent un tournant, un écart commence à se creuser entre le taux d’emploi des immigrés et celui des autochtones. Par ailleurs, les immigrés ont désormais accès à des postes moins payés ou à temps partiel, ce qui mène progressivement à une paupérisation des nouveaux entrants.

Désormais, les problèmes d’emplois des immigrés vont de pair avec une intégration de plus en plus difficile. Selon l’Institut des études prospectives : « La résistance à l’accueil des réfugiés continue de croître et l’intégration dysfonctionne »[2]. L’opinion publique, auparavant favorable à la tolérance et à l’ouverture du pays aux migrants, y est désormais plus réfractaire. Un sentiment collectif qui ne trouve pas forcément d’écho dans la situation individuelle : 4 suédois sur 10 ne connaissent pas d’immigrés extra-européens

Retrouvez ces publications sur Fondapol.org


[1] Elina Haavio-Mannila, « Level of Living of Immigrants in Sweden », international Migration, vol.21, n°1, janvier 1983, p.15.

[2] Erica Trejis, « Visvenskar ser oss som en moralisk stormakt » [ «  Nous autres, Suédois, nous considérons comme une superpuissance morale » ], Svenska Dagbladet, 23 juillet 2016.