Après avoir reçu le candidat il y a quelques semaines et entendu ses promesses, Angela Merkel recevra le Président, cet après-midi, pour échanger sur ses propositions. S’ils partagent la même volonté de faire avancer l’Union Européenne, et s’il existe entre eux de nombreux points de convergence, le nombre et l’importance des divergences seront difficiles à surmonter.
Tout d’abord au niveau du calendrier. Madame Merkel a de fortes chances d’être réélue en septembre, mais auparavant elle doit mener pendant quatre mois une campagne sans faiblesse à l’égard de ses électeurs. Elle restera donc sur sa ligne rappelée la semaine dernière : « la politique de l’Allemagne ne peut pas remplacer les décisions que la France doit prendre. Ce dont la France a besoin, ce sont des résultats ».
Or, sur les dossiers essentiels de la situation économique et financière de la France, E. Macron ne pourra pas obtenir de résultats tangibles au cours de ces prochains mois. Pire ! Pour pouvoir mettre en œuvre son programme, il doit préparer un budget 2018 alourdi par de nombreuses dépenses supplémentaires : cinquante milliards de dépenses d’investissements, et onze milliards de baisse d’impôts sur les sociétés entre 2018 et 2022, sans oublier les dix milliards d’exonération de la taxe d’habitation.
En revanche, sur de nombreux dossiers, on entrevoit de réelles possibilités d’accord entre nos deux pays. Quelques exemples :
– Défense : l’Allemagne est favorable à l’augmentation de son budget militaire. Mais, au-delà de l’aspect financier, il faudra détailler le contenu des nouvelles coopérations.
– Migrations : en raison de la chute de la natalité, l’Allemagne est obligée d’accueillir des centaines de milliers de migrants chaque année, lorsque la France peut se contenter de quelques dizaines de milliers de personnes.
– Euro : l’Allemagne devrait accepter une nouvelle gouvernance de l’Euro aux niveaux économique et financier, avec un soutien aux pays en difficulté, en échange de nouvelles règles de fonctionnement.
– Energies renouvelables : France et Allemagne peuvent progresser sans trop de difficultés avec une réduction de la part du nucléaire, et ainsi, être plutôt « bons élèves » à l’échelle européenne et mondiale.
Enfin, au-delà des difficultés liées au calendrier et au contenu de chaque accord, nos deux chefs de gouvernement devront prendre en compte les attentes et les contraintes des autres États membres de l’Union Européenne.
Les deux « M » -Macron-Merkel- ne manquent ni de points de convergence, ni de force de caractère. Néanmoins, il leur reste à trouver les bons accords qui donneront satisfaction aux citoyens européens face aux grands défis mondiaux. »