Les Européens divisés à l’intérieur, rassemblés à l’extérieur

Manifestation à Hambourg devant le refus des autorités de la ville d'ouvrir un centre d'accueil pour les réfugiés. Illustration via Rasande Tyskar sur Flickr

L’actualité européenne de l’été a été dominée par les divisions des Européens sur la question migratoire et par les menaces de Donald Trump.

François Vié, Président du Mouvement Européen-Pas de Calais, consacre son édito de rentrée aux enjeux intérieurs et extérieurs auxquels l’Union Européenne doit faire face.

L’Europe à l’épreuve de la crise migratoire

L’Italie s’est dotée d’un gouvernement incluant un ministre de l’intérieur d’extrême droite, Matteo Salvini qui, le 10 juin, à provoqué une crise, en refusant d’accueillir les migrants de l’Aquarius dans ses ports. Elle rejoint ainsi l’Autriche qui amorce sa présidence de l’Union en proposant, par la voix de Herbert Kickl, son ministre de l’intérieur d’extrême droite, de sous-traiter hors d’Europe le traitement des demandes d’asile. En Allemagne Angela Merkel est fragilisée par son ministre de l’intérieur Horst Seehofer, qui menace de refouler les étrangers vers l’Italie.

L’Europe s’offre une crise politique majeure sur la question migratoire alors que le pic d’arrivée de migrants de 2015 en Europe s’est largement résorbé. Les politiques européennes d’accords pris avec les pays de départ ou de transit, et de renforcement de la protection des frontières sont un succès. Selon les chiffres de la Commission, on compte seulement 50 000 entrées illégales au premier semestre 2018, contre un million en 2015. Sous la pression des extrêmes droites le Conseil européen des 28 et 29 juin a durcit la politique migratoire européenne.

Une Europe unie face aux défis extérieurs

Le deuxième choc de l’été est l’offensive de Donald Trump qui, les 11 et 12 juillet a menacé à l’OTAN ses alliés « qui ne payent pas leurs factures », traite l’Europe d’«ennemie» et menace de déclencher une guerre commerciale contre l’Europe avec l’introduction de taxes sur l’acier et l’aluminium européens, et peut-être sur ses voitures.

Pourtant l’Europe conserve son unité sur les défis extérieurs: Jean-Claude Juncker fait face à Donald Trump, fort de la compétence exclusive de l’Union en matière de commerce international. L’Europe riposte. Elle dispose en outre depuis le 8 juin 2018, d’une nouvelle législation anti-dumping. La Commission poursuit fermement sa politique de concurrence et vient d’infliger à Google une amende de 4.3 milliards d’euros.

L’effort pour une autonomie stratégique, engagé avec le lancement d’une Coopération structurés de défense et un Fonds européen de défense, se poursuit par une Initiative de défense incluant la Grande Bretagne. Galileo dispose depuis le 25 juillet de 26 satellites et sera pleinement opérationnel en 2020.

Le conseil européen des 28 et 29 juin a acté un renforcement significatif des institutions de la zone euro avec l’achèvement de l’Union bancaire et la création d’un Fonds monétaire européen. Le 25 mai est entré en vigueur le Règlement européen sur la protection des données personnelles. Le Brexit se négocie difficilement, mais dans l’unité des 27.

Les politiques communes vont être mises à mal par les rudes négociations sur le prochain cadre financier pluriannuel 2021-2027. Mais l’union des Européens sur les enjeux extérieurs est peut-être l’amorce d’une Europe puissance face aux Etats-continents qui lui font concurrence dans le monde.