Le mercredi 6 février, la Fondation pour l’Innovation Politique, association membre du Mouvement Européen – France, a organisé un colloque sur le thème : « Impératif climatique : le retour de la fée Électricité ». En amont de ce débat, la Fondation avait publié une série d’études permettant de tracer les contours de cette thématique. L’auteur Emmanuel Tuchscherer revient dans sa note : « Energie-climat en Europe : pour une excellence écologique » à la fois sur l’aspect fédérateur des enjeux énergétiques et climatiques, mais aussi sur la nécessité de compromis entre tous les États membres.
Énergie – climat : un combat européen
Depuis plusieurs années, l’Europe a toujours su affirmer sa position et militer en faveur de la lutte contre le réchauffement climatique. Ce combat a été mené notamment au travers de plusieurs accords tels que le Protocole de Kyoto de 1997 et l’Accord de Paris sur le climat de 2015, où des objectifs ont pu être fixés en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre (-20% en 2020 et -40% en 2030). La Commission Juncker de ces cinq dernières années est un autre exemple d’adoption de nombreux textes législatifs prônant une source alternative plus écologique, de la production, de l’acheminement et de la consommation d’électricité.
En parallèle, les citoyens ne cessent de montrer leur enthousiasme comme le souligne l’Eurobaromètre publié en automne 2018 1 : ¾ des citoyens de l’Union européenne soutiennent une politique énergétique commune des états membres. L’Eurobaromètre confirme aussi la montée dans l’opinion publique des préoccupations climatiques et environnementales. A quelques semaines des élections européennes de 2019, cette thématique phare pourrait donc être un moyen de relancer le projet européen en rassemblant et mobilisant les citoyens à travers l’énergie-climat. L’objectif de la prochaine mandature sera donc de poser le débat de la neutralité carbone afin de prendre les mesures nécessaire pour accélérer cette transition.
L’énergie étant un secteur où l’Union européenne se démarque de par ses capacités industrielles, ses savoir-faire et ses ressources d’innovation, elle pourrait transporter cette « industrie verte européenne » dans le reste du monde et devenir leader dans ce domaine. Sur le plan international, l’Europe est aujourd’hui responsable de 10% des émissions de gaz à effet de serre et devrait représenter environ 5% en 2030. Cette transition devra donc se faire à la fois avec le consentement des citoyens, mais aussi avec l’aide financière du secteur privé qui devra investir pour la recherche et l’innovation.
Décarbonation : la solution pour combattre le réchauffement climatique
La décarbonation consiste à réduire progressivement la part des énergies émettrices de gaz à effet de serre, c’est-à-dire des combustibles fossiles : charbon, pétrole et gaz naturel, soit par une amélioration de l’efficacité énergétique (rendement des moteurs, isolation thermique, etc), soit par un remplacement des énergies fossiles par des énergies décarbonées : énergie nucléaire et énergie renouvelable.
Accélérer la décarbonation constitue aujourd’hui le moyen le plus rapide et économique pour atteindre les objectifs climatiques européens d’ici 2030. Les états membres ont donc pris des engagements unilatéraux pour réduire l’empreinte carbone de leur secteur électrique, notamment avec la mise en place de calendriers de sortie du charbon. Cependant, la répartition de l’effort entre les états membres et le coût socio-économique d’une telle mesure pour les pays les plus dépendants au charbon n’est pas suffisamment prise en compte.
Enjeux énergétiques et climatiques : entre objectifs et compromis
L’Union européenne a eu de nouveaux objectifs énergie-climat en 2018 dans le cadre de la négociation du quatrième « paquet énergie », en faisant porter de 27% à 32% son objectif de développement des énergies renouvelables pour 2030 et de 30% à 32.5% les efforts d’efficacité énergétique. En ce qui concerne le développement des énergies renouvelables, la Commission européenne a aussi plaidé en faveur d’un rehaussement de l’objectif. Cependant, tous ces objectifs sont fixés au niveau européen mais les moyens à mettre en œuvre pour les atteindre se font au niveau national.
Bien que la comptabilité des résultats s’effectue au niveau de l’Union européenne, la responsabilité est laissée aux états, qui ont la charge de mobiliser les financements, d’installer un cadre régulatoire et de donner l’impulsion politique. Le paquet énergie-climat garantie une gouvernance de l’Union de l’énergie qui peut, d’une part, renforcer les obligations de planification et de contrôle des trajectoires suivies par les états membres et d’autre part, confère à la Commission européenne le pouvoir d’émettre des recommandations. Cependant, il n’existe aucune procédure en cas de déviation de la trajectoire par un état membre, c’est pourquoi il est primordial de pouvoir garantir la crédibilité des engagements européens.
Élections européennes de 2019 : pour une Europe plus verte
La future Commission européenne devrait se lancer dans la préparation d’un « paquet gaz » qui viendrait s’ajouter au quatrième paquet à l’actif de la commission Juncker, cette dernière étant surtout axée vers le secteur de l’électricité. La commission réfléchit donc aux conditions dans lesquelles cette nouvelle vague de verdissement pourrait être organisée en Europe en prenant appuis sur l’expérience acquise pour les renouvelables électriques. Dans le cadre des débats politiques qui vont précéder ces élections de 2019, il est primordial de préserver l’admirable niveau d’adhésion des citoyens européens s’engageant en faveur d’une union de l’énergie. Pour que ce projet soit réalisable, il y aura un besoin massif et continu de ressources financières publiques et privées au cours des prochaines décennies.
Retrouvez cette étude en cliquant sur ce lien.
1. Commission européenne, « L’opinion publique dans l’Union européenne. Premiers résultats », Eurobaromètre standard 90, novembre 2018, p.30