« Derrière la question des migrants, on trouve la peur de l’autre »

PODCAST. La politique migratoire est au cœur du débat public européen à l’approche des élections européennes, éclipsant parfois des enjeux tout aussi important pour l’avenir de l’Union. C’est en partie l’objet des consultations citoyennes sur l’avenir de l’Europe, qui visent à impliquer les citoyens dans la constitution d’une feuille de route à 10 ou 15 ans pour l’UE.

On en parle sur RCF avec des intervenantes en provenance de deux organisations membres du Mouvement Européen : Anne Macey, déléguée générale du Think-thank Confrontations Europe, et Martine Méheut, Présidente de Citoyennes pour l’Europe, au micro de la radio dans l’émission Le Temps de le Dire diffusée le 10 septembre.

« Le populisme est le virus le plus dangereux pour l’Europe »

Interrogée sur l’enjeu des migrations et la percée des nationalismes, Anne Macey rappelle que « les extrêmes, de droite comme de gauche, montent. » Un problème lié, selon elle, au développement « d’une Europe du chacun pour soi, fondée sur le rejet de l’autre et la haine ».

« Ce qui est derrière le problème des migrants, c’est la peur de l’autre », complète Martine Méheut, qui considère que le populisme est le fruit de la rétractation des citoyens, voire « le virus le plus dangereux pour l’Europe, qui est construite sur le désir de paix entre les différentes cultures, les différentes personnes ».

Toutes deux s’accordent pour dire que la solution ne peut être qu’européenne. « Pour régler les problèmes à la racine en matière de migrations, c’est seulement au niveau européen qu’on s’en sortira » conclut Anne Macey.

Le déficit démocratique est national avant d’être européen

Alors qu’un auditeur évoque le déficit démocratique de l’UE, Anne Macey nuance une réalité souvent exagérée : « Ce ‘déficit démocratique’ provient avant tout du niveau national avant d’être au niveau européen, car ce sont nos dirigeants nationaux qui prennent les décisions » au sein du Conseil européen.

Martine Méheut souligne la « chasse gardée des gouvernants européens, qui ont été élus dans leur pays pour un programme national, qui défendent quelque chose de national quand ils se retrouvent entre eux, ce qui rend les choses difficiles au niveau européen ». Pour palier à ce déficit démocratique, elle propose que « le Parlement européen puisse acquérir un droit d’initiative, pour qu’il puisse prendre des décisions et avancer ».