Alors que l’Union européenne se mobilise au sommet avec la mise en place d’un éventail de mesures, inédites et ambitieuses, pour faire face aux crises économique et sanitaire qu’elle traversent, les dirigeants des 27 États membres de l’Union peinent à unifier leur réponse.
Réunis ce jeudi 27 mars à l’occasion d’un Conseil européen exceptionnel en visio-conférence afin d’aboutir à une meilleure coordination politique et économique européenne, les Chefs d’Etats et de gouvernement se sont, une nouvelle fois, montrés clivants et divisés. Les Chefs de gouvernement italien et espagnol appelant de leur côté une réponse économique « forte et adéquate », soutenus par la Présidence française, et de l’autre, les pays du Nord et l’Allemagne, refusant une mutualisation de la dette, soit la mise en place de corona-bond.
Après plus de six heures de réunion, le Conseil européen n’est donc pas parvenu à apporter de véritables réponses et révèle le manque de solidarité politique et économique des États, ce qui a été soulevé par le dirigeant italien qui a refusé de signer les conclusions du Sommet. Ainsi, à la suite des précédentes crises qui ont fragmenté l’Europe, financière et migratoire, l’Union fait aujourd’hui face à un nouveau défi.
Un paradoxe pourtant, quand on observe la très forte mobilisation de l’Union européenne, qui d’un point de vue institutionnel n’a pas hésité à mettre les bouchées doubles pour protéger la vie des citoyens et de l’économie. Des annonces historiques successives et une prise de parole claire de la part de l’exécutif européen « we’ll do whatever it takes », qui témoignent que l’Union a pris la mesure de la crise.
Sur le plan économique, l’Union européenne s’est montrée flexible. D’une part, en décidant de suspendre les règles en matière budgétaire ainsi que le Pacte de stabilité et croissance pour permettre aux Etats de prendre des mesures exceptionnelles. D’autre part, en allégeant les règles de financement des entreprises par les banques. Enfin, par l’annonce de la BCE (Banque centrale européenne) de 750 milliards d’euros supplémentaires de rachat de dettes publiques et privées, portant à plus de 1000 milliards ses interventions pour l’année 2020.
Parallèlement, c’est aussi sur le plan sanitaire que l’Union s’est mobilisée, bien qu’en matière de santé elle ne dispose qu’une compétence d’appui, en coordonnant la politique des États membres ainsi qu’en finançant la recherche pour endiguer la maladie, comme en témoigne les 140 millions d’euros de fonds publics et privés levés pour trouver un vaccin contre le Covid-19.
En définitive, si cette crise reflète la pertinence de l’échelon européen en matières politique et économique ainsi que l’intérêt d’étendre ses compétences – en matière de santé notamment -, elle se fait aussi le miroir d’une unité fragmentée entre États et de la persistance d’un clivage Nord/Sud.
(Photo: Sophie Wilmès / Twitter)