Comment se passer du gaz de Poutine ? Gazprom suspend ses livraisons à Engie

Notre Président a été l’invité du débat sur France 24 le 31 août 2022 aux côtés de Francis Perrin, directeur de recherche à l’IRIS et spécialiste des questions énergétiques, Guillaume Kasbarian, député Renaissance et Président de la commission des affaires économique de l’Assemblée nationale, Marie Toussaint, eurodéputé EELV au Parlement européen, membre de la commission de l’industrie, de la recherche et de l’énergie.

Contexte :

Le fournisseur russe Gazprom annonce une coupure de ses livraisons de gaz à destination de la France à partir du premier septembre. Bien que les réserves de gaz sont à l’heure actuelle remplis à plus de 90%, ceci soulève des questions quant à l’approvisionnement énergétique cet hiver, à la sobriété et à l’indépendance énergétique. Emmanuel Macron convoquera un conseil de défense nationale consacré à l’énergie ce vendredi 2 septembre pour préparer les prochains mois.

 

Tout d’abord, notre Président rappelle les raisons pour la coupure de gaz qui devrait s’appliquer à partir du 1er septembre 2022. Selon Yves Bertoncini, l’énergie est, aux côtés de l’armée, une des deux armes de guerre que Poutine emploie dans son offensive en Ukraine.« Vladimir Poutine a deux armes de guerre : La première, l’armée, c’est à dire le legs soviétique, ne marche pas très, ce qui se traduit dans les difficultés qu’il rencontre en Ukraine. Puis l’énergie, la deuxième arme, dont gazprom est le bras armé du pouvoir politique. La coupure a comme but d’affaiblir les Européens et de faire monter le cours du gaz. »

Ensuite il souligne qu’il s’agit en effet d’une interdépendance. Tandis que les Européens ont besoin d’acheter le gaz russe, Poutine a besoin de le vendre. Il s’interroge toutefois sur une rupture de cette interdépendance. Selon lui, Poutine coupe le gaz à certains pays européens, mais une coupure totale « n’a même pas eu lieu au moment des tensions de l’Union soviétique ».

Bien que « Poutine nous tient, pour le moins en partie, à ce stade », les Européens ont su répondre par un certain nombre de mesures comme le plan Européen RePowerEU afin de se passer du charbon et du pétrole russe, puis réduire leur dépendance au gaz russe pour arriver à une suppression totale à horizon de 2027, rappelle Yves Bertoncini. « Il s’agit d’une course contre la montre à laquelle les Européens sont confrontés ».

Beaucoup de mesures pour éviter le scénario le plus sombre sont dans nos mains : saisissons nous en !

Selon Yves Bertoncini, « la coupure de l’électricité et du gaz des foyers n’est pas la mesure la plus probable ». Il affirme que nous avons tous les éléments importants dans nos mains pour nous adapter et éviter le scénario le plus sombre.

Il s’agit notamment de tendre vers plus de sobriété et efficacité énergétique et de diversifier nos sources d’approvisionnement énergétique, y inclus de miser davantage sur le renouvelable – le meilleur moyen de s’extraire de la dépendance du gaz de Poutine, selon Yves Bertoncini, est de « consommer un peu moins et mieux ».

Un autre facteur sur lequel nous pouvons agir directement est de « raccourcir les délais administratif et le temps nécessaires pour la prise de décision, plus long que chez nos voisins européens », selon Yves Bertoncini, qui concède qu’il faut tout de même «  prendre en compte le temps qu’il faut en matière énergétique pour que les investissements portent leurs fruits ».

L’Europe est-elle en jeu ?

Bien que Victor Orban redemande du gaz russe et que la Grande Bretagne et la Norvège pourraient se monter moins solidaires envers les Européens quant au partage de leur énergie cet hiver, notre Président se montre optimiste : « Pour le moment l’Europe tourne, alors que cela fait longtemps qu’on dit qu’elle va se déliter (face à la crise migratoire et la pandémie). Elle tient, aussi au niveau de l’opinion publique ! »

Notre Président s’inquiète moins du double jeu de Victor Orban vis-à-vis de Moscou que des élections italiennes qui pourraient mettre à la tête de l’Italie une extrême droite « complaisante envers la Russie », tout en se montrant optimiste : « On pourra toujours trouver des accommodements pour maintenir une forme d’unité européenne vis à vis de Poutine qui ne nous veut pas du bien. »

Réouverture des centrales à charbon – la solution pour répondre au besoin énergétique ?

Partout en Europe les centrales à charbon sont remises en marche, une mesure temporaire, comme explique notre Président Yves Bertoncini, tout en soulignant que la sortie du charbon est programmée et inévitable.

Dorénavant il faut surtout engager des changements structurels qui permettent de créer un mix énergétique solide qui inclut en plus du nucléaire, loin de faire l’unanimité en Europe, l’hydrogène, l’éolien et le biométhane .

« Cette crise et les risques qu’elle suscite doit être vue comme une opportunité pour transformer nos économies et lutter contre le changement climatique. Transformons là en opportunité pour aller plus vite vers une diversification des sources énergétiques. », avance Yves Bertoncini.

Pour visualiser le replay de l’émission diffusée le 31 août sur France 24, veuillez cliquer sur ce lien.