La deuxième journée de l’Université d’automne était riche en échanges déclinés sous plusieurs formes : ateliers de formation, action de rue, conférences ont stimulé des débats divers et variés. Dans l’après-midi, ce sont les sujets comme le numérique et l’éducation qui ont été mis à l’honneur. Retour sur la conférence : Comment l’Europe peut-elle retrouver sa souveraineté numérique ?
L’action commune des Etats européens est essentielle pour permettre à l’Europe de retrouver sa souveraineté
Pour André Gattolin, Sénateur des Hauts-de-Seine, « on ne peut avoir une industrie numérique qui ne soit pas européenne pour assurer notre souveraineté. » Eric Léandri, PDG du moteur de recherche Qwant, rejoint cet avis : il faut que les Etats européens s’unissent pour peser sur la scène internationale du numérique. Pour cela, « nous avons besoin d’un anti-trust fort au niveau européen » ce qui permettra à l’Europe de retrouver sa souveraineté.
Axelle Lemaire, Global Head de Terra Numerata chez Roland Berger, ancienne Secrétaire d’Etat en charge du Numérique et de l’Innovation, rappelle que les Etats européens ont agi ensemble en adoptant le Règlement général de la protection des données (RGPD) qui s’applique aussi aux géants de l’Internet en dehors de l’Europe. Toutefois elle regrette « qu’il n’y ait pas d’agence européenne de protection des données, mais seulement des agences nationales ».
La régulation européenne du numérique inefficace ou insuffisante ?
Pour Benjamin Bayard, Co-Président de la Quadrature du Net, la législation européenne du numérique existe, elle n’est simplement jamais appliquée aux grands groupes. Pour gagner en puissance, « Il va falloir être souverain, ce qui implique de condamner les entreprises qui ne respectent pas les lois et les faire payer ». Mais cela ne dépend pas seulement de l’Union européenne, mais surtout de ses Etats membres, car « les rares fois où l’Europe fait appliquer sa loi, certains Etats européens essaient de jouer contre ».
Pourtant, pour André Gattolin, ces réglementations peuvent être nocives pour la compétitivité du numérique européen parce qu’il existe « une sur-réglementation européenne ». Il incite l’Union européenne à « trouver une solution qui ne bloquerait pas le marché ».
L’Europe a-t-elle réellement la possibilité de retrouver sa souveraineté ?
Pour Benjamin Bayard, « la souveraineté numérique est un choix politique ». Pour retrouver sa souveraineté, l’Europe doit sanctionner les entreprises qui ne respectent pas la législation européenne – pour l’instant « on ne fait pas appliquer les lois en Europe ce qui est un renoncement à la souveraineté ».
Axelle Lemaire est plus optimiste : pour elle, les choses pourront changer avec le Brexit qui est « plutôt une bonne nouvelle pour que l’Europe retrouve une souveraineté numérique », le Royaume-Uni empêchait l’Union européenne de recouvrer tout ou partie de sa souveraineté numérique.