Vendredi 19 octobre dernier, le Président du Mouvement Européen – France, Yves Bertoncini était invité au micro de France culture, dans l’émission Entendez-vous l’éco, pour commenter le budget italien et les réactions qu’il a provoqué en Europe et dans la sphère financière. Il a échangé sur ce sujet avec Francesco Saraceno, économiste à l’OFCE, et Lenny Benbara, Co-fondateur et Directeur de la publication du média Le Vent Se Lève.
Le 11 octobre dernier le Parlement italien a voté la loi de finances pour 2019. Présentée comme « le budget du peuple », elle devrait permettre, selon le gouvernement italien, de relancer l’économie en creusant le déficit public à 2,4% du PIB du pays sur les trois prochaines années. Le déficit public envisagé par le gouvernement italien éveille des inquiétudes chez les autres Etats européens et les marchés financiers.
« La situation de déficit annoncée est inquiétante »
Plusieurs Chefs d’Etats européens désapprouvent la loi de finances du gouvernement italien, tout comme Yves Bertoncini qui dénonce « la situation de déficit annoncé qui est inquiétante ». Pourtant, comparée à d’autres pays européens qui ont longtemps creusé le déficit public au-delà des 3%, l’Italie ne fait pas office de mauvaise élève. Mais le Président du Mouvement Européen comprend la réaction des Etats européens car « l’Italie en tant qu’Etat a pris des engagements, comme tous les autres, qu’elle est tenue de les respecter ».
Par ailleurs, Yves Bertoncini précise que même si l’Italie a fait de gros efforts budgétaires ces dernières années, elle souffre d’une énorme dette qui date des années 1980-1990.
Y a-t-il une dépendance des Etats européens vis-à-vis des marchés financiers ?
Si l’Union européenne s’inquiète de cette loi de finances, pour Yves Bertoncini, ce sont d’abord les marchés financiers qui vont surveiller les finances italiennes et intervenir. « Plus les marchés financiers auront des doutes, plus ils feront payer cher le refinancement de cette dette » affirme-t-il.
Mais l’Union européenne n’a aucun intérêt à ce que les marchés financiers sanctionnent l’Italie parce que « cela aurait des conséquences pour toute l’Union Européenne en faisant peser un doute sur la capacité des pays de la zone euro à réagir et venir au secours de l’Italie ».
Quelles sont les conséquences de la loi de finances italienne pour l’Union européenne ?
Si l’Italie venait à creuser d’avantage le déficit public, ça aurait de lourdes conséquences politiques pour l’Union européenne qui devrait lui porter secours. « D’un côté les pays aidés le sont à de telles conditions qu’ils le perçoivent avec amertume, de l’autre côté, il y a des peuples qui n’ont pas envie d’aider » affirme Yves Bertoncini. Il précise que cela peut aussi entrainer la montée de certaines formations politiques extrêmes comme Alternativ Für Deutchland « qui est née du refus de solidarité des Allemands avec la Grèce ».
Pour l’Europe comme pour l’Italie, il est indispensable que les marchés continuent d’investir en Italie, mais ils doivent avoir confiance dans la solvabilité de l’Etat. Yves Bertoncini explique que pour pallier à ce déficit de confiance, l’Italie doit « avoir un programme économique, social et budgétaire jugé relativement fiable » ce qui n’est pas le cas de la loi de finances annoncée.