Bernard Deladerrière est le Président de la section locale du ME-F-Seine-Maritme. C’est dans sa belle ville de Rouen que se déroulera cette année l’Université d’automne du ME-F, les 6, 7 et 8 novembre prochains. Pour ‘loccasion nous l’avons interrogé sur son engagement auprès du ME-F et de son travail pour mener à bien cette Université d’automne.
À 67 ans, cela fait 50 ans que j’ai commencé à m’engager dans les relations franco-allemandes comme traducteur pour un lycée professionnel en visite dans la Ruhr. Responsable de jumelages à différents niveaux et enseignant d’allemand, j’ai consacré plus de deux ans de ma vie à accompagner cinq mille élèves et adultes dans ces très nombreux échanges ; je suis passé au niveau européen en 92, à la suite d’une conférence d’Edgar Pisani consacrée à l’ « Europe Est-Ouest, Nord-Sud » co-organisée par le Mouvement européen…
La section de Seine-Maritime, que je préside depuis 2004, est variée dans sa composition socio-professionnelle ; elle s’est ouverte aux jeunes dès que possible et cherche à multiplier les coopérations avec toutes les association, structures et collectivités poursuivant des objectifs voisins.
Pourquoi avez-vous souhaité accueillir l’Université d’automne ?
Nous avons déjà organisé à Rouen en 2003 les « Journées d’Études » et j’en ai gardé le souvenir d’une rencontre très stimulante. Je remercie l’équipe actuelle d’avoir accepté de relever ce nouveau défi.
Comment interprétez-vous le thème de cette année ?
Quelle charge de travail cela représente-t-il pour votre section ? Quels sont les enjeux dans son organisation ?
Si vous deviez donner trois mots pour décrire votre section ?
Conviviale, solidaire et responsable
D’où est né votre intérêt pour l’Europe ?
J’ai toujours eu beaucoup d’intérêt pour l’étranger, pour le monde, pour les voyages. Mes rencontres de jeunesse et mes études m’ont encouragé dans cette voie (accueil d’un lycéen suédois, participation à des centres de loisirs internationaux et à des congrès en France et en Allemagne, accompagnateur-traducteur de plusieurs groupes de jeunes Professionnels et d’adultes pendant mes études, direction d’un centre linguistique international à Rouen, etc., etc.). Tout cela m’a enrichi et m’a convaincu de l’utilité de développer tout ce qui peut favoriser les rencontres entre les citoyens de tous horizons et de toutes conditions.
Parlez de votre engagement au ME-F : pourquoi ? Qu’y faites-vous ? Qu’y trouvez-vous ?
Je me suis engagé au M.E.F. dès 1992, à une époque où les frontières de l’Europe étaient en pleine recomposition, avec la conviction que ce Mouvement permettait une discussion et des débats contradictoires, sans affirmer UNE vérité, mais en poursuivant l’objectif commun d’une construction européenne à caractère fédéral. Mon engagement est de faire rayonner cette pensée et de multiplier les actions qui peuvent y contribuer, que ce soit à travers les rencontres, les voyages, les conférences ou les manifestations culturelles et festives. Les témoignages recueillis au fil des années me confortent dans cette conviction et dans cet engagement.
Quelle est votre réaction à l’actualité européenne ?
L’Union européenne vit une période extrêmement difficile, due à sa faiblesse, à son manque de moyens, au manque de courage, à de rares exceptions près, de ses élites intellectuelles et politiques. J’espère que les différentes crises actuelles – l’Ukraine, la Grèce, les réfugiés, l’espace méditerranéen, la fiscalité, l’harmonisation sociale…- permettront, à travers des compromis positifs, de faire avancer l’Europe vers plus d’intégration, dans un réflexe de survie.
Auriez-vous une anecdote particulière liée à l’Europe que vous avez vécue ?
J’en ai deux : avoir réussi à faire franchir la frontière Est-allemande à une jeune élève algérienne sans papier que j’accompagnais en voyage scolaire, en mai 1990, avant la réunification allemande… et une mini-croisière organisée sur le Danube, en amont de Bratislava, le 1er mai 2004, le jour où les anciens satellites de l’Union soviétique entraient dans l’Union européenne.
Si vous aviez une œuvre à recommander qui touche à l’Europe, quelle serait-elle ?
La Cour européenne des Droits de l’Homme à Strasbourg, issue du Conseil de l’Europe. C’est la juridiction qui permet à tout citoyen de faire valoir ses droits, quand il n’a pu obtenir satisfaction dans son pays. C’est un recours irremplaçable.
Si vous pouviez vivre dans un pays européen, lequel serait-ce ?
Je reviendrais vivre en Suisse, où j’ai passé quelques années au début de ma carrière d’enseignant, au bord du Lac Léman, mais je me trouve très bien en France.