«1957 – 2017 : Les 60 ans du Traité de Rome, acte fondateur de l’Union européenne» – tribune de Yves CLEMENT, Vice-président

C’est donc le 25 mars 1957 qu’à Rome, au Capitole, dans la salle des Horaces et des Curiaces, furent signés ces Traités. Les enfants italiens avaient eu droit à un jour de vacance pour l’occasion ! En fait, ces textes n’étaient pas prêts, et on sait maintenant que ce sont des feuilles blanches qui furent paraphées, avant que les textes ne soient ajoutés plus tard. Belle confiance réciproque !

 

Il n’avait fallu finalement que 22 mois de négociations pour aboutir. Un temps bien court au regard des avancées, impulsées notamment par le belge Paul-Henri SPAAK, qui dirigeait le groupe des experts.
Le chancelier ADENAUER voulait ancrer l’Allemagne à l’Ouest, sans renoncer à une possible mais hypothétique réunification allemande.

La France, en la personne de Christian PINEAU, ministre des affaires étrangères, voulait ancrer l’ouverture à l’ouest, rassurer les Etats-Unis, ne pas décourager les Britanniques  (!), intégrer les territoires ultra-marins…
Que sont les Traités de Rome ? J’ai bien écrit les, car ils sont deux.

L’un institue une Communauté Européenne de l’Energie Atomique, l‘autre, plus connu, consacre une Communauté Economique Européenne de 200 millions d’habitants, mais préfigure beaucoup plus.

La Communauté Economique Européenne institue une Union douanière et une libre circulation des marchandises, capitaux et main d’œuvre au sein des 6 Etats signataires : Allemagne, France, Italie, Pays-Bas, Belgique, Luxembourg. Mais elle met aussi en place les futures institutions que seront la Commission, le Conseil des Ministres, l’Assemblée (qui préfigure le futur Parlement Européen), le Comité économique et social, la Cour de Justice.
Elle crée également la Banque Européenne d’investissement, le Fonds Social Européen, et préfigure la Politique Agricole Commune, la Politique des transports….

Ce texte de 167 pages est pour moi, aujourd’hui encore, stupéfiant d’inventivité, de vision d’avenir, en même temps qu’il est évidemment totalement ancré dans sa réalité historique.
On y traite, par exemple, des territoires d’outre-mer, de la Somalie qui était sous tutelle italienne à l‘époque, ou du statut particulier de Berlin…
En France, c’est Guy MOLLET qui est Président du Conseil, et en Allemagne, Konrad ADENAUER, dont l’implication fut grande, est chancelier fédéral.

C’est ainsi 60 années d’histoire commune. Une bien belle histoire à l’échelle de la vie d’une personne, une bien petite histoire à l’échelle du monde. Notre Europe, ce n’est que 3 % des terres immergées, 6 % (après Brexit) de la population mondiale, mais quasi 25 % de la production des richesses, presque 50% des dépenses sociales et… 11% des émissions de CO2. L’Europe, comme la planète Terre, a sa face claire et sa face sombre, et elles changent au gré des impulsions que nous donnons.

L’Histoire, la grande, comme les petites qui la forme, s’écrit chaque jour…
Par de grandes décisions, il y en a peu… Les Traités de Rome en 1957, de Maastricht en 1992…
Par des gestes symboliques (personne n’oublie le Président MITTERAND et le Chancelier KOHL se tenant la main en 1984 à Douaumont) …
Mais aussi, surtout peut être, par des actions de terrain, de citoyens engagés, passionnés.