Le Mouvement Européen – France est fier d’être partenaire des Assises Internationale du Journalisme qui a eu lieu à Tours du 13 au 15 mars 2019. Cet évènement était l’occasion de coorganiser un débat autour du thème : « On vote dans deux mois : quelle Europe dans les médias ? ». Antoine Godbert, Vice-Président du Mouvement Européen – France a pu questionner 3 intervenants de renommé sur cette thématique, à savoir Véronique Auger, présentatrice de « Avenue de l’Europe » sur France 3 et membre de notre 3ème Collège, Jules Darmanin, coordinateur éditorial à FactCheckEU et Alex Taylor, journaliste européen.
Le traitement de l’information sur l’Europe n’est pas une priorité dans les médias
A quelques semaines des élections européennes, il est crucial de se demander pour quelles raisons l’Europe est si peu traitée dans les médias et tenter d’y remédier. Pour Véronique Auger, le problème remonte aux années 80 : « quand on allumait la télévision, il y avait des personnes qui nous parlaient de Bruxelles, de ce qu’il s’y passait. On n’y comprenait rien et on a été traumatisé par cela ». Il y a 30 ans, cela était aussi le cas d’Alex Taylor qui illustre les mêmes propos avec une anecdote : « Le mot Europe fait fuir les gens, on m’a déjà appelé pour me dire de ne pas prononcer le mot Europe pendant mon émission ».
Aujourd’hui encore, l’Europe reste un sujet que les médias évitent parce qu’ils partent du principe que c’est un sujet trop complexe qui n’intéressera pas les citoyens. C’est pourquoi, Alex Taylor insiste sur le fait que « il faut passionner les gens pour qu’ils aient envie de parler d’Europe » Pourtant, selon Véronique Auger « la presse écrite est en gros progrès, la radio et la télévision peuvent mieux faire, et sur le web, il y a des médias qui parlent constamment d’Europe ».
Bien que l’Europe soit traitée de manière satisfaisante sur le web, la membre de notre 3ème Collège souligne que cela peut engendrer deux vrais problèmes : « d’une part l’information en ligne peut être de la manipulation et d’autre part il y a une concurrence de tous les journaux, une course à qui va faire l’alerte le plus tôt et cela n’est jamais bon pour la réflexion ». Enfin, pour la présentatrice de « Avenue de l’Europe », ce qui porte préjudice aux médias est aussi le fait que « chez les journalistes il y a beaucoup de paresse intellectuelle parce que pour traiter de l’Europe il faut travailler, lire des directives, des règlements… ».
Selon elle, « ce sont les journalistes politiques et les présentateurs qui gagnent en puissance car ce sont les seuls à pouvoir interviewer. On ne demande plus aux spécialistes d’aller interviewer au 20h ! ». Il faudrait donc prendre les choses à la racine en se focalisant davantage sur l’éducation, comme le souligne Véronique Augier : « Aujourd’hui, le vrai problème de l’école c’est qu’il n’y a pas d’éducation civique ni sur la France, ni sur l’Europe, et c’est la raison pour laquelle les journalistes ont du mal à en parler car ils n’ont pas la connaissance nécessaire et ils s’adressent à des gens qui ne l’ont pas non plus ».
Le « fact-checking » : une arme pour lutter contre les fake-news
Autre problème qui touche les médias, et de plus en plus depuis l’ère du numérique : les fake-news. Jules Darmanin fait parti de ceux qui luttent contre ce phénomène en exerçant le métier de « fact-checker » qui s’assure que tout ce qui paraît dans les médias est bien correct et que les faits cités peuvent être vérifiés. Jules Darmanin, coordinateur de FactCheckEU explique qu’il existe 3 pratiques de fact-cheking différentes : « il y a le fact-checkingdans une rédaction où on va s’assurer que tout ce qui est écrit est bien correct, le fact-checking de nature politique où l’on va se reposer sur des sources officielles pour vérifier les dires d’un politique, puis le fact-checking qui consiste à vérifier les fausses informations qui se répandent sur les réseaux sociaux et qui créées de la désinformation ».