Le leadership de l’UE dans l’action climatique mondiale est nécessaire
La 29e Conférence des Parties (COP29) de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) s’est conclue le 24 novembre à Bakou, en Azerbaïdjan, après plus de deux semaines de discussions animées. La conférence de cette année a mis un accent particulier sur le financement climatique, explorant des solutions pour que les pays les plus démunis – souvent les plus durement touchés par la crise climatique – puissent accéder aux fonds des pays riches, qui sont en grande partie responsables de la triple crise planétaire, afin d’atténuer le changement climatique et de renforcer la résilience face à ses impacts. Malgré de nombreux défis et plusieurs impasses, les négociateurs ont finalement trouvé un texte de compromis pour une résolution.
La conférence a démarré dans un contexte difficile, et les attentes de percées significatives étaient faibles. Les critiques ont attribué une partie du pessimisme à la réputation controversée du pays hôte, en raison des allégations de violations des droits humains et de son rôle important dans l’extraction de combustibles fossiles. La situation a été encore assombrie par l’absence de dirigeants mondiaux clés tels que le président chinois Xi Jinping, le président américain Biden, ainsi que la présidente de la Commission Ursula von der Leyen. Cette absence, combinée à la montée de l’anti-environnementalisme et du scepticisme climatique, ravivée par la réélection de Trump, a jeté le doute sur les résultats ambitieux.
L’accord final aborde plusieurs questions, y compris la création de nouvelles règles pour un marché mondial du carbone en vertu de l’Article 6 de l’Accord de Paris, créant deux types de marchés : le commerce bilatéral de carbone entre pays, et un mécanisme mondial de crédits permettant aux pays de vendre des réductions d’émissions. L’aspect le plus important et controversé de la conférence reste cependant l’accord sur le « Nouvel Objectif Collectif Quantifié de Financement Climatique » (NCGQ), également connu sous le nom de « Objectif Financier de Bakou » (OFB). Il a été convenu que les pays les plus pauvres recevraient au moins 1,3 trillion de dollars par an d’ici 2035 pour les aider à transitionner vers une économie sobre en carbone, et à faire face aux impacts des conditions climatiques extrêmes. Cependant, seuls 300 milliards de ce montant proviendraient principalement sous la forme dont ils ont le plus besoin : des subventions et des prêts à faible taux d’intérêt des pays riches. Le reste proviendrait d’investisseurs privés et de diverses nouvelles sources potentielles, comme des taxes sur les combustibles fossiles et les voyageurs fréquents, mais cela n’a pas encore été décidé. Dans le cadre de l’ONU, seuls 24 pays riches, dont les États-Unis, l’UE et le Japon, sont tenus de fournir des ressources financières aux pays plus pauvres. Ceux-ci ont cherché à réduire leur charge financière en tentant d’attirer d’autres contributeurs et le secteur privé. Cela se reflète dans la seconde partie de l’accord final du NCQG. Les pays les plus pauvres ont insisté pour dire qu’ils avaient besoin de 1,3 trillion de dollars par an uniquement des pays riches. Le texte, quant à lui, appelle « tous les acteurs » à augmenter les financements « de toutes les sources publiques et privées » à « au moins 1,3 trillion de dollars » d’ici 2035. Le nouvel objectif financier laisse également la porte ouverte aux « contributions volontaires » de pays n’ayant pas encore fourni de financement climatique officiel, comme la Chine.
L’accord a été accueilli par une forte opposition et des critiques soulignant qu’il est insuffisant et pas assez ambitieux. La présidence azerbaïdjanaise de la COP a été largement blâmée pour ce résultat insuffisant, tandis que d’autres pétro-États, comme l’Arabie saoudite, ont été accusés d’avoir joué un rôle obstructeur, en tentant à plusieurs reprises de supprimer les références à la transition énergétique, qui avait été l’un des points de friction de la COP28 l’année dernière à Dubaï.
La conférence de l’année prochaine, la COP30, se tiendra à Belém, au Brésil, marquant la troisième année consécutive où les négociations climatiques se tiendront dans un pays qui prévoit d’accroître sa production nationale de combustibles fossiles.
La lutte mondiale contre la triple crise planétaire subit de sérieux revers ; les résultats de la COP29 et l’affaiblissement récent de la loi sur la déforestation par des membres du Parlement européen en sont les dernières preuves. Dans ce contexte, l’UE doit intensifier ses efforts de diplomatie verte, notamment dans le cadre de la COP, et s’engager davantage avec les pays non membres de l’UE afin de renforcer son leadership dans l’action climatique mondiale. La stratégie de transition verte de l’UE, le Pacte vert européen (PVE), trace la voie de l’UE vers l’objectif de 1,5°C dans le cadre de l’Accord de Paris, avec des objectifs juridiquement contraignants définis dans la Loi climat européenne. Dans ses lignes directrices politiques pour les cinq prochaines années, la présidente de la Commission Ursula von der Leyen a réaffirmé son engagement fort en faveur du PVE. Elle s’est engagée à inscrire l’objectif de réduction des gaz à effet de serre (GES) de 90 % d’ici 2040 dans la Loi climat européenne et à présenter de nouvelles propositions législatives, telles qu’un Nouveau Pacte industriel pour une industrie propre et une Loi sur la décarbonation industrielle. L’UE doit tenir ses engagements pour avancer dans la lutte contre la triple crise à travers une mise en œuvre forte du PVE et intensifier ses efforts de diplomatie verte afin de mener l’action climatique mondiale.
La position du Mouvement Européen International
Comme nous le soutenons dans notre dernière position politique intitulée « Réaliser un Pacte vert européen fort en temps de tempête », le Pacte vert européen (PVE) reste l’engagement clé de l’UE pour relever les trois crises planétaires que sont le changement climatique, la perte de biodiversité et la pollution, tout en ouvrant la voie à une transition verte et socialement juste. Nous préconisons une approche globale et inclusive qui représente la diversité de la société européenne, en mettant particulièrement l’accent sur les groupes vulnérables, afin de parvenir à un PVE solide.
Face au nouveau paysage politique, où les climato-sceptiques autoritaires gagnent du terrain et influencent le discours public, il est essentiel de réaffirmer le statut du PVE comme une priorité politique de premier plan. Il est nécessaire de lancer des campagnes de sensibilisation étendues pour mettre en évidence les risques graves posés par la triple crise planétaire, tout en soutenant le PVE comme la clé d’un avenir sûr et prospère.
La mise en œuvre rigoureuse et ambitieuse des politiques du PVE est d’une importance capitale. La Loi climat européenne consacre un objectif juridiquement contraignant de neutralité carbone d’ici 2050, avec une réduction de 55 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) d’ici 2030. Un nouvel objectif proposé de réduction de 90 % des GES d’ici 2040 souligne encore l’engagement de l’UE. Cependant, pour garantir que l’objectif de 1,5°C de l’Accord de Paris reste réalisable, l’UE doit poursuivre des objectifs encore plus ambitieux : une réduction de 65 % des GES d’ici 2030 et la neutralité carbone d’ici 2040.
Les États membres doivent jouer leur rôle à travers les Plans nationaux en matière d’énergie et de climat (PNEC), qui sont essentiels pour atteindre les objectifs climatiques de l’UE. Des PNEC mis à jour, reflétant des ambitions plus élevées, sont indispensables, avec une transparence, une participation publique et une inclusivité au cœur de leur élaboration. Soulignant l’importance de PNEC plus ambitieux et transparents, la Commission a récemment décidé d’engager des procédures d’infraction contre 13 États membres pour ne pas avoir soumis leurs derniers PNEC mis à jour.
L’inclusivité sociale est une pierre angulaire du succès du PVE. Les groupes vulnérables, y compris ceux des zones rurales et les travailleurs des industries à forte intensité de carbone, ne doivent pas être laissés pour compte. Cela nécessite un investissement public accru, des initiatives de reconversion professionnelle et un soutien aux PME. L’engagement de la société civile organisée à travers un dialogue structuré et des approches participatives est essentiel pour construire un large soutien et garantir des politiques efficaces et démocratiquement légitimes.
Pour financer la transition, l’UE doit accroître à la fois les investissements publics et privés, en utilisant des instruments tels que le Plan d’investissement pour le Pacte vert européen et en s’attaquant aux défis fiscaux qui menacent les progrès. Cela se reflète également dans notre position « Pour une gouvernance économique de l’UE à l’épreuve du futur ».
Enfin, des réformes institutionnelles, incluant le passage de l’unanimité au vote à la majorité qualifiée (VMQ) dans les domaines politiques clés, permettraient à l’UE d’agir de manière décisive.